Le masque sentimental de Wim Nelis (Potier Stone)
Wim Nelis sait ce qu’est le luxe. Son entreprise, Potier Stone, traduit en pierre naturelle les idées des architectes. «Ce masque en est très éloigné», dit-il. «Je l’ai acheté il y a 33 ans, en vacances au Sénégal. Sa valeur est sentimentale.»
«Je suis descendu du bus de touristes. Je suis rentré dans un atelier. Un artisan y travaillait le bois. Ça s’est passé comme ça. Il n’y avait rien d’exclusif. Initialement, j’étais même reparti sans masque. Car je n’avais aucune envie de marchander. Je n’aime pas négocier et je ne le fais donc pas. Je crois à un prix honnête. C’est inutile de négocier dans ce cas. Je dis toujours: «pour avoir une réduction chez Potier, demandez-la avant le devis. Nous ferons en sorte que la réduction soit calculée dans le prix». (rires) Quoi qu’il en soit, au Sénégal, j’ai joué le jeu et j’ai acheté un masque. C’était un voyage des extrêmes, la pauvreté, les petites huttes, la faim et la mendicité et une heure plus tard, nous étions de retour à l’hôtel, baignant dans le luxe. Nous ne comprenions pas ce qui nous arrivait.»
Dans les affaires, je peux rebondir rapidement et changer le fusil d’épaule, mais c’est difficile de se défaire d’un désir d’enfant. Le masque me rappelle mes valeurs
«Nous avions à peine 27 ans et n’étions pas encore des citoyens du monde. Le Sénégal, c’était en 1995, je m’en souviens parfaitement. Car en 1994, nous étions en vacances au Sri Lanka. Ma femme et moi avions des difficultés à avoir des enfants. Nous nous sommes dit qu’il valait mieux profiter de la vie et faire de grands voyages. Mais en 1996, nous avons cessé de partir en voyage. Ma femme était enceinte de notre fils. Et après, nous avons eu une fille. C’est pour cette raison que j’adore ce masque sénégalais, même s’il n’a pas coûté cher et même s’il n’était pas accompagné d’un certificat. Je ne sais même pas de quel bois il est fait. En ébène, c’est possible?»
«Sa valeur est sentimentale. Je sais que le fait de ne pas réussir à avoir d’enfants est un sujet tabou, mais je parle toujours à cœur ouvert. En parler me soulage. Quand on souhaite un enfant et qu’il n’arrive pas, c’est douloureux. J’ai appris à être prudent avec les questions bateau sur les enfants. Dans les affaires, je peux rebondir rapidement et changer le fusil d’épaule, mais c’est difficile de se défaire d’un désir d’enfant. Le masque me rappelle mes valeurs, indépendamment de l’argent. Il montre aussi qu’il y a des richesses peu coûteuses. Tous les jours, on mange bien ici. Je n’ai jamais froid. Je suis entouré d’amour. Et je conduis une Volkswagen Arteon, avec presque toutes les options, mais il n’y a pas grand-chose d’autre.»
«Parfois, on se croirait dans un musée de l’automobile sur le parking de l’entreprise, c’est vraiment beau. Je respecte le luxe des autres, qu’il s’agisse d’ancêtres automobiles, de montres, de marbre italien ou d’un ornement d’éléphant datant du 19e siècle, comme je l’ai lu récemment dans cette rubrique. La chaîne était si précieuse qu’on ne la sortait de sa boîte qu’une fois par an pour l’admirer. Sans vouloir juger, ce n’est pas pour moi. Je n’ai pas les connaissances pour apprécier une telle chose. J’admire mon masque tous les jours. Tout le monde peut le voir. C’est un souvenir qui vient tout droit de mon cœur.»
Le Masque
– acheté en 1995 dans un atelier au Sénégal
– pas de certificat
– essence de bois incertaine
– grande valeur sentimentale
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici