D’un Conclaaf où De Wever massacre le Belang à du covoiturage ou une soirée pyjama: sacrée campagne

Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les politiques font tout ce qu’ils peuvent en participant à des émissions originales ou en inventant des formats pour toucher des électeurs désintéressés. Que ne ferait-on pas pour raviver l’intérêt… Pour autant, cela peut être riche en enseignements politiques.

La politique se réinvente dans les médias et en campagne. Ces derniers jours, le spectacle est étonnant. Dans une série publiée sur VTM, les présidents de partis flamands sont invités à siéger en Conclaaf (c’est le titre) et se cuisiner un spaghetti ou à échanger dans des sofas. Avant cela, RTL avait convié les présidents francophones à une soirée pyjama avec de jeunes électeurs.

Mais hors des médias aussi, on innove. Les écologistes proposent des sortes de soirées Tupperwaere en s’invitant chez ceux qui le souhaitent. Georges-Louis Bouchez, président du MR, se met à proposer du covoiturage avec des inconnus pour parler politique. Autant de formats qui cherchent à convaincre ou, plus simplement, à se faire connaître, façon télé-réalité.

“La N-VA incontournable

En soi, le mode de communication en lui-même est déjà un enseignement: la pipolisation de la politique est en marche et, si elle était déjà effective en Flandre, elle entame son parcours en Belgique francophone.

Politiquement: ce n’est pas inintéressant à scruter. Lors du Conclaaf, on a ainsi vu Bart De Wever, président de la N-VA, s’en prendre vivement à Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang. Lorsqu’on lui demande s’il pourrait gouverner avec le Belang, De Wever affirme devant un Van Grieken médusé que la N-VA n’a rien à voir avec un parti qui veut laisser filer les dépenses et augmenter les impôts. “J’ai lu votre programme!”

Par contre, De Wever se réjouirait de voir les deux partis obtenir ensemble une majorité arithmétique car cela “rendrait la N-VA incontournable”. Sur les réseaux, ils sont nombreux (partisans du Belang, on imagine) à dénoncer l’arrogance du bourgmestre d’Anvers. Effet boomerang?

La même séquence du Conclaaf permet à Conner Rousseau, ancien président de Vooruit, de faire son grand retour médiatique. En demi-teinte: le jeune homme a l’air épuisé, il détonne avec ses vêtements de vacances face aux costumes de ses adversaires et peine à défendre le bilan de la Vivaldi.

“Bouchez? Connaît pas…”

Ce n’est pas tout.

Dans la séquence de covoiturage qu’il fait circuler sur les réseaux sociaux, le libéral Georges-Louis Bouchez se présente au volant d’une Mercedes de campagne, grand seigneur. Il prend des jeunes qui vont voter pour la première fois et l’échange est surréel. “Vous savez qui je suis?”, demande le président du MR. Réponse évasive et étonnée du jeune en question: alors là, pas du tout. Le président rigolé, mi-consterné (comment ne peut-on pas me connaître?), mi-bon prince (oui, forcément).

S’en suivent une série d’arguments pour expliquer que le mouvement réformateur est le seul à défendre le travail. Dans le même registre, on recommande la vidéo de Denis Ducarme, député libéral, défendant son programme en mode rap lors d’une émission de jeunesse.

L’écologiste Marie Thibaut de Maisière, candidate à Bruxelles, mutiplie, elle aussi, les vidéos où l’autodérision rejoint le fond, notamment lorsqu’elle joue d’elle-même pour interroger la place des femmes dans la société.

Décidément, cette campagne est à nulle autre pareil. Elle annonce un nouveau monde. Reste à savoir de quoi il sera composé.

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