Pourquoi le rhum a le vent en poupe

Le rhum gagne en popularité. Les marques belges aussi, comme World's End Rum (à droite) © MDD
Myrte De Decker Journaliste TrendsStyle.be

Le succès du rhum semble bien plus qu’un simple phénomène de mode. Le segment s’élargit dans les supermarchés comme dans les commerces spécialisés, souvent au détriment du gin. De nouveaux goûts et de nouvelles marques fleurissent chaque semaine. “Ces différentes saveurs séduisent également les femmes.”

Pas de chaude soirée d’été sans qu’un Dark ‘n’ Stormy, Daiquiri ou Mojito fasse une apparition. Si pas sur une terrasse, au moins sur les réseaux sociaux. Depuis que les bartenders se sont lancés dans la déco – en posant une petite ombrelle vintage, une branche de menthe ou une demi-corbeille de fruits sur le bord du verre -, les photos de leurs créations sont instagrammables à souhait.

Force est de constater que ces cocktails à base de rhum ont le vent en poupe. Cet alcool était pourtant relégué au fond du bar depuis plusieurs années. Contrairement au whisky ou au cognac, on ne commandait jamais de rhum on the rocks. Et celui qui se laissait tenter l’allongeait d’un bon trait de cola (zéro). La seule façon de le rendre buvable visiblement.

À ce breuvage longtemps affublé d’une mauvaise image, on recherchait souvent des alternatives au Havana Club ou au Bacardi, les deux marques qui ont raflé la mise dans les magasins et les bars pendant des années. Aujourd’hui tout a changé avec la vogue du rhum qui déferle aussi sur la Belgique. De nouvelles variantes aux saveurs différentes inondent le marché.

Et les ventes sont là pour le prouver. L’IWSR, l’institut britannique du vin et des spiritueux, a chiffré à 4% la progression du segment des spiritueux en Belgique et au Luxembourg ces quatre dernières années. La vente de rhum a bondi de 13% surtout grâce à ses variantes foncées et épicées.

Smokkelwaar

“Ces dernières années, le gin a dominé le marché des spiritueux mais les clients se sont lassés de son goût. Ils avaient envie d’autre chose”, explique Tony De Maeseneir, un grand amateur de rhum. L’année dernière, il a ouvert à Dendermonde Smokkelwaar. Ce magasin spécialisé en rhum propose aujourd’hui plus de 100 variétés différentes venues des quatre coins du monde. “Le marché a longtemps été insignifiant en Belgique. On peut bien sûr acheter du rhum en ligne, mais pas le goûter. Or la dégustation a toute son importance.”

Tony De Maeseneir propose plus de 100 variétés de rhum différentes
Tony De Maeseneir propose plus de 100 variétés de rhum différentes© MDD

Ce que beaucoup ignorent, c’est que le rhum se décline en une large palette de parfums et de couleurs. Ce breuvage trouve son origine aux Caraïbes. On en répertorie toutefois différents styles en fonction du pays colonisateur. Oui, vous avez bien lu. Les Européens ont marqué de leur influence le processus de production du rhum.

Le rhum de style espagnol doit son caractère doux à la canne à sucre. Cette catégorie regroupe les rhums les plus accessibles. S’il s’appuie sur un processus de production similaire, le rhum de style anglais subit une distillation discontinue en pot still (alambic à repasse, NDLT). Résultat : un goût plus plein. Dans le rhum de style français, le goût de l’alcool est plus présent en raison de l’utilisation du jus de canne à sucre (frais). Les rhums épicés viennent compléter ce tableau. Certains d’entre eux offrent même une touche fruitée de noix de coco, cannelle ou banane.

Les entreprises belges n’ont pas l’intention de rester sur le quai. Les nouvelles marques poussent comme des champignons et les acteurs déjà en place élargissent leur offre. Lester Schutters de World’s End Rum a été l’un des premiers. “La base de notre rhum est distillée sur l’île de la Barbade et à Trinidad, mais la transformation s’opère chez nous, à Zandhoven.”

Cette entreprise propose aujourd’hui sept types de rhum différents. “La demande a explosé ces dernières années. Bien qu’il existe depuis des siècles, le rhum a dû attendre notre époque pour conquérir les palais. Il constitue désormais une alternative valable à d’autres spiritueux. Comme le montre l’offre élargie dans les (petits) festivals.”

Ode au goût

Mais par où commencer pour trouver le rhum qui vous correspond ? “Je demande toujours à mes clients quelles autres boissons ils apprécient”, répond Tony de Maeseneir du Smokkelwaar. “Cela permet d’affiner la recherche et d’exclure certains goûts. Je leur propose ensuite de humer le rhum à même la bouteille et enfin de le déguster.”

Un rhum de qualité se boit pur

“J’ai déjà su convaincre pas mal de femmes de s’aventurer dans l’univers du rhum. La plupart n’entrent ici que pour accompagner leur partenaire et elles s’empressent de préciser que le rhum n’est pas leur truc. Mais il suffit d’un arôme de vanille ou de noix de coco pour leur donner envie de goûter. À partir de là, c’est gagné.”

Autre cliché à balayer : le rhum se déguste uniquement avec du cola. “Un rhum de qualité présente de multiples facettes. Mélangé à du coca, il perd une partie de sa saveur. Un rhum de qualité se boit pur de préférence.”

Le club des amateurs de rhum

Les commerces spécialisés ne sont pas les seuls à surfer sur le succès du rhum. Les supermarchés sont aussi de la partie. Dans les rayons, le gin perd de plus en plus de terrain au profit du rhum.

Distribué par Jet Import, The Kraken Black Spiced Rum ambitionne de vendre 90.000 bouteilles en 2019. “Ces dernières années, les consommateurs s’intéressent de plus en plus aux spiritueux, à leur qualité, leur origine et leur palette gustative. C’est surtout grâce à la popularité du gin tonic”, comme l’a dit plus tôt cette année le CEO Stefaan Bettens. “Ils sont devenus beaucoup plus exigeants, mais se montrent aussi ouverts à la diversité. Mieux encore, ils traquent les tendances et les produits uniques dans le segment des spiritueux. Le développement du marché du rhum et en particulier du rhum épicé s’inscrit dans ces tendances. Et The Kraken Spiced Rum joue un rôle de premier plan à cet égard.”

Au début de l’année, la marque a lancé quatre Coca-Cola Signature Mixers, avec une saveur épicée propre et à mélanger avec des spiritueux de type dark. Cette démarche n’a rien de nouveau. Les producteurs de boissons rafraîchissantes avaient fait pareil en nous martelant que chaque gin méritait un soda unique.

Coca-Cola est également de la partie
Coca-Cola est également de la partie© MDD

Envie d’un cocktail maison ?

Dark ‘n’ Stormy

1. Remplissez un verre à whisky de glace.

2. Ajoutez-y 6 cl de rhum brun.

3. Allongez de ginger beer (environ 10 cl).

4. Décorez d’une rondelle de citron vert.

Red Mambo

1. Écrasez 4 framboises dans un shaker.

2. Ajoutez-y 6 cl de rhum à la noix de coco, 6 cl de jus d’ananas et le jus d’un demi-citron vert.

3. Remplissez un verre à whisky de glace pilée.

4. Versez le cocktail dans le verre à travers un tamis.

5. Agrémentez d’une framboise.

Traduction : virginie·dupont·sprl

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