L’Art du Chez Soi: La maison de Koen et Karo Fierens

© Stephanie Mathias, Thibault De Schepper et Eva Verbeeck

Ils avaient un beau lopin de terre et avaient même un projet concret pour la construction d’une nouvelle maison. Et pourtant, Koen et Karo Fierens ont préféré s’écouter. Ils ont trouvé une ancienne bâtisse remplie d’âme. Une âme qui a pris de l’ampleur grâce à Piet Stockmans, qui est venu y installer une œuvre d’art.

Voilà plus de vingt ans que Koen et Karo aident les gens à concrétiser les intérieurs de leurs rêves. Leur entreprise Fierens conçoit des intérieurs sur mesure, conseille sur les couleurs et les matériaux et achève les projets jusqu’à la moindre finition. Mais quand il s’agit de travailler pour leur projet personnel, le doute s’installe. Car même si Koen et Karo Fierens ont des personnalités affirmées et très terre à terre, ils ne peuvent pas nier que c’est un peu comme si le destin les avait conduits à vivre là où ils vivent aujourd’hui. Car ils avaient acheté un beau lopin de terre et les plans de la maison qu’ils allaient construire étaient prêts. Et pourtant, tout ne semblait pas parfait. «Le voisin du lopin de terre était agent immobilier. Quand nous lui avons appris que nous n’allions finalement pas construire sur ce terrain, il a eu l’idée de nous montrer cette maison. Il savait que Sotheby’s allait la mettre sur le marché», explique Koen, ce à quoi Karo ajoute: «Je suis directement tombée amoureuse de cette maison. Dans les jours, les semaines et les mois qui ont suivi notre visite, je ne pensais qu’à ça. Mais nous étions obligés de faire profil bas. Car le prix de la maison était trop élevé et il fallait résister. Nous avons joué les difficiles (rires), mais dans mon esprit, la maison était entièrement aménagée avant même que nous fassions une offre.» Finalement, ce sympathique couple a réussi à acheter la maison après quelques mois, au grand regret d’un chanteur belge à succès qui était également intéressé. «Quand notre offre a été acceptée, le propriétaire a eu la gentillesse de nous laisser beaucoup de temps pour découvrir la maison. Tous les lundis, j’arpentais la maison avec mon carnet de notes», raconte Karo, qui a été immobilisée par un accident quelques semaines après l’achat. «Malgré la gravité de l’événement, cela m’a donné le temps de m’occuper de la rénovation. Nous avons pris notre temps et considéré ce projet comme un processus d’évolution.»

© Stephanie Mathias, Thibault De Schepper et Eva Verbeeck

Deux mille carreaux

«Nous sommes allés choisir le carrelage du sol à Vérone. Lorsque les carreaux en travertin sont enfin arrivés, nous ne parvenions pas à distinguer l’envers de l’endroit, tellement ils étaient sales. Pour éviter de nous tromper, nous avons passé un week-end entier à nettoyer deux mille carreaux, avec l’aide précieuse de nos proches. Ce n’est que quand les carreaux étaient secs que nous avons pu voir de quel côté il fallait les poser. Cette maison est donc riche d’histoire.» La cuisine de Koen et Karo est une réussite et à la fois une carte de visite qui témoigne des capacités de l’atelier Fierens. L’amateur ne verrait qu’un plan de travail en marbre vieux rose et des armoires en épais placage en bois de noyer. Mais le connaisseur verra que tous les grains de bois traversent l’ensemble de la cuisine. De gauche à droite, de haut en bas, de la cuisine au garde-manger. Du garde-manger au vestiaire et jusqu’aux toilettes encastrées. Un exploit qui a été récompensé par un Trophée Menuiserie. «C’est idiot, mais quand tout s’emboîte et que tous les détails sont exactement comme prévu, cela me met en joie», dit Koen. Le choix du noyer comme essence de bois est le résultat d’un énorme coup de cœur. Les chaises de la marque japonaise Miyazaki, que Koen et Karo ont remarquées lors de la semaine du design à Milan, sont devenues le point de départ de la conception de la cuisine et ont donc déterminé le choix des matériaux au rez-de-chaussée. «Surtout parce qu’elles se fondent parfaitement dans la maison et qu’elles dégagent un énorme savoir-faire», explique Karo. «Nous apprécions une grande diversité de styles et de couleurs, mais nous partons toujours de l’architecture de la maison pour nos clients. Quel style la maison impose-t-elle? Comment les gens utilisent-ils leur logement? Nous avons choisi un intérieur qui respire la tranquillité. Nous avons des vies professionnelles bien remplies et, avec nos deux fils adolescents et leurs amis, l’ambiance est souvent agréablement animée. Nous avons choisi consciemment de ne pas assembler trop de matières différentes ni trop de couleurs voyantes. Ce sont principalement les œuvres d’art qui ajoutent des touches de couleur dans la maison.» De Panamarenko à Peire en passant par Jan Vanriet, Hilde Van Sumere, Pieter Vermeersch et bien d’autres. «C’est une passion qui m’est inculquée depuis que je suis enfant», dit Karo, «ma mère est une collectionneuse avide.» Mais outre l’art avec un grand K, Koen et Karo apprécient aussi les curiosités dénichées ici et là au fil des ans. En témoignent la poule accrochée au mur et l’alpaga Sven qui orne le hall. «Parfois, je crains le pire quand Karo revient avec un tas d’objets», avoue Koen. «Mais elle parvient toujours à les assembler pour en faire un ensemble magnifique, inspirant et original.»

