Elza Wandler : « Ma devise : épargner pendant un an plutôt que de dépenser de l’argent rapidement »

Si je ne fabriquais pas mes propres sacs à main, ce serait sans doute l’un de mes plus gros postes de dépenses. Je ne porte que ma propre marque. En porter d’autres serait une infidélité. » Elza Wandler sourit. « Heureusement. Cela permet de faire des économies. »

Il y a à peine sept ans, la Néerlandaise a troqué son emploi stable de styliste pour une ligne Levi’s haut de gamme pour suivre sa propre voie. Sans jamais perdre de vue un constat précieux : aujourd’hui, les consommateurs achètent des vêtements partout et avec des budgets variés, mais il est un produit qui suscite encore beaucoup de réelles économies et qui est un gage de qualité universel : le sac à main ; la cerise sur le gâteau de toute tenue. Avec un emprunt de 10 000 euros, une stratégie marketing intelligente et, surtout, un style percutant et reconnaissable, Wandler est devenue une marque incontournable du segment haut de gamme avec plus de 130 points de vente : cuir italien, couleurs parfaites et design minimaliste. Elle a fait de sacs comme l’Hortensia et le Penelope Slouch la solution pour qui aime la mode mais pas le mercantilisme de marques aux monogrammes.

Acheteuse d’art sur Instagram

Wandler, basée à Amsterdam, est d’abord une marque de maroquinerie avec des sacs à main et une sélection de chaussures, mais quiconque discute avec Elza Wandler réalise rapidement qu’il s’agit davantage d’un canal permettant à la créatrice d’exposer son univers. « J’aime le monde de la beauté », dit-elle. « Cela ne s’arrête pas nécessairement aux sacs à main. » Minimaliste mais frappante, et ne craignant ni la couleur ni l’espièglerie : l’esthétique élégante de la page Instagram de Wandler, où sont présentés des sacs à main parmi des œuvres d’art, des meubles design et des combinaisons de couleurs parfaites, reflète sa résidence personnelle.

Séduits par les hauts plafonds, « rares à Amsterdam ! », et le jardinet propice aux soirées d’été, Elza et son mari et partenaire commercial Joost Doeswijk ont acheté en 2020 un appartement rénové « ordinaire ».

« L’habitation était assez simple », dit-elle. « Ce n’est pas le genre de bungalow architectural que j’aime, plutôt une boîte rectangulaire. Il était donc d’autant plus difficile de s’approprier l’espace. » La métamorphose a été radicale. Les murs ont été recouverts de tadelakt, les parois en verre et la cuisine blanche ont été rehaussées de couleurs modernes. Elle a ensuite habillé l’ensemble conformément à sa sainte trinité : du design vintage et de collection (de la chaise Arflex de Cini Boeri au large canapé Cameleonda), des meubles qu’elle a elle-même réalisés (des commodes à un ingénieux meuble TV en bois) et beaucoup d’œuvres d’art.

‘J’aime le monde de la beauté, qui ne s’arrête pas aux sacs à main’

Wandler n’hésite pas à rechercher des œuvres d’art en ligne. « Je suis une véritable acheteuse d’art sur Instagram, j’ose dépenser de l’argent avant de voir une œuvre en vrai. Je demande des vidéos à la galerie et me fais une meilleure idée de l’œuvre grâce aux appels vidéo. L’une des dernières œuvres que j’ai achetées est celle de Marria Pratts, dans le salon. Holy shit, je me suis dit : je vais vraiment le faire ! Superbe, non ? »

Ici aussi, vie privée et vie professionnelle s’entremêlent : d’une quête d’une œuvre d’art de David Surman pour son intérieur, également une trouvaille Internet, a découlé une collaboration. « Une grande partie des meubles exposés chez moi sont le fruit d’une collaboration. J’aime beaucoup le contact avec le créateur. » La table de salle à manger en marbre est une création propre, dont une amie a soudé la base. La table basse ondulée est le fruit d’une collaboration avec Pietro Franceschini, qui a également fabriqué des meubles pour Wandler. »

« Pour moi, il peut y avoir beaucoup de mouvement dans un intérieur », poursuit Elza, qui achète ses objets d’intérieur tant en en ligne que sur des plateformes de revente et auprès de boutiques de créateurs telles que The Frozen Fountain. « J’achète souvent des meubles vintage. On sait que leur valeur restera stable ou augmentera ; cela permet de changer régulièrement son mobilier. »

‘Ma devise : épargner pendant un an plutôt que de dépenser de l’argent rapidement’

Conception d’intérieurs

Des moodboards remplis d’images d’intérieur révèlent comment cette passion se transforme en projets d’avenir. La première idée est d’ouvrir un magasin, mais Elza voit déjà plus loin : « J’aimerais concevoir quelques intérieurs par an. Voici comment je vois les choses : en me basant sur ce qui se trouve dans la garde-robe d’une personne, je pourrais en apprendre davantage sur sa personnalité et concevoir en conséquence. »

