La Libyan Investment Authority porte plainte contre le prince Laurent
Les avocats qui défendent la Libyan Investment Authority (LIA) ont déposé plainte jeudi au pénal contre le prince Laurent, ont-ils fait savoir vendredi lors d’une conférence de presse. Une enquête est à présent ouverte.
La semaine dernière, la chambre des mises en accusation de Bruxelles a confirmé le mandat d’arrêt international délivré par les autorités judiciaires belges à l’encontre d’Ali Mahmoud Hassan, le président de la Libyan Investment Authority (LIA). La chambre des mises a également confirmé la saisie pénale, qui avait été opérée par le juge d’instruction Michel Claise, d’un montant de 15 milliards d’euros sur les comptes la LIA.
Les avocats de la LIA, Mes Anthony Rizzo, Kalilou Fadiga et Christophe Marchand contestent le travail de la justice belge dans l’affaire qui l’oppose au prince Laurent. Le fonds souverain libyen et le frère du roi Philippe sont engagés dans un conflit juridique depuis plusieurs années. Le prince réclame d’être indemnisé après rupture unilatérale d’un contrat entre son ancienne ASBL, Global Sustainable Development Trust (GSDT), et la Libye, pour des travaux de reboisement dans le désert libyen.
Depuis fin 2014, s’appuyant sur une décision de la justice belge en sa faveur, le prince cherche à récupérer plusieurs dizaines de millions d’euros qui lui sont dus. Ainsi, en octobre 2017, le juge d’instruction Michel Claise a procédé à une saisie pénale d’un montant de 15 milliards d’euros appartenant à la LIA dans la banque Euroclear, installée à Bruxelles. L’argent y était gelé en raison de sanctions internationales de l’ONU contre le régime de l’ex-chef d’État libyen Mouammar Kadhafi.
Néanmoins, en 2012, la LIA était parvenue à obtenir la libération de deux milliards d’euros de ces comptes. Dans son arrêt rendu la semaine dernière, la chambre des mises en accusation de Bruxelles a estimé que l’ensemble de l’enquête du juge d’instruction Michel Claise était régulière, ce que conteste la LIA via sa plainte déposée jeudi.
Des pressions de la part du Palais selon les avocats
Selon ses avocats, il existerait des indications de pressions de la part du Palais pour que la justice traite en priorité le volet concernant le prince Laurent. Me Marchand a évoqué un échange de courrier avec le ministre des Affaires étrangères libyen allant dans ce sens. “La ligne rouge a été franchie”, a-t-il estimé.
“La plainte pénale que nous avons déposée fait état de fraude et d’extorsion de la part du prince Laurent. En outre, nous alléguons que le prince Laurent a usé d’une influence indue pour tenter de faire pression sur notre client afin qu’il lui verse une importante somme d’argent pour un litige qui, selon nous, n’avait rien à voir avec notre client”, ajoute Me Marchand.
“Nous avons soigneusement analysé les preuves de cette affaire, qui devrait provoquer une onde de choc au sein de la famille royale belge et pourrait soulever des questions au niveau international quant à l’indépendance du système judiciaire belge dans cette affaire. Nous épuisons toutes les voies juridiques qui s’offrent à nous devant les tribunaux belges”, a conclu l’avocat.