Massage cérébral

Séances de méditation, techniques respiratoires et même massages du cerveau… Le spa du futur accorde autant d’attention à l’esprit qu’au corps. La journaliste de Trends Style a prêté sa matière grise à l’expérience.

Omniprésente dans nos vies, la technologie détermine le rythme de nos journées. Et, pour une grande part aussi, celui de nos nuits. Nous sommes le plus souvent “habités” par nos écrans et dans la crainte de rater une information, ce qui est source de stress. Cela n’a pas échappé à quelques neuroscientifiques et ingénieurs qui ont décidé de déployer une technologie destinée à aider le cerveau à recharger ses batteries.

Les premiers résultats ont pu être testés fin 2019, au Naupaka Spa & Wellness Centre, dans l’Oahu Four Seasons Resort à Hawaï, où se trouve The Vessel, sorte de croisement entre banc solaire futuriste et engin spatial compact. The Vessel combine réalité virtuelle et stimulations multisensorielles (sons, odeurs et vibrations) en vue de plonger ses “passagers” dans différents univers – nuages flottants, grotte de cristal, voyage spatial… Objectif? Réduire la fatigue mentale et le stress. Le NeuroVella Brain Spa (Californie) et la Sha Wellness Clinic (Espagne) proposent des expériences similaires.

UN SPA POUR L’ESPRIT

Plus près d’ici, il existe le Mind Spa de la House of Rituals à Amsterdam, qui a ouvert ses portes à la mi-2021. Le label lifestyle néerlandais a sollicité des neuroscientifiques pour mettre sur pied un spa dédié à la relaxation mentale. Il comprend un espace de méditation et propose des breathing bubbles permettant d’apprendre à rythmer sa respiration pour se détendre. Mais le point de mire incontestable est le brain massage pod (capsule de massage cérébral). Soit une chaise longue disposant d’un capot pouvant se fermer, de manière à constituer une cellule où, à l’aide de sons et de vibrations, l’on est amené vers un état méditatif.

Ses concepteurs se sont inspirés du fonctionnement du cerveau. Lequel affiche une fréquence déterminée selon l’activité, l’environnement et l’humeur de la personne. Il existe cinq types de fréquences, classées selon le nombre d’hertz. Plus la fréquence est élevée, plus la manière dont on peut accomplir des tâches conscientes telles que l’écriture, l’analyse et la lecture, s’avère optimale. Plus elle est basse, plus on est tourné vers l’intérieur de soi, ce qui donne de l’espace à l’intuition et à la créativité. Dans un tel état, on est détendu et c’est précisément l’objectif visé.

MASSAGE SONORE

Une fois que l’on a pris place sur la chaise longue, celle-ci bascule vers l’arrière de sorte que les jambes se retrouvent placées plus haut que la tête. Cela engendre une sorte d’apesanteur propice à la détente. Le capot s’abaisse, créant un cocon éclairé. Le casque d’écoute diffuse des sons de la Nature au rythme desquels vibre la chaise longue, selon leur inten-

sité variable, ce qui donne l’impression d’avoir le corps massé par la “musique”. Le parfum régnant, vraisemblablement de la ligne The Ritual of Jing développée pour la détente, ajoute une note agréable. Cette activation des sens conduit à un état méditatif dans lequel on perd toute notion du temps. Et lorsque le capot se relève 25 minutes plus tard (soit le temps maximal d’une sieste de récupération), on se sent détendu et reposé – ce que confirme, du reste, le rythme cardiaque, inférieur de 15%.

BOUGER POUR SE DÉTENDRE

Le professeur Rudi D’Hooge, docteur en psychologie biologique à la KU Leuven, se montre légèrement sceptique. “C’est très bien si l’on en ressort détendu, mais il serait préférable de se mouvoir plutôt que d’être allongé. Car le fait de bouger s’avère meilleur pour le cerveau”. Explication: le système nerveux autonome se compose du système orthosympathique, qui active le mode “se battre ou s’enfuir”, et du système parasympathique qui apaise le corps, rendant la régénération possible et le système immunitaire plus actif. Ce à quoi le style de vie moderne n’est pas vraiment adapté. “Une vie très active, le stress quotidien, imposent au corps un état de qui-vive permanent auquel on n’apporte aucune réponse – on rentre chez soi et l’on s’assied dans un fauteuil. Ce qui, à terme, peut miner ce corps qui n’a pas suffisamment de perspective de réparation et de construction. Il serait préférable de bouger pour pouvoir relâcher cette tension accumulée et de se reposer ensuite.” Même si cela exige plus d’efforts qu’une courte sieste high-tech.