L’année où la Formule 1 fête ses 75 ans, le sport s’invite sur grand écran. Avec F1 – Brad Pitt en vedette ! – la fièvre de la F1 gagne bientôt tous les écrans. Le film, sponsorisé par IWC Schaffhausen, sortira en avant-première le 25 juin.
Pour Christoph Grainger-Herr, CEO d’IWC Schaffhausen, F1 n’est pas un simple film de course: « Ce long-métrage marque plusieurs premières dans l’histoire du cinéma. Pour la première fois dans l’ère moderne de la Formule 1, des scènes ont été tournées avec de vraies voitures sur de véritables circuits, en pleine course — une approche qui n’avait plus été utilisée depuis Grand Prix de John Frankenheimer en 1966. »
Dès le début du tournage, sous la houlette de Lewis Hamilton en tant que producteur et de son directeur d’équipe Toto Wolff comme conseiller, les retours du paddock ont été clairs : les anciens films de F1 manquaient toujours de vitesse. Un constat que Joseph Kosinski, adepte du réalisme, a pris très au sérieux. Pour restituer l’intensité des courses, il fallait filmer à pleine vitesse. Avec l’appui du producteur Jerry Bruckheimer, il a donc opté pour des monoplaces de F2 carrossées comme des F1, pilotées par des cascadeurs et par les acteurs eux-mêmes, atteignant des vitesses allant jusqu’à 300 km/h.
‘Brad Pitt et Javier Bardem sont montés sur le podium aux côtés de vrais pilotes, face au même public’Christoph Grainger-Herr
La contrainte majeure ? Le timing. Certaines séquences ont dû être filmées dans de courts laps de temps, entre les essais libres, les qualifications et les Grands Prix. Certaines scènes ont même été tournées juste après la cérémonie du podium du Grand Prix d’Abu Dhabi, où Brad Pitt et Javier Bardem se sont retrouvés aux côtés de pilotes tels que Charles Leclerc et George Russell, face à un public bien réel — brouillant habilement les frontières entre fiction et réalité.
Vous allez bientôt gagner en notoriété grâce à votre apparition dans F1. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
CHRISTOPH GRAINGER-HERR. « C’était juste un petit bonus sympa. Il y avait une scène dans le film impliquant des sponsors, avec plein d’acteurs autour. Et on m’a demandé : “Tu veux en faire partie ? Tu es déjà là, après tout.” Bien sûr que j’ai dit oui ! Qui refuserait de faire partie d’un projet de cette envergure ? Je joue simplement mon propre rôle, quelque part en arrière-plan. Je ne sais même pas si je suis dans le montage final. Il n’y avait aucune ambition derrière tout ça, juste l’envie de vivre quelques heures sur un plateau de tournage à ce niveau, à Abou Dabi. Ce qui m’a fasciné, c’est de voir comment Joseph Kosinski travaille.
Comme dans une écurie de F1, tout est d’un calme impressionnant, parfaitement contrôlé et d’une précision absolue. Les parallèles entre une production cinématographique de haut vol et la Formule 1 sont fascinants. On retrouve cela dans la haute horlogerie. Les horlogers, eux aussi, travaillent dans un silence concentré. Chacun sait exactement ce qu’il doit faire, sans drame, et tout fonctionne. »

En tant que sponsor, avez-vous eu votre mot à dire, sachant que vous avez fourni une centaine de montres authentiques pour le film ?
C. G.-H. « Bien sûr, toutes les montres ne se retrouveront pas forcément à l’écran. Nous échangeons avec l’équipe de production, le réalisateur, le chef accessoiriste et les producteurs pour discuter de la manière dont certains éléments seront intégrés ou filmés. Mais au final, tout dépend du réalisateur et de son équipe, c’est leur vision artistique. Dans ce type de contrat, rien n’est jamais garanti ; tout reste soumis aux choix créatifs du cinéaste. Et c’est essentiel. Un réalisateur ne devrait jamais être forcé de placer une montre quelque part juste parce qu’un sponsor le souhaite. C’est une collaboration, certes, mais ce n’est absolument pas notre décision. »
Qu’est-ce qui pourrait représenter un dealbreaker pour vous ?
C. G.-H. « Lorsqu’on envisage une nouvelle production, on examine d’abord si le scénario est en phase avec notre marque. Si nos montres étaient par exemple associées à un cartel criminel, ce ne serait clairement pas le type de contexte dans lequel nous souhaiterions apparaître. Un film sur la Formule 1 est, à cet égard, plutôt sûr. Ce ne sont donc pas les détails qui comptent le plus, mais le choix réfléchi de la bonne production, de l’histoire et de l’ambiance générale. »
Si vous pouviez vous glisser dans la peau d’un pilote de F1, lequel choisiriez-vous ?
