Égorger des zombies sur le tapis roulant : la technologie est-elle l’avenir du fitness ?
Toujours plus de centres de fitness haut de gamme optent résolument pour la technologie pour l’entraînement sportif de leurs clients. “La brèche n’est peut-être pas encore pour demain.”
Sur notre Fitbit, nous contrôlons avec ferveur le nombre de pas que nous faisons quotidiennement, en un seul clic sur notre iPhone, nous connaissons le nombre de nos battements cardiaques à la minute et le simple téléchargement d’une app suffit pour disposer d’un programme d’entraînement personnalisé. La technologie et le sport semblent former un tandem propice à faire des merveilles, et les centres de fitness évolués s’empressent de s’en emparer.
Les personnes qui se bousculent à nouveau vers les salles de fitness en janvier, persuadées que ce sera différent cette année, découvrent en effet rapidement que leurs plus grands ennemis ne sont souvent ni les haltères, ni les tapis roulants, ni tout autre instrument de torture que l’on y trouve. C’est le manque de motivation ou la monotonie qui mettent soudain rapidement fin aux bonnes résolutions et au nouvel état d’esprit. A cet égard, quelques adaptations technologies pourraient bien faire des merveilles.
Une des salles de fitness qui a déjà pleinement adopté la technologie est The Brick à Anvers. Tout en courant sur un tapis roulant, les gens y regardent un épisode de leur série préférée sur Netflix (qui reprend en outre simplement lorsque vous changez de machine). Dans le hall d’entrée du bâtiment, se trouve depuis peu un ingénieux tapis roulant sur lequel, au moyen de lunettes VR, vous pouvez égorger des zombies afin de donner cette petite touche d’excitation à vos escapades sportives quotidiennes.
Réalité virtuelle sur le tapis roulant
C’est loin d’être un hasard si la technologie apparaît précisément ici dans un telle proportion. Le coach et créateur de The Brick, David Box, croit dur comme fer dans la technologie comme moyen pour inciter les gens à faire du sport. “Ce ne sont encore que les premiers pas, mais je suis persuadé qu’à l’avenir, nous pourrons même mettre des hologrammes à côté de nos appareils de fitness pour faire un suivi de nos clients et les corriger de manière encore plus personnelle.”
Si les gens ne font pas l’exercice physique volontiers, ils ne reviennent pas
David Box
A l’origine, l’objectif n’était pourtant pas d’utiliser le tapis roulant perfectionné dans un contexte sportif. “Le point de vue du concepteur de cette piste roulante était avant tout de rendre le jeux virtuel encore plus immersif”, raconte David. “Mais si vous analysez cela de plus près, il n’est que logique que cela évolue également en histoire de fitness. Selon moi, dans le futur, l’entertainment sera l’un des secteurs les plus importants. On peut également transposer cela à la manière dont nous ferons du sport. Si les gens ne font pas de l’exercice physique volontiers, ils ne reviennent pas.”
Mais selon David, ce tapis roulant perfectionné peut également rendre l’accès au sport bien plus aisé aux personnes horrifiées à l’idée de prendre simplement une haltère en main.
“Les gens doivent simplement bouger. Si la technologie peut les aider à se mettre au sport, je trouve cela beau. En faisant des jeux virtuels, ils brûleront également des calories. “Pour cet enrichissement technologique, vous payez bien sûr un supplément fixe, et ce n’est pas évident pour tout le monde de mettre tous les mois cents euros de côté pour faire du sport. Pour les centres de fitness haut de gamme, c’est dès lors une excellente manière de se distinguer des salles de sport bon marché. A l’avenir, ces interventions technologiques ne feront en outre que se développer.”
Emmett Williamsen est également convaincu. Il est le co créateur du système de suivi de fitness interactif Myzone.Dans une interview pour le site d’informations Forbes, il soulignait que l’introduction des technologies acquiert énormément d’importance pour les salles de gym désireuses de garder leurs clients. Les gens attendent davantage d’une salle de fitness qu’un lieu où ils peuvent simplement faire du sport. Ils y recherchent de la motivation, et la technologie peut être un bon motivateur.”
Ce n’est dès lors pas une surprise si, à l’étranger, pas mal d’initiatives utilisant cette technologie apparaissent pour amener le sport à un niveau plus élevé. A londres, on trouve ainsi déjà des salles de fitness où l’on peut faire du spinning dans un espace simulé où vous avez l’impression de vous trouver à une hauteur de 3000 mètres en filtrant de l’oxygène. Grâce à cela, votre entraînement hebdomadaire devient rapidement beaucoup plus stimulant.
