Le Rolex Arts Festival a célébré vingt ans de mentorat à Athènes

© Rolex / Nick Harvey

Pour célébrer 20 années de mentorat dans le giron du programme «Rolex Mentors & Protégé Arts Initiative», Athènes s’est fait le théâtre du Rolex Arts Festival. Parmi les participants, un seul Belge. Jamais, en si peu de temps, Trends Style n’a entendu dire autant de fois le mot «amazing!» Mais l’exclamation était toujours sincère, les ravissements se succédaient.

Athènes. La balade de l’hôtel au Conservatoire vous prendra à peu près vingt minutes, selon votre rythme et le temps que vous passerez sur la place Syntagma à observer la relève folklorique de la garde en tenue traditionnelle devant le bâtiment du parlement. Quelques centaines de mètres plus loin, vous tournerez à gauche pour pénétrer dans le Jardin national d’Athènes, un somptueux coin de verdure qui vous fera oublier le vertige de la ville. Dans le parc, à chaque croisement, des jeunes positionnés par Rolex vous attendront. Filles, garçons, ils ouvrent la voie. Ils vous indiqueront le chemin. Avant d’arriver au Conservatoire, vous aurez cueilli auprès de ces jeunes gens au moins une douzaine de bonjours et de sourires généreux, comme trempés dans le miel, tant cette matinée est sympathique.

Qui vous prie au petit-déjeuner de lui passer le beurre, please ? Dianne Reeves! Et Sir David Chipperfield (en personne! ) vous demande si vous passez a good time à Athènes

Cela aurait pu être différent. Avec des panneaux en carton, par exemple, cloués sur un tronc d’arbre. Ou une appli, ou des gadgets d’IA. Mais y aurait-il eu autant de chaleur humaine?

STAR STRUCK À GOGO

Ce Rolex Arts Festival d’Athènes fait chaud au cœur. Et met les gens de bonne humeur. Même les gens célèbres. Heureusement que vous n’êtes pas facilement star struck, car qui était cette femme qui s’est mise à vous parler lors du cocktail d’ouverture sur le toit-terrasse de l’hôtel? Oh non! — Julie Taymor, la metteuse en scène américaine de théâtre, de comédie musicale, d’opéra et de cinéma, celle de «The Lion King» et autres spectacles inoubliables. Et dans la navette qui vous conduit vers une exposition dans un autre quartier de la ville, vous vous retrouvez assis à côté de William Kentridge. Lorsque vous dites à l’artiste sud-africain que vous avez adoré son expo à l’hôpital Saint-Jean de Bruges il y a quelques années, ses yeux se mettent à scintiller et il vous répond chaleureusement «thank you». «Hello, how are you?» Non, ça ne peut pas être elle… Si, c’est bien elle! — Bernardine Evaristo, l’auteur britannique et nigériane qui a gagné le Booker Prize en 2019 avec le roman «Fille, femme, autre». Un roman que vous avez tellement admiré que vous l’avez conseillé à tous vos amis. Et qui vous prie au petit-déjeuner de lui passer le beurre, please? Dianne Reeves! Et Sir David Chipperfield (en personne! ) vous demande si vous passez a good time à Athènes. Il est arrivé quelques jours plus tôt pour accepter le Pritzker Architecture Prize, la plus prestigieuse distinction internationale dans son domaine. Lors d’un déjeuner, vous partagez la table du réalisateur mexicain Alfonso Cuarón («Gravity» entre autres), qui s’intéresse autant à vous que vous à lui et qui se révèle être un incorrigible plaisantin dont les éclats de rire fusent à travers l’azur grec.

Et ainsi de suite. Vous pouvez demander ce que vous voulez à qui vous voulez, tant que vous ne brandissez pas votre magnétophone sous le nez d’une célébrité ou que vous ne sortez pas votre carnet de notes. Cet accord a été conclu entre Rolex et les 23 journalistes présents, originaires d’Argentine, d’Australie, de Belgique, du Brésil, du Canada, de Chine, d’Allemagne, de France, de Grande-Bretagne, de Hong Kong, d’Italie, du Japon, du Mexique, de Singapour, d’Espagne, de Taiwan, des États-Unis, d’Afrique du Sud et de Suisse. Journaliste? Vous êtes bienvenu et serez généreusement accueilli au sein de la famille Rolex. Mais les contacts doivent rester informels et pas d’interviews.