C. G.-H. « Je pense que personne ne peut nier que ce que Lewis Hamilton a accompli est remarquable. Ce que j’apprécie chez lui, c’est qu’il est bien plus qu’un pilote rapide et talentueux. C’est un véritable modèle, engagé pour le changement social, l’égalité et la durabilité. C’est aussi une icône de mode, un musicien, un acteur, un comédien… J’admire sa polyvalence. La Formule 1 a besoin de personnalités comme Lewis, des gens capables de porter un message et des valeurs bien au-delà du monde des voitures de course. Je lui voue un profond respect pour cela. »
Des personnes presque surhumaines…
C. G.-H. « Absolument ! C’est exactement ce que j’ai ressenti au fil des années de collaboration avec lui. C’est un peu comme travailler avec Hans Zimmer ou Jerry Bruckheimer. On le perçoit à chaque interaction : ils sont uniques. Ils ont un sens du détail, une vision, une clarté et une intelligence qui opèrent à un tout autre niveau. Il y a une différence entre être célèbre et exceller véritablement dans son art. Cate Blanchett en est un autre exemple. Vous pouvez lui demander quelque chose à 23 heures, dès qu’elle passe en mode professionnel, elle vous livre exactement ce qu’il faut. »
Êtes-vous vous-même amateur de voitures ? En collectionnez-vous, ou avez-vous une marque préférée ?
C. G.-H. « Pour moi, les voitures et les montres sont étroitement liées. Elles ne sont pas essentielles à la vie, mais elles suscitent de profondes émotions et symbolisent un rêve. Beaucoup de gens se souviennent d’un moment dans leur jeunesse où ils ont vu une voiture, une montre ou tout autre objet qui les a vraiment inspirés. Pour certains, cette inspiration devient une passion ou un rêve de toute une vie. Ces objets peuvent devenir une récompense pour les ambitions accomplies. Pour certains, ce sont des montres, pour d’autres des sacs à main, des bijoux, une maison ou des voyages — chacun selon ce qui le touche personnellement.
Pour ma part, les voitures ont toujours occupé une place importante, tout comme les montres. Lorsqu’on fait le bon choix, on peut en profiter pendant des années. J’aime conduire une Mercedes-AMG. Chaque trajet est un vrai plaisir. En descendant de la voiture, je me sens mieux qu’en y entrant. Cette sensation, c’est aussi ce qu’on recherche dans une montre. Quand on attache une montre au poignet pour une journée importante, on se sent plus fort, plus confiant, prêt à affronter ce qui vient. Au fil du temps, cet objet devient une source de joie discrète et de satisfaction personnelle.
C’est ce que ces objets peuvent offrir, quelque chose de rare, qu’on retrouve peu dans d’autres catégories de produits. Ce qui me fascine aussi dans l’univers automobile, c’est la manière dont les voitures reflètent les tendances culturelles. Les années 60, par exemple, baignaient dans l’esthétique de la conquête spatiale et cela s’est ressenti dans le design automobile dès les années 50. Si l’on observe l’histoire, on peut presque sentir ce que les générations recherchaient, ce qu’elles valorisaient et comment elles percevaient le luxe. Dans les années 60 et 70, les intérieurs en velours épais étaient très en vogue, pour les voitures comme pour le mobilier. Aujourd’hui, ce style peut sembler excessif, mais à l’époque, il représentait le summum de l’aspiration. Ces petits détails de design sont comme des capsules temporelles, révélant les rêves et l’esthétique de chaque époque. »

Avez-vous conduit d’autres marques que Mercedes ?
C. G.-H. « Je ne conduirais jamais autre chose (rires) ! Ce que j’adore dans certains modèles Mercedes, c’est leur caractère. Ils offrent une expérience véritablement immersive, du moteur à la précision de la direction. C’est presque de la chorégraphie. Quand on pousse certaines de ces voitures très réactives, on a l’impression qu’elles communiquent avec vous. Elles ont leur personnalité propre.
En ce sens, elles ressemblent beaucoup aux montres. Chaque montre est différente, avec ses petites imperfections mécaniques qui la rendent unique. Il en va de même pour les voitures : chaque moteur a ses particularités, ses variations subtiles, ce qui lui donne une sorte de personnalité, presque attachante. Ce lien émotionnel avec un objet est précieux. C’est quelque chose qu’on ne retrouve pas avec un smartphone ou un appareil numérique. Il y a quelque chose de spécial dans un objet mécanique avec lequel on peut interagir de manière physique et émotionnelle. »
‘Des scènes ont été filmées pour la première fois avec de vraies voitures de course, lors de vraies compétitions’Christoph Grainger-Herr
Que deviennent les montres après leur utilisation dans le film ? Les clients d’IWC auront-ils l’occasion de les découvrir, en sachant qu’elles sont apparues à l’écran ?
