La révolution électrique de Lotus
Le SUV purement électrique Eletre est déjà de loin la voiture la plus controversée jamais construite par Lotus. Voici pourquoi.
Depuis que Lotus a annoncé l’année dernière que l’Emira serait la dernière voiture à moteur à combustion de la marque (nota bene: disponible avec un moteur V6 de Toyota et un bloc AMG à quatre cylindres de Mercedes-Benz), on attendait avec impatience le premier modèle de voiture qui inaugurerait véritablement l’ère électrique chez Lotus. Et le voilà! Le SUV purement électrique Eletre. C’est déjà de loin la voiture la plus controversée jamais construite par Lotus et elle marque une transition parfaite, car l’entreprise passe actuellement d’une société britannique de voitures de sport à une marque mondiale de voitures de performance avec des voitures familiales très sportives en plus des voitures de sport.
L’Eletre est le SUV à deux moteurs le plus rapide au monde
Combinant l’âme de l’Emira, la voiture de sport Lotus la plus récente, et les performances aérodynamiques révolutionnaires de l’hypercar entièrement électrique Evija (une édition limitée à 130 exemplaires), l’Eletre les réinterprète toutes deux en un hyper-SUV audacieux et avant-gardiste. «Hyper fait référence à la performance ultime du SUV», précise Diederik Reitsma, responsable des relations publiques pour l’Europe. «Le terme hyper-SUV n’a jusqu’à présent été revendiqué par aucune autre marque, nous en avons donc profité. L’appellation indique bien que l’Eletre est une voiture de superlatifs, dont on n’est jamais avare avec une hypercar. L’Eletre est le SUV à deux moteurs le plus rapide au monde.»
Made in China
«Le lancement de l’Eletre est une évolution naturelle pour Lotus», déclare Matt Windle, vice-président du groupe et directeur général de Lotus Cars. «Les voitures de sport à deux places ne conviennent pas à tout le monde et nous souhaitons proposer une Lotus pour chaque étape de la vie.» L’Eletre – qui, dans certaines langues d’Europe de l’Est, signifie «prendre vie» – en est le début. «Born British, raised globally», il est le résultat de la collaboration entre des équipes d’experts Lotus au Royaume-Uni, en Allemagne et en Chine. Comme les équipes de Hethel, siège de Lotus depuis 1966, chargées de la définition et des caractéristiques des produits, les équipes de conception du Lotus Tech Creative Centre de Coventry, les équipes d’ingénierie du Lotus Tech Innovation Centre de Raunheim et les équipes d’ingénierie et de production du Lotus Tech de Wuhan. Car l’Eletre sera construite en Chine, étant donné que Lotus fait désormais partie du groupe chinois Geely.
Au premier coup d’œil, le look élégant et exotique de l’Eletre est particulièrement frappant avec ses poignées de porte escamotables et ses caméras en guise de rétroviseurs (en option), ainsi que son impressionnant design «poreux». On peut même carrément introduire la main dans certaines prises d’air. «Il y a littéralement des trous dans la carrosserie», nous dit Diederik Reitsma en introduisant sa main dans une prise d’air. «C’est une façon innovante de guider le vent pour améliorer nettement l’aérodynamisme. En outre, l’Eletre offre également un aérodynamisme actif. Il permet à la calandre de s’ouvrir et de se fermer automatiquement pendant la conduite. L’Eletre dispose ainsi du kit aérodynamique actif le plus avancé sur un SUV de série. Et en même temps, il est tout à fait caractéristique d’une Lotus. Le fondateur de Lotus, Colin Chapman, grâce à sa philosophie du design axée sur des voitures légères et maniables, a hissé Lotus à des sommets sans précédent en Formule 1. Pour le choix des matériaux de l’Eletre, Lotus s’est également inspirée de la philosophie «Light is Right», si chère à Colin Chapman. Outre une carrosserie principalement composée de fibre de carbone et d’aluminium, l’intérieur fait la part belle aux textiles synthétiques durables (une alternative au cuir innovante, respectueuse de l’environnement, sans odeur et dont la durée de vie est plus longue que celle du cuir véritable) et aux mélanges de laine légers. Malgré tout, l’Eletre pèserait deux tonnes (le chiffre officiel n’est pas encore connu). Un poids qui pourrait faire se retourner Colin Chapman dans sa tombe, mais pour un SUV électrique de 5,1 mètres de long, ce n’est pas si mal.
