Que faire à Vienne?

© Marleen Daniëls

Les adresses préférées de Thomas Van der Jeught, créateur de costumes pour l’Opéra populaire et l’Opéra national de Vienne

2. Thomas Van der Jeught créateur de costumes
2. Thomas Van der Jeught créateur de costumes © Marleen Daniëls

Pour Thomas Van der Jeught, tout relève du hasard. C’est un hasard s’il a atterri à Vienne. Il s’est trompé de ville, le job pour lequel il a postulé en 2009 s’est avéré être basé non pas à Paris, mais à Vienne. Thomas est styliste, il a étudié à la KASK de Gand, ce qui était aussi un hasard, et il a été diplômé en 2008. Destiné à des études de chimie, il a bifurqué vers la mode. Nous nous retrouvons au Café Korb, un de ses lieux préférés. Il s’agit de l’un de ces cafés originaux, dans la tradition viennoise, avec un décor des années 1960. Des serveurs diligents en tablier blanc nous servent un délicieux café accompagné d’un «Apfelstrudel». Vienne a toujours eu la réputation d’être une bonbonnière, et bien sûr, on y ressent toujours la présence de Sissi, mais la ville a bien plus à offrir. Depuis que Thomas Van der Jeught s’y est installé définitivement en 2010, la cité s’est transformée. Après quelques pérégrinations à Milan, Londres et Paris, il a été embauché comme créateur de costumes pour l’Opéra populaire et l’Opéra national en 2014. L’Opéra national de Vienne est renommé comme étant l’un des meilleurs au monde avec un répertoire annuel de 60 pièces en langue originale, 10 productions de ballet et 2 premières, soit 350 représentations par an. L’Opéra populaire propose près de 300 représentations en allemand chaque année ; opéras, opérettes, comédies musicales ou ballets et deux premières obligatoires chaque année. En septembre, la Néerlandaise Lotte de Beer est devenue directrice artistique de l’Opéra populaire. C’était la première femme à occuper ce poste depuis sa création en 1898. Elle a littéralement plongé la ville dans la confusion en peignant rapidement le bâtiment en rose et en y faisant peindre «VolksOper» à la main, en grosses lettres noires.

1. Burggasse 24 trésors vintage en abondance
1. Burggasse 24 trésors vintage en abondance © Marleen Daniëls

Nous prenons le U-Bahn (le métro de Vienne) pour nous rendre à Art for Art, un dépôt de costumes de théâtre comptant plus de 300 000 pièces. Pour une somme dérisoire, on y achète de belles tenues vintage, cousues d’étiquettes en coton reprenant le nom et le répertoire de l’interprète. Thomas choisit une robe bustier noire portée pour une interprétation de Macbeth et une jupe noire en satin qui semble sortie tout droit de la collection d’Ann Demeulemeester. «En cherchant un peu, on y trouve des pièces de créateurs, comme Vivienne Westwood, Rei Kawakubo (Comme des Garçons), Rick Owen et Christian Lacroix. Ils ont tous créé des costumes pour l’Opéra national.»

Vers midi, nous faisons une halte au Café Hawelka où nous commandons un «Käse toast». La douceur préférée de Thomas, le «Buchteln», ne sera servie que plus tard dans la journée. Dommage, car c’est la spécialité de ce célèbre café viennois. Dès 1955, de nombreux écrivains, acteurs et artistes célèbres en ont fait leur QG, notamment le peintre Friedensreich Hundertwasser. L’intérieur n’a pas changé depuis son ouverture en 1939 par Leopold Hawelka et son épouse Josefine. Thomas Van der Jeught aime les bâtisses authentiques. D’ailleurs, son appartement est situé dans un ancien couvent du premier arrondissement, au cœur de Vienne. Pendant des années, il a vécu chez sa «grand-mère» viennoise, Karin Jhan. Une Viennoise émancipée qui portait des pantalons dans les années 1960 et avait un petit ami africain, dit Thomas Van der Jeught avec un clin d’œil. «C’est surtout le mode de vie des Viennois qui rend la vie douce ici. Ils prennent leur temps, profitent de la vie, aiment boire, fumer, lire et philosopher», dit Thomas Van der Jeught alors que nous nous dirigeons vers le quartier des musées. Nous avons manqué les expos Basquiat et Keith Haring à la Kunsthalle, mais nous visitons l’expo de la photographe croate Sanja Ivekovici.

Le samedi matin, nous commençons la journée au Grand Café Savoy à côté du Naschmarkt, un marché d’antiquités et une brocante avec mille deux cents étals et un «Food Paradise» avec des échoppes et des restaurants plus exotiques les uns que les autres. Datant du 16e siècle, ce marché est un lieu au confluent de l’Europe de l’Est et de l’Europe de l’Ouest. À l’extrémité du marché, sur la KarlPlatz, se dresse le palais de la Sécession, un joyau art nouveau, signé par l’architecte Joseph Olbrich. La Sécession viennoise est un groupe d’artistes, dont Otto Wagner et Gustav Klimt, qui s’opposait à la traditionnelle «Association des artistes autrichiens». Aujourd’hui encore, les expositions qui y sont organisées rejettent la tradition.