Intégrer la garde-robe et la personnalité dans le processus est une étape logique pour l’ancienne créatrice de mode. « Et dans le même esprit que le développement de ma ligne de sacs, ‘pas trop vite, pas trop à la fois’, ma garde-robe vise à concevoir une collection durable. Récemment, j’ai acheté un fantastique blazer Marni, beige avec de grands carreaux saisissant, et j’ai économisé pendant longtemps pour un manteau Prada en cuir verni. Ma devise, c’est qu’il vaut mieux économiser pendant une (demi-)année plutôt que dépenser de l’argent rapidement, et combiner des pièces simples avec des éléments accrocheurs. Même si je pense qu’une personne extérieure jetant un coup d’œil à ma garde-robe se dirait rapidement : ah, elle doit bien être un peu loco. (rires) Ce sont toutes des pièces sobres, mais à la fois un véritable spectacle à elles toutes seules. »

Bien qu’elle fasse essentiellement ses achats en ligne et qu’elle aime s’attarder dans les grands magasins de luxe britanniques et parisiens à la Liberty et Le Bon Marché, elle n’hésite pas à faire un saut chez Pauw – « des pièces très spéciales » – et la boutique design vintage Salon Heleen Hülsmann – « pour les trouvailles vraiment rares ».

elza wandler

Distributeur automatique

« Je ne dépenserais certainement pas 3 000 euros pour un vêtement de sitôt, mais je pourrais faire des folies pour un bijou. Je ne sais pas d’où vient ce penchant, en particulier pour l’or. Tout ce que je sais, c’est que j’ai toujours été comme ça. Une vraie pie, disait ma grand-mère. Elle avait des racines autrichiennes et une boîte à bijoux remplie de pièces spéciales. Je me souviens qu’enfant, je pouvais fouiller dans ses tiroirs et que je mettais des bagues à tous mes doigts. Ma sœur, qui a aussi grandi dans cet environnement, n’est pas du tout comme ça. Quand elle voit un de mes nouveaux bijoux, elle me demande dans quel distributeur automatique je l’ai trouvé. » (rires)

elza wandler
elza wandler

Elza Wandler déniche aussi souvent des bijoux sur Internet, de préférence des marques qui ne sont pas trop connues, mais plutôt « if you know, you know » : « J’ai économisé pendant très longtemps pour une bague de Spinelli Kilcollin de Los Angeles, et le collier de Marie Lichtenberg avec son médaillon en émail coloré que j’ai reçu en cadeau pour notre dixième anniversaire de mariage est très spécial. À Amsterdam, j’adore passer chez Inez Stodel pour des bijoux vintage, mais comme pour l’art, je n’ai pas nécessairement besoin de voir quelque chose en vrai avant de l’acheter. Sans oublier 58 Facettes, en quelque sorte le Vestiaire Collective des bijoux, qui est aussi un site très tentant. »

Doggie planes

Une autre pièce de la maison qui en dit long sur Elza Wandler est la salle de bains. « Les soins de la peau sont vraiment un moment pour moi. J’ai toujours aimé chipoter et prendre soin de moi. J’ai une routine en cinq étapes, mais aussi en dix étapes, qui comprend des produits phares comme la crème de nuit d’Irene Forte et la vitamine C de Skinceuticals. Je fais un double nettoyage et un massage quotidien avec un Foreo Bear, et chaque soir je termine ma routine avec mon laser Lyma, qui stimule le collagène et réduit la pigmentation. C’est un gros investissement, mais si vous faites moins de soins du visage, c’est rentabilisé. Car toutes les six semaines, j’aime aussi réserver un traitement pour ce que je ne peux pas faire moi-même. J’adore le résultat du Baby Botox, mais en raison des effets secondaires, j’ai eu des problèmes d’estomac, je m’en tiens aux peelings et aux injections de Sculptra qui stimulent la production de collagène de manière plus naturelle. »

Si elle a beaucoup investi dans sa maison, Elza Wandler n’en est pas pour autant une casanière. « J’essaie de partir à l’étranger au moins trois mois par an. Comme l’année dernière, Joost et moi nous rendrons bientôt à Ibiza. Mais nous apprécions également d’autres destinations à distance raisonnable comme la Grèce, qui nous permettent de prendre l’avion avec les chiens. (Elza a deux caniches toy blonds, Ben et Dries, NDLR). C’est justement pour cela que nous avons des petits chiens : pour environ 90 euros, vous pouvez souvent emmener un animal de moins de 10 kilos qui peut s’asseoir à vos pieds. Mais pour doggie planes, un service additionnel qui leur permet de voyager de façon plus agréable, je dépenserais certainement de l’argent. Car dès que Ben et Dries me voient sortir leur sac de voyage, ils s’excitent… c’est parti ! »

Par Natalie Helsen images Charlotte Van Noten

Qui est Elza Wandler ?

Créatrice d’accessoires néerlandaise
Elle a étudié la mode à l’Amsterdam Fashion Institute et a commencé sa carrière en tant que créatrice de vêtements pour la ligne haut de gamme Made & Crafted de Levi’s.
Elle a lancé sa propre marque de sacs à main, Wandler, en 2017, avec comme premier grand succès le sac Hortensia, un sac semi-circulaire saisissant. Elle a élargi sa collection en 2019 avec des chaussures en cuir de luxe.
En 2020, elle s’est installée dans une maison mitoyenne à Amsterdam Oud-West, à deux pas de son studio et du Vondelpark.
Elle y vit avec son mari et partenaire commercial, Joost Doeswijk.
Elle promène tous les jours ses deux caniches toy blonds, Ben et Dries.

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