‘Artemis: Foutain’ La péruvienne Pauchi Sasaki, protégée en 2016-17, a créé le cérémonie de clôture
‘Artemis: Foutain’ La péruvienne Pauchi Sasaki, protégée en 2016-17, a créé le cérémonie de clôture © Rolex / Reto Albertalli – Nick Harvey

LE CHOIX D’ATHÈNES

Rolex a organisé le Rolex Arts Festival pour marquer le 20e anniversaire de la Rolex Mentor And Protégé Arts Initiative, le programme avec lequel cette maison transmet le patrimoine culturel d’une génération à l’autre en associant pendant deux ans un mentor (nom établi) et un(e) protégé(e) (talent émergent) dans la même discipline — six sections: architecture, arts visuels, danse, cinéma, littérature, musique.

Le choix d’organiser l’événement à Athènes n’était pas le fruit du hasard, a expliqué Rebecca Irvin, Head of The Rolex Institute et directrice (sortante) du programme du festival dans son discours de bienvenue officiel. Car: «C’est le berceau du mentorat.» Dans l’Odyssée d’Homère, Mentor est le vieux sage, ami de Télémaque, qui l’aide en lui prodiguant des conseils.

UN RÉSEAU CULTUREL MONDIAL

Vingt années de la Rolex Mentor And Protégé Arts Initiative, c’est 63 mentors originaires de 29 pays (une seule Belge sur la liste, la prêtresse de la danse Anne Teresa De Keersmaeker en 2006-2007) et 63 protégé(e)s originaires de 41 pays (pas de Belges). Après leur session (de deux ans), les protégé(e)s deviennent des fellows, car Rolex entretient ses relations: une fois que l’on fait partie de la famille, c’est pour toute la vie. La marque a ainsi développé une vaste communauté culturelle internationale. Ce réseau s’étend bien au-delà de 63 + 63. Sortons le boulier. 1 350 talents nommés protégé(e)s. 300 artistes confirmés ayant nommé et sélectionné des talents. 145 artistes et leaders dans le domaine de la création ayant offert leurs conseils.

Emma Gladstone, directrice artistique du Rolex Arts Festival à Athènes, rappelle les procédures bien réfléchies. «Tous les deux ans, un Advisory Board d’artistes reconnus et de grands noms de la pratique artistique recommande d’éventuels mentors. Un contact est noué et s’ils souhaitent participer, ils rédigent, en collaboration avec Rolex, le profil du ou des protégé(e)s avec lesquels ils aimeraient collaborer. Chaque mentorat est donc conçu sur mesure. Pour chacune des six disciplines, un panel d’experts recherche des candidat(e)s protégé(e)s qui correspondent au profil. Rolex les invite alors à poser leur candidature. Parmi ces candidats, le jury en sélectionne trois ou quatre. Rolex organise des rencontres entre le mentor et les finalistes. Ensuite, le mentor fait son choix.»

Lors du dîner de clôture au Megaron Garden, juste avant que Gilberto Gil (Mentor 2012-2013), Dina El-Wedidi (Protégée 2012-2013), Marcus Gilmore (Protégé 2018-2019) et Aurelio Martinez (Protégé 2008-2009) n’enflamment l’assistance, Anne-Sophie de Guigné, chargée des relations publiques de Rolex, à la question de savoir si aucun mentorat n’a fait naufrage au cours de ces 20 années, répond: «Non. C’est exactement pour éviter ce risque que nous préparons ces collaborations si minutieusement.»

ENRICHISSEMENT MUTUEL

Pendant trois jours, le Rolex Arts Festival a proposé de nombreux spectacles (danse, concerts, théâtre, cinéma, arts visuels, installations, performances, projets architecturaux, conférences…). Entre ces acts, des paroles très sages: des talks animés par des mentors et des protégé(e)s, à propos du work in progress, de la transmission du savoir-faire, de l’apprentissage tout au long de la vie, de l’alchimie créative. Et, bien sûr, du lien entre le maître et l’élève. Un nuage de mots où l’on retrouve les termes généreux, lien, améliorer, sens du devoir, respect, énergie, confiance, dialogue, équité, espoir, attention, inspiration, empowerment, avenir, plaisir. Le maître mot: interaction. Surtout, il est apparu que la relation (avait) enrichi mutuellement les protagonistes. Le cinéaste Alfonso Cuaròn a parlé de son protégé, l’enfant prodige indien Chaitanya Tamhane, qui s’est déjà vu décerner plusieurs prix: «Si je n’avais pas eu l’intuition dès le départ que j’apprendrais autant de lui qu’il apprendrait de moi, je n’aurais jamais accepté. Quand j’ai tourné “Roma” en 2018, Tam était toujours présent sur le plateau. Il était le seul dont j’acceptais les conseils.»

Un membre du public a demandé si l’IA pourrait prendre en charge une partie du mentorat. Sur scène, Julie Taymor a esquissé un geste de désintérêt, le chorégraphe grec Dimitris Papaioannou a secoué énergiquement la tête, «no no no» a répliqué Bernardine Evaristo, consternée. C’est l’humain qui ouvre la voie.

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