C. G.-H. « Elles sont exposées à différents endroits, puis rejoignent nos archives, comme pour les montres de Top Gun ou Jurassic Park. Elles deviennent alors une part de notre histoire, figurent dans notre musée, nos brochures, et qui sait, peut-être referont-elles un jour surface. C’est toujours passionnant d’entrer en contact avec un petit morceau d’histoire. »
Ce sont donc de vraies montres fonctionnelles, pas de simples accessoires de cinéma ?
C. G.-H. « Dans presque tous les cas, ce sont de vraies montres fonctionnelles. Lors de notre collaboration avec Aquaman 2 l’an dernier, quelques pièces étaient uniquement des accessoires non fonctionnels. Mais dans F1 et Top Gun, il s’agit toujours de véritables montres IWC. »
La montre de Brad Pitt dans le film est-elle plus verte que votre édition limitée ?
C. G.-H. « La couleur est exactement la même sur les deux modèles. Sous certains éclairages, surtout avec des spots, elle peut paraître plus claire. Hors projecteurs, elle est identique. »
Quel est votre modèle préféré dans la nouvelle collection Ingenieur ?
C. G.-H. « J’aime beaucoup la nouvelle Ingenieur Automatic 35 en or, une montre automatique qui transpose toute la beauté du design de l’Ingenieur signé Gérald Genta vers des poignets plus fins. Réduire le boîtier de 40 à 35 mm a été un processus intense et complexe. Il a fallu des années de travail minutieux pour atteindre les proportions et l’ergonomie parfaites.J’admire aussi beaucoup l’Ingenieur Automatic 42, notre première Ingenieur entièrement réalisée en céramique. Le développement de ce modèle a pris trois à quatre ans, donc le voir prendre vie a été extrêmement excitant. J’ai un faible pour ce type de montre de sport en céramique. »
Pourquoi cette préférence ?
C. G.-H. « Pour leur pureté technique. En termes de design graphique, le contraste entre le noir et le blanc, combiné à la réduction des reflets par rapport à l’acier inoxydable, crée une esthétique unique. La céramique élimine les reflets, ce qui permet de mieux apprécier la lisibilité graphique de la montre.Cette pureté met aussi en valeur la forme même de la montre. Avec de l’or ou de l’acier, les formes complexes du boîtier peuvent perdre en définition à cause de la brillance. Mais avec la céramique, chaque millimètre de la géométrie reste visible. En tant que designer, je trouve fascinant de voir une montre réduite à son essence grâce à ce matériau. »
À propos de forme : vous avez déjà dit que l’Ingenieur est la quintessence du design. Si vous deviez faire un parallèle avec l’automobile, laquelle serait l’icône ultime du design ?
C. G.-H. « Cela dépend un peu de l’époque. D’un point de vue classique, je dirais la Mercedes 300 SL Gullwing. Dans les années 50, cette voiture était en avance sur son temps et elle reste sublime à travers les décennies. Les tendances passent, mais jamais la 300 SL Gullwing n’a cessé d’être perçue comme une voiture magnifique. L’idée que quelqu’un se soit un jour réveillé, ait dessiné ce design et ait créé quelque chose d’aussi intemporel, c’est incroyable. Croyez-moi, on essaie de faire ça tous les jours et ce n’est pas facile.
Ces moments dans l’histoire de la création sont fascinants. Prenez par exemple John Williams et Jaws. Un matin, il s’est assis au piano et a joué deux notes : “Tum, tum. Tum, tum, tum, tum.” Et ce thème est aujourd’hui ancré dans la culture populaire. C’est ça, la force d’un bon design : il devient partie intégrante du tissu culturel. Je crois que cette génération de l’Ingenieur y est parvenue. Elle a une simplicité qui reste belle chaque jour. Ce n’est pas une montre ostentatoire, ni un grand symbole de statut, mais quand je la regarde — et je la regarde pendant des heures chaque jour —, je ne vois aucune faute. Et croyez-moi, j’adore trouver des défauts dans les montres. Mais ici, tout est exactement comme il faut. C’est pourquoi, depuis que je l’ai portée pour la première fois à Watches and Wonders, je ne l’ai plus jamais quittée. Parfois, on le sent tout simplement : c’est celle-là. »