Ask an expat: Le Tokyo de photographe Rob Walbers

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«J’ai choisi cette petite station pour être sûr que nous nous retrouvions facilement», dit Rob en souriant dès son arrivée. Nous sommes à Setagaya Daita, une petite station de métro à l’ouest de Tokyo. Le métro est le moyen de transport par excellence dans cette ville, mais retrouver quelqu’un dans une station peut vraiment relever de l’exploit. La plupart des stations de métro ont d’innombrables sorties et sont construites comme des labyrinthes. Ce n’est pas le cas de la station Daita. Elle est d’autant plus intéressante qu’elle offre, à sa sortie sud, une vue sur l’emblématique Mont Fuji.

Rob veut nous faire découvrir Shimokitazawa et, plus précisément, le nouveau quartier. «Dans l’ancien quartier règne encore le tohu-bohu si caractéristique de Tokyo», dit-il. «Il y a tellement de boutiques vintage à Shimokita qu’il y règne un parfum de vêtements d’occasion. Le nouveau quartier est tout à fait à l’opposé et baigne dans la tranquillité. Il y a quelques années, l’ancienne voie ferrée a été transformée en un tout nouveau quartier. Au début, il détonnait un peu dans l’ambiance de Shimokita, mais je me suis vite rendu compte de ses qualités. Il y a ici plein d’endroits à l’extérieur où se poser tranquillement.»

Boire et manger

Après quelques minutes de marche le long d’une route à la circulation apaisée, bordée de verdure, nous arrivons à Bonus Track, l’un des trois projets développés sur l’ancienne voie ferrée. Bonus Track est une oasis de tranquillité. Des tables rondes et des chaises sont installées entre les établissements japonais modernes de couleur gris aluminium. Rob a des raisons d’être si heureux à l’idée d’être en terrasse. «Tokyo est une ville formidable, mais elle manque cruellement d’endroits pour se détendre. Il n’y a pas de terrasses ici.» Pourquoi les Japonais ne sont-ils jamais en terrasse? «J’imagine que c’est une question d’intimité. Sur une terrasse, on s’expose aux regards: en train de boire, de se reposer, de ne pas travailler.»

Ming-Teng HAOHOA Cuisine chinoise végane au cœur de Tokyo
Ming-Teng HAOHOA Cuisine chinoise végane au cœur de Tokyo © National

Quand il s’agit de boire et manger, la culture japonaise est très différente de celle de la Belgique. «Les cafés tels que nous les connaissons n’existent pas. Il y a des izakayas. On y va pour boire et pour manger.» On pourrait comparer les izakayas aux cafés espagnols où on mange des tapas tout en buvant. «Dans les izakayas, les Japonais se lâchent complètement et deviennent bruyants. Il y a aussi des bars au Japon, mais ils sont moins décontractés que chez nous. Ils ont toujours un thème spécifique et on y exige souvent un supplément de table. Par exemple, il y a des jazz-bars, qui proposent la collection parfaite de vinyles de jazz et un excellent whisky, où les gens se rendent pour apprécier la musique et non pour s’enivrer. Il n’y a pas de cafés où se poser à midi pour boire une bière. Pour faire une pause à midi, on se rend dans une coffee house.»

Bookmarc Bon pour les livres d’art et des vernissages
Bookmarc Bon pour les livres d’art et des vernissages © National

La parfaite ambiance de vacances

Nous sommes installés avec Rob à la terrasse du Tsukihi, un café où règne une parfaite ambiance de vacances. Il n’y a pas d’autre endroit comme celui-ci à Tokyo. C’est devenu son havre de paix. C’est en partie lié à sa situation. Il est devenu papa de Quinn il y a deux ans et demi, et avec un enfant, on préfère être dehors. «Il y a treize ans, je vivais encore à Anvers», explique-t-il. «J’avais réservé un voyage de dernière minute au Japon avec des amis. Dans un magasin de disques à Osaka, j’ai vu une affichette qui annonçait une fête et c’est là que j’ai rencontré une femme prénomée Asuka. Un an plus tard, le 9 janvier 2010, j’ai déménagé. Le lendemain, Asuka et moi étions en couple.»

Hoff Une cuisine moderne avec des vins naturels tout aussi modernes
Hoff Une cuisine moderne avec des vins naturels tout aussi modernes © National

Après le café, nous reprenons notre promenade dans la rue calme et verdoyante. L’obsession de la terrasse dans ce quartier est presque caricaturale. Et de la cuisine exotique. Nous découvrons un bar à tacos, une boulangerie européenne qui propose du pain au levain et même un restaurant chinois végane. Ce n’est pourtant pas évident de manger végétarien au Japon. «Ces terrasses, tout comme la gastronomie végane, ont pour objectif de répondre aux besoins des étrangers. Mais on remarque que les Japonais eux-mêmes se sont laissés prendre au jeu. Ils ne se savaient pas ce qu’ils rataient.»

Sidewalk Coffee

Un peu plus loin, nous découvrons le deuxième projet: Mikan. Il s’agit d’une longue rangée d’établissements horeca sous le pont ferroviaire. C’est un phénomène assez courant à Tokyo. «Ici, c’est la version moderne. Regardez, il y a même un grand escalier où l’on peut s’asseoir. Normalement, c’est très mal vu.»

