France: le choc électoral devient un choc économique

François Villeroy de Galhau
Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau. © Belga
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

« Les élections législatives anticipées ont entraîné un choc d’incertitude pour notre économie », constate le patron de la Banque de France.

 Si certains voulaient une preuve du lien entre le climat politique et le climat économique, la dernière enquête mensuelle de la Banque de France, sortie ce jeudi, vient de la donner. Cette enquête menée en juin dernier, en partie après le premier tour des élections législatives, auprès de 8.500 chefs d’entreprises de l’hexagone, dévoile une onde économique ébranlée.

« Alors que nous sortons du choc d’inflation, les élections législatives anticipées ont entraîné un choc d’incertitude pour notre économie », constate le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

Retour au temps du covid

L’indicateur d’incertitude, un baromètre constitué à partir d’une analyse des commentaires des entreprises interrogées, a en effet atteint ses plus hauts niveaux depuis la crise énergétique de 2022, voire depuis 2021 et la période du covid.

Pour expliquer ce bond, «  le principal facteur mentionné (est) celui du contexte électoral, note la Banque de France. L’indicateur d’incertitude progresse dans tous les secteurs, et particulièrement dans les services (notamment le travail temporaire, l’hébergement-restauration, le transport, la publicité) où il était initialement sensiblement le plus bas. De nombreux chefs d’entreprise expriment leur inquiétude découlant de l’incertitude politique nationale, ajoute la Banque de France. Ils mentionnent l’attentisme de la part des clients, un report des investissements, y compris ceux venant de l’étranger, ainsi qu’un gel des recrutements faute de visibilité sur les évolutions possibles des coûts salariaux ».

Deux règles d’or

Sur LinkedIn, François Villeroy de Galhau observe que « l’économie française connaît deux grandes faiblesses : notre déficit extérieur et notre déficit public ».

Le gouverneur de la Banque de France, en cette période de (difficile) de recomposition du paysage politique, rappelle deux « règles d’or ». « D’abord, nos PME ne doivent pas être alourdies par des coûts salariaux excessifs et par des impôts trop lourds. Cela serait mauvais à la fois pour l’emploi et pour le pouvoir d’achat. Et, nous ne pouvons plus creuser nos déficits : ils coûtent de plus en plus cher à financer et pèsent sur notre souveraineté ».

Charge de la dette

« La charge de la dette inquiète légitimement les Français, ajoute-t-il : il s’agit du poste de dépenses qui devrait augmenter le plus (50 milliards d’euros) dans les prochaines années. Et il s’agit d’autant de moyens qui ne peuvent être investis dans des dépenses d’avenir comme le climat ou l’éducation ».

Et François Villeroy de Galhau conclut : «  Notre avenir économique est entre nos mains ! Il n’y a aucune fatalité. Le trésor de l’économie française n’est pas caché, il s’agit simplement de notre travail, de la qualité de notre innovation. C’est cela qui détermine le pouvoir d’achat, l’emploi et, in fine, la puissance économique de la France ».

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