Un nouveau cap: Floris Van Bommel a créé une sneaker pour les cyclistes de Team Jumbo-Visma

© National

Quand Wout van Aert monte sur le podium du Tour de France, il porte des chaussures Floris van Bommel. Est-ce une façon de clasher Mathieu van der Poel? Floris van Bommel: «Je dois faire attention à ce que je dis.»

Non, Floris van Bommel (48 ans) n’est pas un fanatique de la petite reine. «Je fais beaucoup de sport, mais le cyclisme n’en fait pas partie. J’ai bien un vélo de course, mais il me sert uniquement à filer au plus vite de chez moi à une terrasse en forêt pour déguster une petite trappiste.» Il y a quelques semaines, dans sa boutique d’Anvers, Floris van Bommel a présenté la basket Team Jumbo-Visma. Jusque fin 2025, Floris van Bommel sera le fournisseur officiel de l’équipe cycliste. Pour les non-initiés au cyclisme, il s’agit de l’équipe dont fait partie Wout van Aert et qui a remporté le Tour de France l’année dernière avec le Danois Jonas Vingegaard.

ENTRE MODE ET SPORT

Comment cette collaboration s’est-elle concrétisée? «C’est simple», répond Floris van Bommel, «ces gens mettent des chaussures et l’équipe avait besoin de chaussures. Jumbo-Visma est une équipe néerlandaise (ses principaux sponsors sont la chaîne de supermarchés néerlandaise Jumbo et la société norvégienne de logiciels de cloud Visma, NDLR). Ils aiment travailler avec des entreprises néerlandaises. Steven Kruiswijk est l’un des coureurs de Jumbo-Visma. Il porte nos chaussures et nous a recommandé à l’équipe.»

C’est tout? «Eh bien, il a fallu quelques négociations et ajustements. L’équipe a une charte graphique, mes modèles devaient la respecter. Nous avons donc fait quelques modifications. Par exemple, le logo est toujours un point sensible. Le logo, de forme hexagonale, est évoqué en relief sur le suède de la chaussure. Si je ressens ces directives comme une contrainte? Les possibilités sont infinies. Il fallait proposer une chaussure de mode, qui ne devait pas trop ressembler à une chaussure de cyclisme ou de sport. C’était le plus grand défi. Il a fallu travailler dur et faire plusieurs essais. Jusqu’à ce qu’ils approuvent le modèle.» Je me suis inspiré du cyclisme. «La ligne du tunnel aérodynamique qui s’étend du bout de la chaussure vers l’arrière et la section étroite du bout évoquent la chaussure de cyclisme. Sur le côté, nous avons aussi dessiné un petit coureur cycliste au laser, qui semble descendre le long de la courbe à une vitesse vertigineuse. Nous avons également choisi un mélange de matières sportives en cuir blanc et en suède blanc cassé et avons repris les couleurs jaune et noir de l’équipe Jumbo-Visma. On a donné aux éditions spéciales les couleurs des maillots du Tour et le rose pour le maillot du premier du classement au Giro d’Italia.»

L’ENVOLÉE DE LA BASKET

La basket Team Jumbo-Visma n’est pas la première chaussure de sport que crée Floris van Bommel. Il y a deux ans, il a donné forme à la «Floris van Bommel x Robin van Persie», en l’honneur du célèbre et élégant ancien footballeur néerlandais. «C’était une véritable chaussure de mode.» En 2010, il a collaboré avec les écuries de formule 1 Benetton et Renault. «Je venais tout juste de rejoindre notre entreprise familiale, j’y ai pris le rôle de directeur artistique en 2009. À l’époque, ces chaussures étaient magnifiques, je crois. Quand on les regarde aujourd’hui, elles sont en fait très laides.»