Nous marchons jusqu’à la troisième partie du nouveau quartier de Shimokita: Reload. Le complexe est empreint de minimalisme et les boutiques sont toutes d’une élégance folle. À l’instar de l’Ogawa Coffee Laboratory, un coffee shop dont le comptoir en béton de plusieurs mètres de long est absolument dépouillé, pas un bout de papier n’y traîne. «Le week-end, on fait la queue ici», dit Rob. Nous nous installons au Ming Teng Hao Hao, un petit restaurant qui sert des spécialités orientales véganes. Les plats sont excellents, la soupe miso et le dessert fantastiques. Même si nous sommes dans un resto branché, le lunch coûte environ 7 euros. «Au Japon, on mange très bien pour moins de 10 euros», explique Rob. Les boissons sont plus chères. Un café, par exemple, coûte au moins 150 yens (3,7 euros). Mais le prix comprend le temps de repos. Personne ne vous regarde de travers si vous prenez une heure pour boire votre café.

Rob Walbers a troqué Anvers pour Tokyo
Rob Walbers a troqué Anvers pour Tokyo © National

«J’ai appris à boire du café ici, à Tokyo, il y a sept ans», explique Rob. «Ma compagne a été engagée au Hoff, un restaurant près de chez nous. Elle devait aussi servir le café, alors qu’elle n’en buvait jamais. Nous avons appris à boire du café ensemble.»

Enfin, nous passons au Hoff. Le restaurant se trouve à une petite demi-heure de marche de Shimokita, juste à côté de Yoyogi-Uehara, un quartier plein de jolies boutiques près du célèbre parc Yoyogi.

À la carte du Hoff, on trouve des vins naturels, mais nous portons notre choix sur une bière locale: Hitachino. Le patron est un homme particulièrement charismatique qui a apparemment été acteur dans une autre vie. «Hé, ces Belges te trouvent beau», lance Rob au patron, qui lui répond par un sourire timide.

Les bonnes adresses de Rob Walbers à Tokyo

BOIRE ET MANGER G*P Coffee

«Le jeune homme à l’initiative de cet endroit m’a appris à boire du café il y a six ou sept ans. C’est un lieu légèrement différent des nombreux établissements pour hipsters du monde entier. On boit son café au bar et on peut y observer la minutieuse préparation de sa tasse. On y passe aussi d’excellents disques.»

2 Chome-28-4 Honmachi, Shibuya, Tokyo gpcoffee.base.shop

Shirubee

«Vivant, animé et bruyant: l’izakaya par excellence. Une bonne ambiance, de la bonne nourriture et une table commune, ce qui est unique à Tokyo. Dans le quartier animé de Shimokitazawa.»

2 Chome-18-2 Kitazawa, Setagaya, Tokyo www.tabelog.com/en/tokyo/A1318/A131802/13001398

Ebisu Yokocho

«Un dédale de couloirs étroits avec beaucoup trop de monde dans un espace restreint. Bref, exactement ce que l’on s’attend d’une yokocho, une allée bordée de izakayas. Boire et manger dans une ambiance bruyante et animée. L’endroit idéal pour se faire des amis autour d’une bonne bière.»

1 Chome-7-4 Ebisu, Shibuya, Tokyo ebisu-yokocho.com

The Apollo

«Une cuisine grecque à se damner. Le choix idéal pour une sortie à deux dans un resto chic.»

Op de elfde etage van Tokyu Plaza, 5 Chome-2-1 Ginza, Chuo, Tokyo theapollo.jp

Lanterne

«On pourrait décrire ce lieu comme une version moderne de l’izakaya. Ils ont ouvert un deuxième établissement. Je suis souvent allé au premier, à Yoyogi-Uehara, et il vaut vraiment le détour.»

B1F 3 Chome-5-3, Nishihara, Shibuya, Tokyo lanterne.jp

ART ET CULTURE Bookmarc

«Une librairie avec un beau choix de livres de mode, de photographie et de musique. On y organise souvent des expos de photos. Leurs vernissages sont l’occasion de boire des bières gratuites et de rencontrer de chouettes gens.»

4 Chome-26-14 Jingumae, Shibuya, Tokyo www.tokyoartbeat.com/venues/-/ 6E942DFA

Tokyo Photographic Art Museum

«J’y vais moins souvent qu’au Bookmarc, mais ce musée organise souvent d’excellentes rétrospectives.»

1 Chome-13-3, Mita, Meguro City, Tokyo www.topmuseum.jp

SHOPPING Miyashita Park

«Un centre commercial branché avec un magnifique parc sur le toit, où la jeunesse vient se détendre. Il se trouve juste à côté du très célèbre Shibuya Crossing. Il y a un Starbucks et quelques chouettes restaurants .»

6 Chome-20-10 Jingumae, Shibuya, Tokyo www.miyashita-park.tokyo

Flotsam Books

«Il y a quelques années, un jeune gars a ouvert une librairie dans un endroit particulièrement mal situé, à Okinawa Town. Je me suis dit que cela ne marcherait jamais. Pourtant, il y a toujours du monde.»

1 Chome-10-7 Izumi, Suginami, Tokyo www.flotsambooks.com

Stayflower

«Le Stayflower, situé dans le même Okinawa Town, est un magasin de fleurs dont l’histoire est similaire à celle de Flotsam Books. En deux ans, cette petite boutique s’est imposée auprès de la jeune génération.»

1 Chome-24-6 Izumi, Suginami, Tokyo

www.stayflower2019. com

Shimokita Un quartier relax
Shimokita Un quartier relax © National

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