E-pulsiveest une autre méthode de fitness qui, grâce à un équipement spécifiquement conçu pour cela, réduit un high intensity interval training (HIIT) de nonante minutes à une corvée de vingts minutes. Cet équipement de fitness de pointe stimule les muscles à l’aide d’électrodes. En bref, l’intégration de la technologie dans le sport n’en est pas à son coup d’essai, mais en Belgique, une réelle percée semble encore se faire attendre.
Chez nous, on a aujourd’hui d’une part des centres de fitness bon marché qui utilisent la technologie pour compresser les coûts, mais j’envisage surtout un avenir pour les applications aptes à intensifier la manière dont nous expérimentons le sport.
Kristof De Mey, développeur de technologies sportives chez Victoris
C’est également l’avis deKristof De Mey, développeur en technologies sportives chez Victoris. “A l’étranger, on trouve déjà des concepts de fitness qui regorgent d’applications combinant sport et technologie. C’est en pleine émergence”, explique-t-il. “Chez nous, vous avez aujourd’hui d’une part des centres de fitness bon marché qui utilisent la technologie pour compresser les coûts, mais je vois surtout un avenir pour les applications qui intensifient la manière dont nous expérimentons le sport. L’expérience est en fin de compte la clé du plaisir, et le plaisir est la clé de la motivation. Et enfin, la motivation peut conduire à un changement de comportement.”
Kristof doute néanmoins que nous combattions à l’avenir tous nos démons avec un casque de réalité virtuelle dans une salle de sport.
“Vous êtes entièrement plongé dans cette expérience et il n’y a plus de contact possible avec vos amis. C’est incroyablement pregnant. J’entrevois plutôt une utilisation de la technologie comme enrichissement des pratiques de sport existantes. Prenons l’exemple du spining : en rendant cette expérience visuellement plus attrayante, vous pouvez amener ce type d’entraînement sportif à un nouveau niveau. Je ne crois pas que les gens prendront un abonnement sportif pour faire du sport tout seuls avec un casque de réalité virtuelle.”
Projet pilote en Belgique
En Belgique, on travaille également déjà sur des projets dont le but est d’enrichir notre entraînement par la technologie. En partenariat avec le géant technologique Barco, des chercheurs de l’UGent se sont ainsi penchés sur iPlay, un projet dont l’objectif est d’intégrer l’espace dans lequel vous faites le sport dans l’expérience.
“Pour l’instant, c’est encore un projet de recherches et il n’y a donc pas encore d’utilisation dans la pratique”, explique le directeur de recherchesJan Van Looy. “Notre vision est de créer une pièce dans laquelle les murs sont composés d’écrans LED. Des capteurs tactiles et des caméras sont intégrés tant dans les murs que dans les plafonds afin de cartographier votre corps. Ces différentes images sont suivies par un ordinateur, de telle sorte que vous puissiez participer à un jeux interactif avec les murs.”
Si le prix de la technologie diminue, je crois que nous pouvons nous attendre à une percée. Mais ce ne sera peut-être pas pour demain.
Jan Van Looy, directeur de recherches iPlay
Le projet en est encore à ses balbutiements. “Il y a encore quelques carences techniques mais le prix sera également de grande importance. Dans le monde du fitness, il n’y a plus de segment intermédiaire : vous n’avez que des salles haut de gamme et des salles bas de gamme. Nous pensons que cette application fonctionnera en particulier dans les centres de fitness haut de gamme, probablement dans une conception moins ambitieuse afin de réduire le prix.”
“Pour l’instant, les panneaux LED sont encore relativement chers. Mais le coût de la technologie est en train de diminuer, et dès que la production de masse sera lancée, le prix diminuera également. Si cela se produit, je crois bien que nous pouvons nous attendre à une percée, mais ce ne sera peut-être pas pour demain.
Il est donc certain que la technologie trouvera tôt ou tard sa route vers nos salles de fitness afin de donner du peps à nos expériences de lever de poids, de course à pied ou de vélo sur des machines d’entraînement. La seule question est à présent de savoir quand nous allons effectivement pouvoir utiliser ces nouvelles technologies. D’ici là, vous devrez vous contenter d’une énième rediffusion d’une émission de National Geographic.
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