‘J’ai testé un personal trainer et j’ai failli m’évanouir’

Sport and fitness © Getty Images/iStockphoto

Prendre un abonnement à un centre de fitness et se tenir à la bonne résolution de s’y rendre régulièrement sont deux choses différentes. Un problème de motivation qu’un personal trainer peut aider à résoudre. Nous avons fait le test.

C’est la première question que me soumet mon nouveau personal trainer Paul Tucker lorsque j’entre dans la salle de sport. D’emblée une question sérieuse, car le nombre de fois que je désire venir est le minimum absolu pour pouvoir écrire cet article. Mon amour pour le sport n’a en effet jamais connu les sommets. Pire encore, un quelconque enthousiasme pour le sport ne se déclenche chez moi qu’après l’absorption d’un grand pot de Ben & Jerry’s. La culpabilité comme motivation pour faire de l’exercice, je vous l’accorde.

Mon enthousiasme pour le sport ne se déclenche chez moi qu’après l’absorption d’un grand pot de Ben & Jerry’s

‘Vous pensez que j’ai besoin de combien d’entraînements ? Je veux dire, pour tout comprendre’

‘Au minimum trois fois’, répondit-il du tac au tac. ‘De préférence encore cette semaine.’

Fuck.’

Pas mal de jurons allaient encore fuser, durant la semaine suivant mon entrée en matière du personal training. Paul Tucker – et par extension tout personal trainer qui se respecte – ne jure que par l’efficacité. Ici, des appareils comme vous en rencontrez dans n’importe quel centre de fitness, vous n’en trouvez pas. Au lieu de cela, le focus est mis sur des poids libres que vous utilisez pour accomplir quelques exercices ambitieux. “Cela n’a aucun sens de payer un personal trainer si celui-ci vous fait tout de même faire ce que vous pouvez également faire par vous-même’ est le mantra approprié.

Cela n’a aucun sens de payer un personal trainer si celui-ci vous fait tout de même faire ce que vous pouvez également faire par vous-même.

Paul a le charisme approprié pour un personal trainer: une incroyable disponibilité empreinte du regard ferme de celui qui drille quotidiennement des soldats. A la taille de ses biceps, je constate qu’il s’approprie lui-même régulièrement les haltères, et son T-shirt est tendu de manière tellement serrée autour de son torse que j’ai d’avance honte du modèle sans forme que j’ai mis dans mon sac de sport. D’emblée, une première leçon: au cours d’un entraînement où seul votre corps est au centre, vous n’êtes de loin pas aussi invisible que lors de vos séances habituelles dans une salle de sport ordinaire.

Capacités du corps mises à nu

Une analyse approfondie de mon corps et de ses capacités est la première chose à laquelle je suis soumis durant mes sessions sportives. Les clients qui ont droit à un personal trainer ont en effet des gabarits, morphologies et tailles très hétérogènes. Une approche universelle pour tous les sportifs ne seraient certainement pas suffisantes.

Une approche universelle pour tous les sportifs ne seraient certainement pas suffisantes.

Après avoir rempli un questionnaire de deux pages (antécédents médicaux ? expérience sportive ? habitudes alimentaires ?), je suis invité à prendre place sur un appareil qui, en quelques secondes, réalise un screening détaillé de mon corps. Il révèle avec précision ses forces et faiblesses. Paul pourra ensuite déterminer les exercices que je peux supporte. C’est un service supplémentaire que tout personal trainer n’offre pas et qui nécessite de payer un supplément.

Folie physique et mentale

Ce sera une manière complètement différente de m’entraîner, pensai-je rapidement. Car où l’achat d’un abonnement fitness ordinaire comprend également le luxe, entre les différents exercices, de s’adonner à Instagram, il n’y a nullement le temps pour cela avec un personal trainer. Les entraînements durent systématiquement une demi-heure. Plus longtemps, ce n’est pas nécessaire, estime Paul.

La personne habituée au canevas habituel exercice-repos de rigueur dans les autres centres de fitness, se retrouve, au cours d’un personal training, jetée à corps perdu dans une forme d’intensité entièrement nouvelle.

A l’entendre, cela semble préférable : en passant moins de temps dans une salle de sport, vous rentrez chez vous avec davantage de résultats. Dès le premier entraînement, je découvre néanmoins aussi que cela implique certes une demi-heure de folie physique (et mentale). Car celui qui est habitué au canevas habituel exercice-repos appliqué par les autres centres de fitness, se retrouve, au cours d’un personal training, jeté à corps perdu dans une forme entièrement nouvelle d’intensité. Après un court échauffement, Paul m’impose de faire des pompes, de lancer un ballon de basket lesté et ensuite immédiatement de faire des squats. “Nous allons répéter cela deux fois. Pas de pauses.’ Gloups.