Le Bleu Stockmans Koen et Karo ont commandé l’œuvre d’art en 2014 mais n’ont jamais trouvé le bon endroit pour l’exposer. La façade de la dépendance semble aujourd’hui la destination idéale pour l’œuvre d’art, et c’est ce que pense aussi Piet Stockmans.
Le Bleu Stockmans Koen et Karo ont commandé l’œuvre d’art en 2014 mais n’ont jamais trouvé le bon endroit pour l’exposer. La façade de la dépendance semble aujourd’hui la destination idéale pour l’œuvre d’art, et c’est ce que pense aussi Piet Stockmans. © Stephanie Mathias, Thibault De Schepper et Eva Verbeeck

Bordélique et créative

Le couple aime beaucoup l’artiste Piet Stockmans. «Son travail est intemporel, tout comme cette maison», déclare Karo. «Nous sommes très honorés qu’il ait installé son œuvre sur la façade de la dépendance. Nous trouvons que l’âme de la maison correspond tout à fait à l’artisanat poétique qu’incarne Piet Stockmans». L’œuvre d’art se compose de petits pots en porcelaine, chacun peint de manière unique dans le bleu caractéristique de l’œuvre de Pieter Stockmans. Koen et Karo ont commandé l’œuvre d’art en 2014 mais n’ont jamais trouvé le bon endroit pour l’exposer. La façade de la dépendance semble aujourd’hui la destination idéale pour l’œuvre d’art, et c’est ce que pense aussi Piet Stockmans.

Baignoire encastrée Karo voulait absolument une baignoire encastrée dans le sol, avec un sol en biais vers la baignoire. «La première réaction des artisans est souvent de dire “ce n’est pas possible”, ce qui me donne encore plus envie de réaliser mon idée», dit Koen.
Baignoire encastrée Karo voulait absolument une baignoire encastrée dans le sol, avec un sol en biais vers la baignoire. «La première réaction des artisans est souvent de dire “ce n’est pas possible”, ce qui me donne encore plus envie de réaliser mon idée», dit Koen. © Stephanie Mathias, Thibault De Schepper et Eva Verbeeck

L’affectation de la dépendance prend également forme. Koen et Karo l’ont mis à la disposition de réfugiés de guerre ukrainiens pendant un an. Depuis, ceux-ci ont eu accès à des logements adaptés. «La dépendance servira d’abri pour les équipements de sport et les vélos et aussi comme salle d’échantillonnage. J’aurai le droit d’y être “très bordélique” et créative», rêve Karo à voix haute. Car dans l’entreprise aussi, c’est Karo qui crée et inspire. Forte de son équipe d’architectes d’intérieur, elle conçoit des projets globaux surprenants pour les clients. «J’ai souvent tendance à sortir les clients de leur zone de confort», admet-elle.

Koen et Karo aussi ont dû sortir de leur zone de confort, notamment pour la salle de bains. «Je voulais absolument une baignoire encastrée dans le sol, avec un sol en biais vers la baignoire». Et Koen de répondre: «La première réaction des artisans est souvent de dire “ce n’est pas possible”, ce qui me donne encore plus envie de réaliser mon idée.»

Ils sont tous deux conscients d’avoir été très exigeants avec les artisans qui ont travaillé chez eux. «La barre était très haute, ce qui est le cas dans tout ce que nous faisons. Mais nous sommes tellement reconnaissants quand tout est exécuté exactement comme nous l’avions imaginé. Une fois la maison achevée, nous avons invité tous les artisans et leurs partenaires. C’était un merveilleux moment. La fierté se lisait sur les visages. Le fait qu’ils puissent, pour une fois, montrer à leur partenaire ce à quoi ils œuvrent jour après jour leur a vraiment fait plaisir», jubile Karo. «Nous veillons à ne jamais considérer l’artisanat comme acquis. Notre atelier est un atout majeur pour notre entreprise et nous apprécions nos artisans à leur juste valeur», dit Koen, alors que Karo revient avec un petit carreau ancien. «Je l’ai trouvé sur un marché aux puces récemment. C’est un dicton qui recèle une belle vérité: “La gratitude est la mémoire de notre cœur”. Et nous sommes reconnaissants.»

Trophée Menuiserie Le connaisseur verra que tous les grains de bois traversent l’ensemble de la cuisine. De gauche à droite, de haut en bas, de la cuisine au garde-manger. Du garde-manger au vestiaire et jusqu’aux toilettes encastrées. Un exploit qui a été récompensé par un Trophée Menuiserie.
Trophée Menuiserie Le connaisseur verra que tous les grains de bois traversent l’ensemble de la cuisine. De gauche à droite, de haut en bas, de la cuisine au garde-manger. Du garde-manger au vestiaire et jusqu’aux toilettes encastrées. Un exploit qui a été récompensé par un Trophée Menuiserie. © Stephanie Mathias, Thibault De Schepper et Eva Verbeeck

www.fierens.com

www.pietstockmans.com

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