La quête du bien-être et ses dérives: cela en vaut-il vraiment la peine ?
Nous sommes plus que jamais mobilisés par le bien-être pour combattre le stress quotidien. Mais le but recherché justifie-t-il pour autant des moyens toujours plus lourds ? Trends Style a mené l’enquête.
Le premier film d’horreur à avoir recherché et trouvé son inspiration dans les usages pratiqués dans les centres de bien-être sortira bientôt dans les salles de cinéma. La bande-annonce de A cure for wellness (A Cure for Life, côté francophone) est aussi prometteuse que terrifiante: une femme, à peine consciente, s’agrippe au rebord de sa baignoire. Des sangsues rampent derrière elle et sur elle. Lugubre, allez-vous penser, mais dans quelle mesure les pratiques présentées dans le film – certes agrandies – sont-elles éloignées de la réalité ?
Des bagues sont glissées avec zèle autour des orteils nous promettant un corps plus mince et à chaque interview, Gwyneth Paltrow défend les effets bénéfiques du nettoyage en profondeur de son vagin à la vapeur. Les pédicures impliquant des petits poissons qui dévorent la corne de vos pieds sont recherchées et il existe des traitements rajeunissants au cours desquels on vous soustrait du sang de votre visage pour le réinjecter ensuite.
En résumé, dans notre quête incessante vers une version plus saine de nous-mêmes, nous sommes de plus en plus souvent prêts à mobiliser des moyens radicaux.
Le bien-être est partout
Pourtant, le bien-être a un jour commencé comme une quête pleine de promesses, et moins compliquée. C’était un terme qui décrivait “un état de bien-être complet, social, physique et mental”. Un concept dont les fondements sont donc certainement défendables, souhaitables même, dans l’effervescence de notre société.
Certains produits sont du jour au lendemain assimilés au mal, alors que d’autres sont exaltés.
Mais depuis que le terme est apparu pour la première fois en 1959, il a évolué en quelque chose de beaucoup plus complexe. Le label bien-être se retrouve sur tout: des jus bios vendus en masse jusqu’aux massages onéreux et aux suppléments alimentaires. Certains produits (le gluten et les produits laitiers) sont du jour au lendemain assimilés au mal, alors que d’autres sont au contraire exaltés. Le fil conducteur: le bien-être doit nous rendre plus sains, ou du moins nous donner le sentiment que nous le sommes.
Le stress de notre société
Le fait que pas mal de personnes essaient d’atteindre le bien-être ressort également des chiffres: en cinq ans, le nombre de centres de bien-être a augmenté d’un quart. Ce soudain focus sur le bien-être n’est pas surprenant. La rédactrice en chef de Bodytalk et médecin Marleen Finoulst attribue cette évolution à notre société trépidante. “On n’a plus que jamais besoin de détente aujourd’hui. Les gens ont notamment sans cesse le sentiment de ne pas être dans le bon concernant leur santé.”
Si l’on examine ce qui est nécessaire pour mener un style de vie sain, ce n’est également pas si étrange. Vous ne pouvez pas fumer ou boire plus de dix verres d’alcool par semaine, vous devez manger cinq fruits et cinq légumes par jour, dormir suffisamment et si possible aussi faire du sport régulièrement.
“Pour pas mal de personnes, c’est irréaliste, entraînant chez elles un sentiment tenace de culpabilité”, explique Finoulst. “Cela les rend plus sensibles aux messages publicitaires émis par l’industrie du bien-être. Le bien-être peut alors vous donner l’impression que vous compensez quelque peu, que vous faites quelque chose de bien pour votre corps.”
Cela rapporte gentiment: l’industrie du bien-être est entre-temps valorisée à quelque 3.000 milliards d’euros sur le plan international. Celle-ci englobe le tourisme, les spas, les soins, la mode, l’alimentation, les suppléments et les centres de fitness. Une puissante industrie dont le but est de nous convaincre de vivre de manière plus saine, et qui nous blâme si nous ne le faisons pas.
Bien-être versus science
De ce fait, bien-être et science tombent difficilement d’accord. Car quoi que les professeurs puissent dire, pas mal de gens sont fermement persuadés que le bien-être peut réellement les aider à se débarrasser de certains maux. “Pourtant, peu de pratiques de bien-être sont scientifiquement fondées”, explique Finoulst.