Bien que cette approche impitoyable ne m’indique qu’une seule direction, je tire la sonnette d’alarme dès le premier quart d’heure, je suis déjà entièrement rouge.

‘Est-ce normal que mon ouïe disparaît partiellement ?’

‘Que voulez-vous dire ?’

‘Attendez, sorry, je pense que je vais m’évanouir’

La joie de vivre débordante telle qu'on la voit sur cette photo, n'a en aucun cas fait partie de mon expérience sportive.
La joie de vivre débordante telle qu’on la voit sur cette photo, n’a en aucun cas fait partie de mon expérience sportive.© Getty Images/iStockphoto

Sauter pendant trois minutes sur un bloc sans oublier de respirer en même temps s’est avéré un défi plus difficile que prévu. Ce ne sera pas la dernière fois que ce serait de trop pour moi. Rien qu’au cours du premier entraînement, je me suis retrouvé trois fois à bout de souffle.

Mais grâce à cette approche personnelle, j’ai aussi découvert d’une autre façon mon propre corps. J’ai appris des choses que je n’aurais jamais découvertes si j’avais moi-même eu la situation en main. L’importance de la respiration pendant les exercices, pour ne donner qu’un exemple. Vos muscles ont en effet un besoin vital d’oxygène lorsque vous vous confrontez à vos propres limites sportives. Mais aussi la nécessité d’une hydratation adaptée (“on ne boit jamais trop d’eau”) et d’un schéma alimentaire adapté ont été soulignées à plusieurs reprises.

Ne pas réfléchir, juste faire du sport

Pourtant, il n’y a pas que des femmes et des hommes en quête d’une belle musculature qui font appel à un personal trainer. Les objectifs poursuivis par les personnes qui sollicitent un coach personnel sont extrêmement variés. Citons les clients en revalidation, ceux désireux de se débarrasser de quelques kilos superflus, les clients dont le but est d’échapper un instant à l’emprise hystérique de leur mailbox. ‘Ne pas avoir à réfléchir’ a beau ne pas être la principale raison de ma visite, cela n’en a pas moins été un effet secondaire que j’ai vite appris à apprécier.

‘C’est une chose que j’entends bien souvent ici’, me confie Paul et, honnêtement, cela ne m’étonne pas. Le centre de gym de Paul Tucker se trouve dans le coeur palpitant de Bruxelles. La salle est entourée de bâtiments imposants dans lesquels des employés ont au quotidien affaire à des échéances des plus cruelles. Bien qu’un silence absolu règne dans la salle de sport (pas de bourdonnement de tapis de course, pas de fracas d’haltères), elle ne se trouve qu’à quelques mètres du brouhaha de Bruxelles.

Eviter les blessures

Une exécution correcte des exercices est également favorisée par une approche personnelle. Même les clients les plus expérimentés en fitness font encore des erreurs sur ce plan. Combien de fois je me suis entendu dire: ‘de penser comme un stripteaser’ lorsque je me penche sur mes genoux pendant un squat. Cela a pour but d’empêcher que mon bassin ne bascule de manière bizarre. Pendant l’exécution d’un lunge, Paul fait référence à une demande en mariage pour enseigner la bonne technique.

Une mauvaise exécution d’un exercice peut avoir des conséquences très ennuyeuses à long terme.

J’avoue: deux conseils plutôt contradictoires en l’espace de quelques minutes, mais ça m’aide. Il va sans dire qu’une exécution erronée d’un exercice – et plus encore avec des poids – entraîne des conséquences très ennuyeuses à long terme.

Beaucoup plus cher

Pour l’approche personnelle, vous payez également un supplément correspondant. Où les centres de fitness bon marché tentent de se concurrencer par des offres incroyables, chez Paul Tucker, vous payez facilement soixante à quatre-vingts euros par session. Le personal coach n’est donc pas accessible à tout le monde. Les personnes qui ont peu de temps à consacrer au développement d’un corps plus sain trouveront peut-être ce prix raisonnable.

Le pouvoir d’un personal trainer prend fin – hélas – aussi tôt que, après une demi-heure de sueur intense, je referme la porte de la salle de sport. Une liberté à laquelle je ne me suis manifestement pas encore habitué. Cela, j’ai dû le constater péniblement alors que, après mon dernier entraînement, je suis vite passé à la boulangerie pour me retrouver, quelques minutes plus tard, sur le trottoir avec deux croissants et une couque au chocolat.

Ben oui. Quand il s’agit de faire du sport, ma force de volonté n’a jamais été mon point fort.

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