Intelligence avant-gardiste
L’Eletre dispose également de la première technologie LiDAR déployable au monde et de capacités de conduite autonome avancées (niveau 4) de série, ce qui en fait techniquement la Lotus la plus avant-gardiste de tous les temps. Cela signifie que si vous préférez ne pas conduire, toute une armée de capteurs LiDAR est prête à aider l’Eletre niveau 4 à prendre votre relève sur la route de manière autonome. Il ne reste plus qu’à attendre la décision du législateur. «Pour vous donner une idée: les voitures actuelles sont de niveau 2, au niveau 5, la voiture peut aller, disons jusqu’à Anvers, sans personne à bord», affirme Diederik Reitsma. «Même une marque comme Tesla ne dispose pas encore du niveau 4 dans ses voitures de série. En outre, l’Eletre est équipée d’une fonction, activée par smartphone, qui lui fait faire les créneaux pour se garer sans personne à bord.
Pourquoi le nom de chaque modèle Lotus commence-t-il par un «e»?
Après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur en 1948, Colin Chapman, fondateur de Lotus, transforme une Austin Seven de 1928 pour participer à des courses de trial locales, ce qui renforce sa passion. En 1949, il réinvestit l’argent gagné lors de ces courses pour transformer une autre Austin Seven qu’il pilote également pour participer à des courses automobiles locales. Colin Chapman baptise cette deuxième voiture «Mark II», renommant rétroactivement sa voiture originale «Mark I». Colin Chapman continue à donner des noms à chiffres romains aux voitures qu’il construit jusqu’à la Mark X. La onzième voiture est censée être la Mark XI, mais il choisit de supprimer le «Mark» du nom et de remplacer les chiffres romains par des chiffres arabes. La voiture suivante doit donc s’appeler «Lotus 11», mais comme le «11» ressemble trop au «II» romain, Colin Chapman décide de baptiser la voiture «Lotus Eleven». Le début d’une longue série de voitures dont le nom commence par «e».
L’Eletre côté technique
L’Eletre se décline en trois versions: l’Eletre, l’Eletre S et l’Eletre R, avec le choix entre deux groupes motopropulseurs automobiles électriques. L’Eletre et l’Eletre S sont équipées du système single speed de 450 kW/603 ch, avec une autonomie maximale de 600 km. L’Eletre R est dotée du système dual speed (c’est-à-dire à deux vitesses) de 675 kW/905 ch et d’une autonomie maximale de 490 km. Le couple est de 710 et 985 Nm respectivement (pour la R), ce qui donne des vitesses de 0 à 100 km/h en 4,5 ou 2,95 secondes. L’Eletre fait ainsi son entrée dans le prestigieux «Two-Second Club», capable de passer de 0 à 100 km/h en moins de trois secondes. La batterie de 112 kWh pour les trois versions a un temps de charge de seulement 20 minutes pour 400 km d’autonomie en utilisant un chargeur rapide de 22 kW AC.
L’Eletre est également le premier SUV au monde doté d’une architecture 800 V, offrant une autonomie exceptionnelle et une recharge ultra rapide (jusqu’à 350 kW). Il côtoie donc dans cette catégorie la Porsche Taycan, l’Audi e-tron GT, la Kia EV6 et la Huyndai Ioniq 5. Le coffre d’une capacité de 611 litres fait de l’Eletre la Lotus la plus spacieuse jamais conçue.
Et un coupé électrique quatre portes est prévu pour 2024. Le petit frère de l’Eletre sera aussi lancé en 2025, suivi d’une voiture de sport à deux portes. Tous deux électriques.
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