Pour vous dire à quel point les chaussures et leur design dépendent des tendances et des évolutions. Et que regarde-t-on en premier quand on rencontre un créateur de chaussures? Exactement: Floris van Bommel porte des mocassins! «Honnêtement, je ne porte plus que rarement des baskets. Mais bien sûr, d’une chaussure destinée aux loisirs, la basket est devenue une chaussure pour toutes les occasions — elle représente 60 à 70% de nos ventes. Le statut des baskets a changé. On le remarque aussi au prix. Avant, 200 euros était un seuil psychologique pour l’achat de baskets. Aujourd’hui, c’est impossible de fabriquer une basket de qualité pour ce montant, les coûts de production ont fortement augmenté. Les gens ont désormais moins de mal à franchir le seuil psychologique des 200 euros.»

© National

«Je ne peux pas prédire si la chaussure en cuir classique fera un come-back. Récemment, nous avons arrêté l’une des gammes pourtant assez lucratives de notre marque classique van Bommel, car ces chaussures ringardes ne s’inscrivaient plus dans notre ambition de nous démarquer par de belles chaussures. Peu à peu, nous nous positionnons aussi comme une marque de chaussures pour femmes.»

SANS ÉTUDE DE MARCHÉ

Floris van Bommel n’a aucune crainte de voir son inspiration se tarir. Le terrain de jeu de sa créativité est pourtant assez restreint: la chaussure. «On pourrait penser que c’est comme créer avec les mains attachées dans le dos. Mais c’est justement ce qui est agréable. Tant de choses sont possibles avec une chaussure. Je n’ai pas réellement de sources d’inspiration. Je ne m’inspire pas spécialement de la culture. Cela dit, j’adore le rock et le métal. L’inspiration que j’y puise est abstraite. Cela me donne de l’énergie, l’envie de profiter de la vie. J’admire les gens qui font de belles choses sur scène. Je me dis alors que je dois moi aussi faire quelque chose de beau. Je m’installe sur une chaise et je regarde par la fenêtre et à un moment donné, l’idée apparaît. C’est toujours un champ des possibles. Nous ne faisons jamais d’études de marché. Elles n’aboutissent jamais à des idées de qualité. Je préfère me tromper plutôt que de fabriquer ce dont les gens ont envie. Notre entreprise vend six cent mille chaussures par an. Je ne dois donc pas me tromper tant que ça.» Chaussé de mocassins et un peu débraillé, il fait un petit discours de bienvenue dans la boutique d’Anvers. «Je suis Floris van Bommel, non je ne peux pas dire ça, c’est prétentieux. Je m’appelle Floris van Bommel.» Il ne jure que par la connaissance de soi. «Les gens idiots ont tendance à se surestimer et les gens intelligents à se sous-estimer. Je m’efforce de me sous-estimer. Je dois donc être très intelligent.» (rires)

WOUT VERSUS MATHIEU

Quand vous tiendrez ce Trends Style dans les mains, l’aventure du Tour de France aura commencé depuis au moins six jours. Wout van Aert sera peut-être déjà monté sur le podium avec ses chaussures Floris van Bommel (jaunes ou rouges). Ou Mathieu van der Poel!

Cette collection n’est-elle pas une façon de clasher Mathieu van der Poel, Floris van Bommel? «Je dois faire attention à ce que je dis. Nous ne sommes pas contre Mathieu van der Poel. Vous non plus, n’est-ce pas? Ne considérez-vous pas que Mathieu van der Poel est à moitié belge? La rivalité entre Mathieu van der Poel et Wout van Aert est également bien vivante aux Pays-Bas. Nous les admirons tous les deux. Peut-être que les Néerlandais respectent plus facilement les deux, car Mathieu van der Poel est plus souvent victorieux jusqu’à présent… Quoi qu’il en soit, nous avons choisi une équipe et pas un seul coureur. Personne ne peut nier que l’équipe Jumbo-Visma est de classe mondiale. J’essaie de fabriquer des chaussures au niveau de leurs talents de cyclistes. On peut difficilement placer la barre plus haut.»

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content