Pirates du foot : Eleven contre-attaque
Détentrice des droits de retransmission de la Pro League, la société Eleven (propriété du groupe DAZN) frappe un grand coup contre le piratage de son contenu. Le tribunal de Bruxelles vient de lui donner raison et a ordonné la fermeture d’une centaine de sites qui diffusent ses matchs de manière illégale.
Le championnat belge de football touche doucement à sa fin, mais c’est une autre partie qui se joue désormais au cœur de la Pro League. Depuis de nombreux mois, des plateformes de streaming diffusent en effet, de manière illégale, les matchs de football belge dont les droits ont été obtenus par la société Eleven. Propriété du puissant groupe DAZN, cet acteur médiatique débourse plus de 100 millions par an pour diffuser les matchs de Pro League via sa propre plateforme, mais aussi via les opérateurs traditionnels (Proximus, Telenet, etc.) qui paient une contribution pour offrir ce contenu à leurs abonnés.
Attaquée frontalement par des sites peu scrupuleux qui diffusent les matchs belges de façon illégale, Eleven est donc montée au créneau et a mené une action en justice, en concertation avec sa maison mère DAZN. Décision historique : le tribunal de Bruxelles vient de lui donner raison et a ordonné la fermeture immédiate de près de 100 sites qui retransmettent le contenu d’Eleven sans aucune autorisation. Directement concernés, les opérateurs télécoms ont exécuté l’ordonnance du tribunal, privant désormais les pirates de leurs moyens d’action.
« La collaboration entre les différents acteurs du marché – Eleven/DAZN, Proximus, Telenet, Orange, VOO et la Pro League – a pour but d’envoyer un signal fort vers les plateformes illégales, les consommateurs et les politiques, commente Massimo D’Amario, directeur général d’Eleven/DAZN Belgique. Cette première action marque le début d’une lutte concrète contre le piratage et la consommation illégale de contenu. Il est grand temps qu’une prise de conscience collective survienne et que l’accès au contenu pirate cesse. »
Un réel fléau
Le piratage de contenu et sa consommation illégale se sont en effet banalisés depuis plusieurs années. Les chiffres provenant des analyses réalisées par l’association Audiovisual Anti-Piracy Alliance (AAPA) illustrent que près de 6% des Belges consomment régulièrement du contenu illégal (là où la moyenne européenne est de 4,5%). Dans la tranche des 16-24 ans, ce chiffre atteint même les 20%.
Aux yeux de la Pro League, ce phénomène devient un véritable fléau pour l’ensemble de l’économie belge, représentant même un risque majeur pour le secteur du divertissement, de la culture et du sport en particulier. De nombreux emplois, directs et indirects, pourraient être tout simplement menacés : « Les revenus provenant des droits de diffusion sont l‘un des piliers fondamentaux du football belge, supportant à la fois les clubs amateurs et professionnels, détaille Lorin Parys, CEO de la Pro League. Près d’un demi-million de Belges consomment du contenu piraté. Cela a un effet néfaste et direct sur l’ensemble de l’écosystème : les organisations sportives, les détenteurs de droits et les créateurs de contenu. Les pertes annuelles estimées de la distribution et diffusion illégale du football sont de 134 millions d’euros, auxquels vient s’ajouter un manque à gagner de près de 24 millions d’euros de revenus TVA pour le gouvernement et les citoyens. »
Interpellées, les instances belges et européennes sont conscientes de l’urgence de traiter cette problématique et de mettre en place non seulement des mécanismes de protection structurels, mais aussi de mener des actions de répression. La fermeture d’une centaine de sites exigée par Eleven s’inscrit donc dans cette logique et représente « la première d’une longue série à venir », dixit la société du groupe DAZN.
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