“Du fait que vous êtes détendu, il y a bien un effet indirect sur la santé. Si vous parvenez à bien vous relaxer, les hormones de stress dans votre corps diminuent et c’est de toute façon bénéfique. Pas mal de plaintes liées à la santé, comme le mal de dos, sont notamment liées au stress.” En ce sens, une séance bien-être peut effectivement aider. “Mais vous obtenez le même effet en faisant une promenade dans la nature. Les avantages ne sont donc pas exclusifs. Ce n’est que si vous vous sentez réellement bien dans un environnement de bien-être spécifique, que celui-ci peut également effectivement aider.”
Les super-aliments pas supérieurs
Mais où certaines pratiques de bien-être ont bel et bien leur utilité, certains usages sont aussi complètement insensés. Ainsi, la culture Instagram a plus que volontiers adopté les dénommés super-aliments. Une photo d’un avocat ou d’un yaourt au granola et aux baies de goji aura de bien meilleurs scores que si quelqu’un fournit la preuve de manger, disons, une grappe de raisins.
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Les super-aliments sont branchés et c’est surtout le résultat des actions de pas mal de marketeurs. “C’est surtout une hype commerciale. Bien qu’il s’agisse effectivement de produits sains, ils ne procurent pas plus de bienfaits pour la santé que de manger des pommes, des poires, des poireaux ou de la salade”, souligne Finoulst. “Seulement, les responsables marketing adorent utiliser le terme, afin de fixer un prix plus élevé à leur marchandise.”
Détoxifier le corps
Et les cures de jus pour détoxifier votre corps continuent également à se vendre. L’utilité de celles-ci a pourtant été réduite à néant par un grand nombre de chercheurs, et Finoulst n’est également pas convaincue. “Vous ne pouvez absolument pas détoxifier votre corps. La personne qui ne boirait que des jus de légumes pendant toute une semaine n’emmagasinerait bien sûr pas de produits malsains comme les bonbons ou l’alcool pendant ce temps. Le fait que vous éliminiez ces produits de votre diète et que vous consommiez des vitamines est donc relativement sain mais, quoi qu’il en soit, on ne peut également pas parler de vraie détoxification. Cette fonction est réservée à notre foie et à nos reins, et ne peut par conséquent pas être influencée de l’extérieur.”
Les fabricants de produits de bien-être savent bien que les gens désirent recourir à des méthodes lourdes pour se sentir en meilleure santé
Pas mal de fabricants de produits de bien-être savent bien en outre que les gens désirent recourir à des méthodes lourdes pour se sentir en meilleure santé, et ils jouent volontiers là-dessus. “Il existe par exemple des capsules de détox qui, lorsque vous les avez dans votre estomac, font augmenter le volume du transit intestinal. De ce fait, les gens pensent rapidement qu’ils éjectent une énorme quantité de toxines de leur corps, alors que ce n’est pas du tout le cas.”
Dangereuses tendances de bien-être
L’expérimentation d’une nouvelle tendance de bien-être n’est en outre également pas aussi inoffensive que cela pourrait paraître. Finoulst: “Mieux vaut certainement faire attention à tout ce que vous avalez. Si vous utilisez des suppléments alimentaires, signalez-le assurément à votre médecin de famille. Si vous suivez d’autres traitements en parallèle, par exemple contre le cancer, ceci est encore plus important. Certains suppléments interfèrent notamment avec le fonctionnement du traitement, ce qui conduit à ce que celui-ci ne puisse par conséquent pas faire complètement son travail.”
Si vous avez des questions au sujet du bien-être comme moyen de lutte contre la maladie, vous pouvez vous adresser à cancer.be. Vous pouvez appeler cancerinfo pour poser vos questions sur les formes de cure bien-être que vous désirez expérimenter et vous renseigner si elles ont oui ou non un impact sur votre traitement.
Aussi stéréotypé que le conseil puisse paraître, continuez à utiliser votre bon sens lorsque vous avez enfermé votre corps dans une cabine de sauna pauvre en oxygène. Bien que le bien-être n’entraîne pas toujours les effets sur la santé annoncés par la publicité, pour peu que vous y ayez sérieusement réfléchi, cela ne peut également pas faire de mal. Il est important de considérer le bien-être pour ce qu’il est: un potentiel havre de paix dans une société agitée, et non un remède miracle contre des maladies récalcitrantes ou un moyen de compenser un style de vie malsain. Important à avoir à l’esprit la prochaine fois que vous hésiterez à mettre des detox pads pour vos plantes de pied dans votre caddie.
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