Le retour de Corum en Suisse : paroles de son CEO Haso Mehmedovic

Dans quelques semaines, Corum soufflera ses septante bougies. Après plusieurs années d’absence, ces montres avant-gardistes uniques, avec une touche d’ADN belge, sont de nouveau disponibles chez nous.

Corum a connu ses heures de gloire entre 2000 et 2008 sous la direction d’un propriétaire belge, Severin Wunderman, mais c’est René Banwart qui a fondé la marque en 1955. Ce jeune et talentueux Suisse, qui avait débuté chez les meilleurs horlogers, avait gravi les échelons pas à pas. Il fit d’abord sensation chez Patek Philippe, puis chez Omega, où il a créé et dirigé le premier département design, donnant naissance à la Seamaster 1948 et à l’emblématique Constellation. Quelques années plus tard, il s’associait avec son oncle pour réaliser son rêve : fabriquer des montres prestigieuses d’une qualité supérieure. En 1955 naquit ainsi Corum, ouvrant la voie à une horlogerie avant-gardiste, avec pour fil rouge des modèles audacieux. « Banwart souhaitait initialement appeler la marque DuParc, du nom de la rue où elle était installée dans le berceau horloger suisse, La-Chaux-de-Fonds, mais ce nom était déjà déposé, explique Haso Mehmedovic, brand manager. Finalement, ce fut Corum, dérivé du latin quorum, le nombre minimal de présence requis pour valider une décision. »

‘Ce qui distingue la Belgique, c’est sa clientèle : elle est exigeante, a le sens du style et recherche des pièces d’exception’

Vous fermez des points de vente au Moyen-Orient, aux États-Unis, en Asie, et pourtant, après plusieurs années d’absence, Corum fait son retour en Belgique…

Haso Mehmedovic : « Nous sommes une marque de niche, destinée aux vrais connaisseurs. Le marché du Benelux était un territoire que je voulais réactiver depuis un certain temps, mais uniquement avec des partenaires sérieux, motivés et en adéquation avec notre vision. Nous ne voulons pas être partout, mais bien implantés, à des endroits stratégiques et qualitatifs. Il y a trois ans, nous comptions encore plus de 450 points de vente dans le monde, aujourd’hui, il n’en reste que 250. Et dans les deux années à venir, ce chiffre tombera à 180. Mais nous ne faisons pas que fermer des boutiques : sur un marché important comme la Belgique, nous ouvrirons de nouveaux points de vente pour accroître notre notoriété et mieux servir notre clientèle fidèle. »

Pourquoi la Belgique est-elle si importante pour vous ?

H. M. : « La Belgique comme la Suisse ont pour nous une signification particulière. Les deux sont géographiquement proches et partagent la passion de l’artisanat et du luxe. Ce qui distingue la Belgique, c’est sa clientèle : elle est exigeante, a le sens du style et recherche des pièces d’exception. Nous sommes convaincus que notre présence ici nous permettra de tisser des liens solides avec un public qui valorise la qualité et l’unicité. »

C’est un Belge, Severin Wunderman, qui a un jour conçu une montre unique pour vous.

H. M. : « Absolument ! Il a joué un rôle clé dans l’histoire de notre maison. Connu pour sa personnalité excentrique, il a lancé la Bubble en 2000, une montre rapidement devenue un phénomène, avec des files d’attente impressionnantes à travers le monde. Aujourd’hui encore, ce modèle reste très prisé. Johnny Depp, par exemple, est souvent aperçu avec une Bubble différente au poignet. Des pièces qu’il achète lui-même : Corum n’a pas d’ambassadeurs et n’offre pas de montres à des célébrités. Nos clients sont de véritables passionnés.

Corum est depuis toujours une marque avant-gardiste. Aujourd’hui, par exemple, des marques comme Hublot, Richard Mille, TAG Heuer ou Jacob & Co. s’associent à des constructeurs prestigieux, mais Corum a été la toute première maison horlogère à collaborer avec une marque automobile de luxe, Rolls-Royce, en 1976, avec un cadran évoquant la calandre d’une Rolls. »

Combien de Bubble produisez-vous par an ?

H. M. : « Il y a toujours des collectionneurs intéressés par une Bubble. Alors nous lançons chaque année deux ou trois nouvelles références, souvent en collaboration avec des artistes ou autour d’un thème qui reflète notre identité. Nos Bubble sont limitées à 88 exemplaires, un choix parfaitement assumé. Le 8 porte bonheur dans la culture asiatique. Toutes nos éditions limitées intègrent le chiffre 88 et cela nous a porté chance : elles se vendent à chaque fois en un rien de temps ! »

Quel est votre modèle vedette ?

H. M. : « La Golden Bridge mécanique pour hommes est aujourd’hui le modèle phare de Corum. Une montre particulière dotée d’un mouvement baguette visible depuis les côtés, le dessus et le dessous en verre saphir. La Golden Bridge sobre, sans diamants, est actuellement notre best-seller. La collection Admiral aussi est très importante. En plus de nos montres pour hommes (70 % de notre production), nous proposons une large gamme pour femmes. Parmi elles, la Miss Golden Bridge, plus fine, sertie de diamants. »

Votre production est bien moindre que celle, par exemple, d’Audemars Piguet (54 000 montres) ou de Rolex (1 million de montres)…

H. M. : « Contrairement aux années 2000, Corum ne produit plus entre 20 000 et 30 000 montres par an. Aujourd’hui, nous nous limitons à une production annuelle de 4 000 à 5 000 pièces, car nous souhaitons être plus exclusifs et revenir aux valeurs fondamentales de nos débuts. Nous réduisons donc progressivement la production et le nombre de modèles, nous fabriquons davantage de mouvements maison et renforçons la qualité de nos produits. La Golden Bridge, par exemple, est équipée d’un mouvement maison, mais Corum utilise encore, comme beaucoup d’autres marques, des mouvements ETA et Selita sur certains modèles. Ceux-ci seront peu à peu remplacés par nos propres mouvements maison. Mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant. »

Corum a été racheté en 2013 par Citychamp, une holding basée à Hong Kong. Le marque a-t-elle beaucoup changé depuis ?

H. M. : « La reprise par Citychamp Watch and Jewellery a marqué un tournant positif pour Corum. Leur soutien a renforcé notre engagement envers l’excellence et le patrimoine. Je travaillais déjà chez Corum avant la reprise, d’abord comme horloger, puis comme responsable commercial, et depuis 2016, comme brand manager. Je n’ai pas constaté de grands changements. Nos actionnaires tiennent à ce que tout soit produit en Suisse, car Corum est une marque suisse qui doit le rester. Nous restons fidèles à nos valeurs et les propriétaires ont toujours soutenu la marque. »

corum-watches.com

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