Pause détente avec Elodie Ouedraogo, athlète hyperactive de la mode
Il y a de ces personnes qui ne semblent pas avoir besoin d’un bouton pause. Élodie Ouédraogo en fait partie. Vêtue de high fashion, elle court de studios télé en réunions de mode pour sa marque UNRUN4254 et, entre les deux, passe voir sa famille. “Travailler dur me donne autant d’adrénaline que le sport de haut niveau.”
Il fait calme et ensoleillé à Lubbeek. Élodie Ouédraogo se détend en short Walter Van Beirendonck. Sa moitié, Jeroom Snelders, le célèbre dessinateur, est assis sur un siège de jardin et confie sa chevelure emblématique aux mains de sa belle-soeur. Dans le salon, son fils Remus s’use les pouces sur une partie de Fortnite. Pendant qu’Élodie Ouédraogo nous parle, Jeroom, la tête à présent ratiboisée, ne peut s’empêcher de déballer, au sens figuré, le linge sale de sa compagne modeuse. Il énumère les passe-temps de sa femme bordélique: être en retard, être trop habillée et appeler les urgences. “D’un autre côté, je suis le pilier de la famille. C’est moi qui suis au volant du funbus”, réplique Élodie Ouédraogo. Bref, c’est une famille flamande comme les autres que nous rencontrons aujourd’hui. Une famille qui revient tout juste d’Ibiza.
Combien de temps êtes-vous partis en vacances?
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “Nous avons passé sept jours à Ibiza, ce qui est vraiment exceptionnel pour nous. Quand je faisais de l’athlétisme, je voyageais énormément, ce qui a un peu calmé mon envie de sauter dans un avion à tout moment. Jeroom n’a jamais vraiment ressenti le besoin de bouger. Nous préférons les courts séjours, généralement des citytrips de quatre jours, tout au plus. Depuis la pandémie, j’ai appris à apprécier l’oisiveté la plus complète de temps en temps. Je me rends compte que me ressourcer fait aussi partie de mon travail.”
Ne preniez-vous pas le temps de vous ressourcer avant la pandémie?
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “J’avais tendance à penser qu’il ne fallait jamais arrêter de trimer. Quand j’ai arrêté l’athlétisme à 31 ans, j’ai dû tout recommencer à zéro. J’ai donc commencé à travailler sans relâche. Je m’améliore un peu chaque jour. Pour ces dernières vacances, j’ai même configuré ma boîte de réception pour qu’elle envoie un message d’absence en réponse aux e-mails. Et il m’arrive même d’oser ignorer un message WhatsApp.”
Êtes-vous workaholic?
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “C’est dans ma nature de toujours explorer les limites. Selon moi, travailler dur me donne autant d’adrénaline que le sport de haut niveau. Par ailleurs, j’aime aussi être en mouvement. Après ma carrière sportive, je n’avais pas de plan concret. Aujourd’hui encore, je me laisse porter d’opportunité en opportunité et quand j’accepte un projet, j’ai vraiment envie de le faire bien. Par contre, au niveau organisationnel, c’est une catastrophe. J’ai du mal à garder le contrôle de mon emploi du temps. Parfois, le cadre que me donnait le sport de haut niveau me manque. L’objectif était toujours clair et je devais juste m’exécuter sans réfléchir. Je suis très bordélique. Jeroom dit toujours: “Ça va mal finir.” Mais jusqu’à présent, ça fonctionne. Je n’ai jamais eu à décevoir qui que ce soit.”
À quel point êtes-vous bordélique?
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “Disons que tous mes fichiers sont simplement enregistrés sur mon bureau. (elle rit) Jeroom n’arrive pas à comprendre cela. “Range ces factures dans un dossier!”, se plaint-il. Mais je retrouve tout. La barre de recherche m’a souvent bien aidée. Et je sais ce que j’ai à faire. Tout est enregistré dans ma tête. Je suis comme ça. Il me suffit d’être allée une seule fois quelque part pour retrouver ma route. J’admets que je pourrais améliorer mon flux de travail si j’étais plus ordonnée, mais je n’ai pas le courage de m’y mettre.
“Par contre, pour tout ce qui concerne Remus, je suis particulièrement bien organisée. Son journal de classe est toujours signé, il arrive à l’école à l’heure et tous les soirs, à la même heure, je l’aide à faire ses devoirs. Je remarque que j’ai envie de le protéger de mon côté bordélique. En fait, Remus est le seul à m’apporter une structure dans la vie.”
Vous faites encore souvent du sport?
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “Tous les jours de l’été, je cours quinze kilomètres avant de commencer ma journée de travail, je suis toujours le même parcours. Je ne fais pas de course contre la montre et je ne surveille pas ma fréquence cardiaque, je cours comme je le sens. Il y a parfois des jours où l’ancienne Élodie refait surface, mais d’autres jours, je ne cours pas mieux qu’une simple joggeuse. Peu importe. Ces moments me font du bien. Ça me rend moins pénible avec les autres. (rires) Courir m’aide à réfléchir aux problèmes et à les résoudre. Je traite les e-mails, je réfléchis aux échanges et aux décisions. C’est tout un roman. Quand j’arrive chez moi, j’ai fini le roman. Le sport est assez thérapeutique. Si je n’avais pas le sport, j’aurais plus de mal à relativiser.”
Avez-vous tendance à être stressée?
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “Non, mais il m’arrive d’être soucieuse. Quand j’ai lancé la marque, je pensais que mon travail consisterait à concevoir des modèles et à choisir des tissus. Je me disais: je fais ce que je veux. Ce n’est qu’après que j’ai pris conscience qu’il fallait aussi gérer une équipe et apprendre à évaluer les personnalités et diriger les gens. L’entreprise se développe, il y a donc à présent des investisseurs et un conseil d’administration. Tout à coup, il faut justifier ses décisions et il ne s’agit plus simplement de choisir un tissu parce qu’il est joli. J’ai des salariés et il y a des calculs à faire. Diriger son entreprise peut sembler sexy aux yeux du monde extérieur, mais au bout du compte, on se sent forcément chargée d’un sens des responsabilités. Sans compter qu’une énorme concurrence domine le secteur de la mode. Je travaille sur un marché totalement saturé.”
À part le sport, y a-t-il d’autres façons de se détendre?
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “Je lis des blogs de celebrity news comme TMZ tous les jours, pour rester informée, mais aussi parce que c’est agréable à lire. Je sais bien que ce sont souvent des histoires à moitié inventées. J’aime aussi regarder les émissions télé un peu bidon du style Married at First Sight Australia et The Real Housewives of Atlanta. Les riches femmes au foyer se disputent, se réconcilient, puis se disputent à nouveau: très prévisible, mais relaxant.” “J’adore aussi faire du shopping. Entrer dans une belle boutique, c’est comme entrer dans un petit univers. J’adore aller dans des magasins excessivement chers, juste pour regarder. Les magasins haut de gamme sont de véritables expériences en soi. En plus de la mode, c’est aussi une question d’architecture. faire du shopping à Anvers et ne faire qu’une seule pause pour avaler un café et une part de cheese-cake.”
Vous êtes connue pour les tenues très chics que vous portez aux événements. En portez-vous aussi dans la vie de tous les jours?
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “Oui, bien sûr. Je porte souvent un ensemble Dries Van Noten pour aller travailler ou je m’habille en Y/project des pieds à la tête. Je peux passer la journée assise à mon bureau, habillée comme si j’étais attendue à une industrial party. Parfois, cela m’aide même à me remettre de bonne humeur quand la journée est monotone. J’enfile alors un pull de la collection Redux de Raf Simons. Il en existe que cent ; personne ne s’en rend compte, sauf moi.
“Dès que je suis chez moi, je porte un t-shirt et un pantalon de jogging. C’est aussi ce que je porte pour descendre au village. Les gens pensent probablement: “C’est elle, la modeuse dont tout le monde parle? (rires)”
JEROOM SNELDERS.(assis sur un siège de jardin, le visage impassible, alors que la soeur d’Élodie lui coupe les cheveux): Élodie, c’est un mensonge, tu portes des talons même quand on fait une balade en forêt.”
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “Uniquement quand je veux faire des photos pour Instagram.”
Vous passez beaucoup de temps sur les réseaux sociaux?
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “Oui, ça fait partie de mon métier. Je dois savoir quelle célébrité fait quoi. Et Instagram est un bon outil pour les suivre. J’ai une sorte de rapport amour-haine avec Instagram. C’est un chouette outil, mais je n’ai pas toujours l’énergie d’écrire le message le plus percutant pour accompagner la photo. Rien que l’idée qu’il faudrait que je crée des “reels” avec mes photos de vacances: soupir. Mais il faut y participer pour rester dans le coup.”
Qu’est-ce qui vous cause le plus de stress? Le travail ou les réseaux sociaux?
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “Mon rôle de mère. Cette responsabilité me semble vraiment écrasante. Plus tard, quand Remus viendra me rendre visite à la maison de retraite, j’aimerais qu’il dise: “Tu m’as tout donné.” Lors de sa première course de cross-country à cinq ans, j’ai pris congé pour venir l’encourager. J’étais même outrée qu’à part ma mère, aucun autre membre de la famille ne soit venu. Dès qu’il a une petite altercation avec ses amis à l’école, je me fais du souci.”
Êtes-vous secrètement une mère poule?
JEROOM SNELDERS. (sans ciller) “Oui!”
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “Quand j’observe Remus grimper sur un poteau au fond du jardin, j’ai déjà trois scénarios catastrophes en tête et je suis prête à appeler les urgences. J’ai beau adorer le métier d’entrepreneur, le plus important pour moi, c’est mon rôle de mère. Le reste est secondaire.”
Quand je fais la somme de votre légère addiction au smartphone, de vos nombreux projets et de votre côté “mère poule”, je me demande: êtes-vous vraiment capable de ne rien faire?
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “À Ibiza, j’ai passé mes journées à manger et à boire des cocktails, surtout des pornstar martinis. Je n’ai travaillé que deux jours.”
Vous ne faites jamais de pause?
ÉLODIE OUÉDRAOGO. “Bien sûr que si. Tout à l’heure, nous allons allumer le barbecue et faire une petite balade pour voir les moutons. C’est aussi une façon de profiter, non? Je suis naturellement énergique et de bonne humeur. Je suis parfaitement consciente que ma façon de travailler et de vivre ne collerait pas avec quelqu’un d’autre.”
Production et photographie: Marleen Daniëls
Styling: Eveline Briand
Hair & make-up: Evara Collin
Un grand merci à STIJL Brussels
www.stijl.be
Qui est Élodie Ouédraogo (41)
– Elle a été athlète de haut niveau jusqu’à l’âge de 31 ans, elle a gagné une médaille d’or et a fondé la marque de sport UNRUN4254 avec Olivia Borlée. www.unrun4254. com, @unrun4254
– Elle a une réputation de modeuse qui ose porter les tenues les plus étranges d’Y/project.
– Elle est mariée au dessinateur Jeroom. Ils ont un enfant, Remus (7 ans).
– Elle a récemment participé à l’émission Over De Oceaan pour laquelle elle devait survivre sur un bateau avec d’autres célébrités pendant trois semaines.
– Lors d’un festival, elle s’est retrouvée pendant deux heures à la Croix-Rouge parce qu’elle avait mangé un mauvais hot-dog.
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