La Russie redevient l’un des principaux fournisseurs de gaz de l’Europe

Des tuyaux transportant du gaz.
Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Malgré les sanctions, l’Europe a importé plus de gaz de Russie que des États-Unis au deuxième trimestre 2024, selon un nouveau rapport de Bruegel, un Think tank européen spécialisé en économie.

La Russie était autrefois le fournisseur-clé de l’Europe en matière d’énergie. Mais depuis l’invasion de l’Ukraine, l’Union européenne incite les États membres à couper leur dépendance à l’égard du gaz russe. La Norvège, suivie des États-Unis, ont alors augmenté leurs exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) pour tenter de répondre aux besoins de stockage des pays de l’Union. Mais malgré les volontés politiques, le gaz russe continue d’affluer en Europe. Et aujourd’hui, les importations russes sont même repassées devant celles des États-Unis.

Au cours des six premiers mois de cette année, les importations en provenance de Russie ont augmenté de plus de 25%. « D’avril à juin, l’UE a ainsi importé environ 12,8 milliards de mètres cubes de gaz naturel de Russie, soit une quantité supérieure aux importations totales des États-Unis (12,2 milliards de mètres cubes) », a déclaré Ben McWilliams, membre affilié de Bruegel, à Euractiv.

Plus de nouveaux terminaux méthaniers

Fin 2023 pourtant, les États-Unis se taillaient encore une part importante du gâteau, avec environ 47% du volume importé, selon des chiffres du Conseil européen. Mais comment expliquer cette baisse progressive des importations? Certains accusent la décision de Joe Biden de suspendre la construction de terminaux gaziers d’exportation vers l’Europe. Une décision qu’il aurait prise pour des raisons environnementales.

Aux Etats-Unis, 79% de la production provient en effet du gaz de schiste. Or, le procédé pour extraire ce gaz, la fracturation hydraulique, est pointé du doigt pour les dégâts qu’il cause sur l’environnement. Ensuite, son extraction et son transport entraînent un risque d’émissions de méthane, un gaz au pouvoir réchauffant 10 fois supérieur au CO2.

Pour d’autres, cette baisse des importations s’expliquerait également par les stocks de gaz réalisés en Europe (les installations de l’UE sont en moyenne remplies à 92,4%) combinés à une faible demande estivale.

Le gaz russe rebondit

Mais comment le gaz russe pénètre-t-il encore dans l’Union européenne? Il arrive non seulement par des navires (GNL) – principalement vers des ports d’Espagne, de France et… de Belgique. Mais il est également acheminé par des gazoducs traversant l’Ukraine et la Turquie. Sans compter que des pays comme l’Autriche, la Hongrie et la Slovaquie sont encore liés aux approvisionnements en gaz russe par des contrats à long terme rigides, explique encore le Think tank.

Pour autant, ces importations de gaz en provenance de Russie restent bien inférieures aux niveaux d’avant-guerre. Et les quantités de GNL pourraient encore diminuer. En mars 2025, l’Union européenne ne pourra en effet plus réexporter de gaz naturel liquéfié russe depuis ses ports. La sanction, décidée en juin, touchera notamment le terminal de Zeebruges, en Belgique, principal “hub” du GNL russe d’Europe.

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