3. Café Central Ici, Freud et Trotsky, entre autres, buvaient parfois du café.
3. Café Central Ici, Freud et Trotsky, entre autres, buvaient parfois du café. © Marleen Daniëls

De la KarlsPlatz, nous marchons vers la Schleifmuehlgasse, la rue célèbre pour ses galeries. Récemment, Thomas Van der Jeught a exposé, avec son ami artiste David Elia Shilling, une installation inspirée de l’Agneau mystique à la galerie Rauminhalt de Harald Bichler. À la galerie Christine König, l’exposition d’Adéla Janská touche à sa fin, ses magnifiques portraits sont emballés et prêts à faire le voyage jusqu’au Koenig2 pour une nouvelle exposition collective, «Tronies». De l’autre côté de la galerie se trouve Blumenkraft, le plus beau fleuriste de Vienne, avec de magnifiques photos de Gunther Part. SONG est le concept store par excellence à Vienne. Myung In Song a ouvert sa boutique il y a 20 ans dans la Praterstrasse, dans un quartier à l’époque délaissé de la ville. La Praterstrasse se trouve juste en dehors du 1er arrondissement, sur l’autre rive du Danube. Le quartier du «Gürtel» devient de plus en plus huppé, avec «The Loft», un restaurant étoilé au Michelin, tout en baies vitrées, situé au 18e étage de l’hôtel SO et offrant un panorama phénoménal sur la ville. SONG propose les créations des stylistes belges Dries Van Noten et Walter Van Beirendonck, des œuvres d’art de Dirk Van Saene, ainsi que du mobilier design de Müller Van Severen et du Néerlandais Piet Hein Eek et des chapeaux de Stephen Jones, le modiste britannique. Nous mangeons encore un bout au restaurant végétarien Wrenkh avant de terminer en beauté au Wunder-Bar. Wunderbar!

4. Volksoper lieu de travail de Thomas
4. Volksoper lieu de travail de Thomas © Marleen Daniëls

La liste viennoise de Thomas Van der Jeught

MANGER & BOIRE Café Hawelka

Dorotheergasse 6, www.hawelka.at

Célèbre café viennois où il faut absolument goûter la spécialité locale, les «Buchteln»: de petites brioches sucrées à levure enrichie. La version autrichienne du scone, en quelque sorte.

Café Savoy

Linke Wienzeile 36, www.cafe-savoy.at

Un café dans une magnifique bâtisse de l’architecte Franz von Neumann. Le soir, l’endroit se transforme en QG de la communauté gay.

Wunder Bar

Schönlaterngasse 8, 1010 Vienne, www.facebook.com/WunderBarWien/

Contrairement à ce que son nom suggère, il s’agit d’un bar plutôt modeste où manger un sandwich, boire une bière ou un bon verre de vin.

Café Korb

Brandstätte 7/9, www.cafekorb.at

L’un des lieux préférés de Thomas. C’est un café original, dans la tradition viennoise, avec un décor des années 1960. L’endroit rêvé où déguster un véritable Apfelstrudel.

Das Loft

Praterstraße 1, www.dasloftwien.at

Un restaurant étoilé au Michelin, tout en baies vitrées, situé au 18e étage de l’hôtel SO et offrant un panorama phénoménal sur la ville.

Wrenkh

Bauernmarkt 10, www.wrenkh-wien.at

Restaurant végétarien connu pour les nombreux workshops et cours de cuisine qui y sont organisés.

ART & CULTURE Art for Art/Costumes

Montlearstrasse 8, Vienne, +43 1 514 447 290 (sur rendez-vous)

Un dépôt de costumes de théâtre comptant plus de 300 000 pièces. Pour une somme dérisoire, on y achète de belles tenues vintage, cousues d’étiquettes en coton reprenant le nom et le répertoire de l’interprète.

Galerie Rauminhalt

Schleifmühlgasse 13, www.rauminhalt.com

C’est en 2003 que Harald Bichler a fondé la galerie rauminhalt (espace & contenu) à Vienne. La galerie expose des œuvres qui explorent la frontière entre le design, l’art et l’architecture. Car le confluent de ces disciplines est le lieu de tous les possibles.

Galerie Christine König

Schleifmühlgasse 1A, www.christinekoeniggalerie.com

La galerie Christine König a été fondée en 1989. Elle représente tant des artistes de renommée internationale que les jeunes générations d’artistes émergents. Cette sélection reflète les intérêts de Christine König: politique et activisme, féminisme et littérature.

SHOPPING Blumenkraft

Schleifmühlgasse 4, www.blumenkraft.at

Le plus beau fleuriste de Vienne, avec de magnifiques photos de Gunther Part.

Nasch Markt

De la Wienzeile à la Karlsplatz

Un marché d’antiquités et une brocante avec mille deux cents étals et un «Food Paradise» avec des échoppes et des restaurants plus exotiques les uns que les autres.

SONG

PraterStrasse 11-13, www.song.at Le concept store le plus branché de Vienne. SONG propose les créations des stylistes belges Dries Van Noten et Walter Van Beirendonck, des œuvres d’art de Dirk Van Saene, ainsi que du mobilier design de Müller Van Severen et du Néerlandais Piet Hein Eek et des chapeaux de Stephen Jones, le modiste britannique.

5. Apfelstrudel chez Café Korb
5. Apfelstrudel chez Café Korb © Marleen Daniëls

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