Dave Sinardet: “Bart De Wever a façonné la campagne électorale selon sa volonté”

Bart De Wever

Le président de la N-VA, Bart De Wever, a façonné la campagne électorale selon sa volonté, a réagi lundi le professeur de sciences politiques à la Vrije Universiteit Brussel (VUB), Dave Sinardet, après les élections. La N-VA reste, contrairement aux attentes, plus imposante que le Vlaams Belang, et ce, tant au niveau fédéral qu’en Flandre.

Bart De Wever a mené une bonne campagne en s’investissant dans les élections et en se positionnant comme candidat au poste de Premier ministre, a estimé le politologue. “La N-VA s’est concentrée sur les électeurs de centre-droit de l’Open VLD et du CD&V et n’a pas fait campagne sur la migration. Je soupçonne que de nombreuses voix soient allées de la N-VA au Vlaams Belang, mais elles ont probablement été compensées par des voix de centre-droit”, a-t-il ajouté.

   “Sur papier, le résultat des élections de la N-VA est un statu quo, mais les sondages traduisent une victoire“, a analysé le professeur. “Il se passe également quelque chose d’étrange avec le Vlaams Belang. Il gagne davantage, mais considère toujours le résultat comme une défaite en raison de sondages élevés. Des attentes excessives conduisent à la déception. Il y a cinq ans, la réussite était plus inattendue et ressemblait davantage à une victoire.”

Mauvaise campagne pour le VB

   Selon M. Sinardet, le Vlaams Belang n’a pas réalisé une bonne campagne. “Le parti a été contraint de ne pas trop parler de son ‘cœur de métier’, à savoir la migration, mais davantage de thèmes LGBTQ+.”

   Mais, toujours selon le politologue, l’idée d’un mini-cabinet visant à mettre de l’ordre dans le budget fédéral, proposée par Bart De Wever pendant la campagne, n’était pas mieux. “Le budget concerne tous les autres pouvoirs. Savoir où et comment réaliser des économies va de pair avec une politique d’envergure sur tous les terrains. Pour cela, il faut un gouvernement à part entière avec un accord de coalition bien négocié. Je comprends l’importance stratégique de la proposition dans la campagne, mais elle semble irréalisable.”

Former un gouvernement à part entière

   M. Sinardet a en outre indiqué que les vainqueurs des élections wallonnes, c’est-à-dire le Mouvement Réformateur (MR) et Les Engagés, profiteront de leur victoire pour former un gouvernement à part entière. Au niveau fédéral, les trois partis traditionnels ainsi que la N-VA disposent d’une majorité des deux tiers. Pour modifier la Constitution, dans le cas d’une réforme de l’État, par exemple, une majorité des deux tiers est nécessaire à la Chambre. Selon le professeur, la question est désormais de savoir quelles sont les ambitions de la N-VA en matière de réforme de l’État.

   “La N-VA n’est pas en mesure d’intégrer à nouveau le PS. Le parti peut cependant voir ce qu’il est possible de faire avec une majorité simple pour modifier les pouvoirs, bien que cela dépende également de l’enthousiasme des éventuels partenaires de coalition du MR et des Engagés.”

  N-VA, le CD&V et Vooruit

 Au niveau flamand, une coalition entre la N-VA, le CD&V et Vooruit est évidente, selon M. Sinardet. “C’est un secret de polichinelle qu’il existe un accord préélectoral entre Vooruit et la N-VA. Ce gouvernement dispose d’une faible majorité, avec un siège en plus”, a-t-il encore analysé. “Il existe de nombreux défis au niveau flamand qui n’ont pas été abordés pendant la campagne. Il ne sera donc pas facile de parvenir à un accord de coalition.”

   Une autre conclusion frappante après les élections est que le CD&V a obtenu le score le plus bas de l’histoire du parti. Par ailleurs, la disparition d’Ecolo est dramatique, selon M. Sinardet. “Pour la première fois, les Flamands sont beaucoup plus forts que les francophones au sein de la famille. D’après la perception des sondages et les nombreuses analyses du seuil électoral, Groen a remporté une victoire dans la défaite, à l’image du Vlaams Belang.”

L’initiative est laissée à De Wever pour la formation d’un gouvernement

Les résultats des élections de ce dimanche sont un grand soulagement pour le président du CD&V Sammy Mahdi après des années difficiles pour les démocrates-chrétiens. C’est ce qu’il a déclaré à la sortie du bureau de son parti, lundi. Celui-ci laisse l’initiative au président de la N-VA Bart De Wever, et ne se prononce pas sur une éventuelle participation à un gouvernement flamand. “Nous devons d’abord voir ce qui est présenté” dans un éventuel accord, a déclaré Mahdi.

Pour Sammy Mahdi, la campagne a montré clairement ce qui est important pour son parti. Il a notamment cité l’aide à l’enfance et les régions rurales, qui ne doivent pas être oubliées. La formation d’un prochain gouvernement doit se faire rapidement, estime le président du CD&V, “mais il faut surtout qu’elle soit bonne”. “Nous devons avant tout veiller à ce que ce gouvernement soit juste et apporte une réponse aux nombreuses questions qui se posent en Flandre. Mais je pense qu’il n’est pas bon non plus de rester trop longtemps dans l’expectative”.

La ministre flamande de l’Économie Hilde Crevits, qui a perdu 53.000 voix en cinq ans mais est bien réélue au Parlement flamand, n’a pas non plus souhaité s’exprimer sur la participation de son parti à un gouvernement, et encore moins sur le rôle qu’il pourrait y jouer. “C’est maintenant à Bart De Wever de décider”, a-t-elle déclaré. “Nous n’en sommes pas encore au stade des négociations, et encore moins celui de la détermination des postes”.

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