Marmotte ou oiseau de nuit? Les petites faibles de Dennis Vanderbroeck, directeur artistique pour WECANDANCE

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Qui connaît le travail de Dennis Vanderbroeck et son conjoint, l’artiste visuel Frederik Heyman, n’imagine sans doute pas qu’ils habitent une confortable maison mitoyenne à Anvers. « Avec nous, les gens s’attendent à une sorte de bunker en béton, alors que nous aspirons simplement à un vieux canapé et de belles œuvres d’art. Je pense qu’il s’agit d’une contre-réaction à mon travail. Je visite les endroits les plus inspirants. Quand je rentre à la maison, j’ai besoin d’un écrin tranquille. »

Dennis s’est installé à Anvers il y a six ans et s’y sent désormais chez lui, bien que son agence soit toujours basée à Rotterdam. Avec Studio Dennis Vanderbroeck, il s’est spécialisé dans le design spatial pour l’art, la mode, le théâtre et la musique. « N’appelez surtout pas ça des décors, cela me hérisse (rires). Nous adoptons une approche interdisciplinaire. Ainsi, notre travail dans le domaine de la mode est plutôt théâtral et notre travail dans le domaine du théâtre est plutôt esthétique. Le défilé Mugler en début d’année a ouvert de nombreuses portes. Avant cela, nous avions travaillé pour Diesel et Y/Project mais, aujourd’hui, nous sommes de plus en plus connus dans le monde de la mode. Nous venons de concevoir le défilé d’adieu de Dries Van Noten à Paris, en collaboration avec Villa Eugénie. »

Chaise Marsala de Michel Ducaroy
« Je me rends dans les endroits les plus inspirants, c’est pourquoi j’ai besoin d’un écrin tranquille à la maison »

L’urne rouge abrite les cendres du chien Raf

Uniforme

L’habillement est l’une des grandes passions de Dennis Vanderbroeck. Il a acheté sa première paire de chaussures Prada quand il était étudiant et il les aime toujours autant. Il ne se séparerait jamais non plus d’un costume du créateur danois Henrik Vibskov. « J’ai été diplômé dans ce costume. Pour moi, la mode est liée à des souvenirs et chaque pièce raconte une histoire. Glenn Martens m’a offert ce jean et sa chemise assortie après le dernier défilé Diesel. Le pantalon est retourné et la chemise est recouverte d’une couche de latex, ce qui donne l’impression que le tissu est enduit. »

Dennis Vanderbroeck porte un jean de Y/Project et des bottes Tabi

Le denim est une constante dans la garde-robe de Dennis. « J’ai longtemps ressenti le besoin de porter un uniforme. Je veux pouvoir sortir un vêtement le matin sans réfléchir, même si mes achats sont très réfléchis. Je suis un collectionneur et je recherche des pièces précises en ligne. J’ai ainsi pu acheter un pull de Raf Simons pour 150 euros au lieu de 1 200 euros et j’ai cherché pendant des années une veste de survêtement de Martine Rose qui était partout en rupture de stock. J’ai fini par mettre la main dessus grâce à une amie. »

« Je suis plus une marmotte qu’un oiseau de nuit »

« Dans le domaine du design comme dans celui de la mode, j’accorde une grande importance à la durabilité : je préfère acheter moins et mieux. Une situation qui semble très privilégiée mais, en réalité, mon budget ne me le permet que depuis peu. Jusqu’à il y a deux ans, je portais principalement des marques abordables et, même aujourd’hui, j’aime encore faire mes achats chez Levi’s et Carhartt en raison de la qualité des matériaux et des coupes. Je n’achète certainement pas que des marques de designer. »

Pièces de Martine Rose et Helmut Lang
Dennis Vanderbroeck
Livres d’art, bougies et kitsch

Marmotte versus oiseau de nuit

Outre la mode, Dennis Vanderbroeck a une autre passion : le théâtre. « Il n’y a rien de tel qu’une belle représentation. Je trouve le chorégraphe flamand Jan Martens fantastique, tout comme le collectif de danse marseillais (LA)HORDE. En voyant l’adaptation de Roméo et Juliette de Jamie Lloyd, je me suis dit que je voulais travailler avec lui. »

Dennis Vanderbroeck
Œuvre de Klaas Rommelaere
Dennis Vanderbroeck
Ottoman de Luke Edward Hall

Sa vision artistique pour WECANDANCE s’inscrit-elle dans la continuité de ses autres projets ? « Absolument. Nous voulons avant tout créer une expérience cohérente. Cela se traduit non seulement par l’utilisation de matériaux et de couleurs, mais aussi par une scénographie circulaire et un thème radicalement différent. Alors que le festival part généralement d’une tendance de mode, la devise est désormais ‘Drop in the light, rise in the dark’, une référence au jour et à la nuit et à la dualité qui réside en chacun de nous. Je veux inviter les visiteurs à envisager leur tenue d’une manière différente. »

Malgré son rôle de directeur artistique, Dennis n’est pas un festivalier invétéré : « J’y ai passé un bon moment l’année dernière mais, finalement, je suis plus une marmotte qu’un oiseau de nuit. Le week-end, je suis en jogging dans le canapé en train de regarder une série de télé-réalité. »

Dennis Vanderbroeck
Le lévrier en céramique était un cadeau d’anniversaire

Le canapé en question ne semble être que de passage et les chaises ont été récupérées auprès d’un ancien assistant. À côté, cependant, se trouve une chaise Marsala d’époque et, au mur, des œuvres de David Hockney, de Klaas Rommelaere et de son bon ami Leon Vranken. « Fred et moi nous offrons des œuvres d’art à chaque anniversaire. Pour le lévrier en céramique italienne tous ses amis ont contribué. Le néon est un vestige de l’une de ses expositions et, en dessous, une urne contient les cendres de notre chien, qui était comme un fils. Notre maison est un mélange aléatoire et hétéroclite, mais elle nous correspond parfaitement. »

Dennis Vanderbroeck

. Dennis Vanderbroeck (34 ans) est né à Voorburg, aux Pays-Bas


. Il est titulaire d’une licence en arts de la scène de la Toneelacademie Maastricht et d’un master en beaux-arts de Central Saint Martins à Londres


. Après ses études, il a fait un stage chez Henrik Vibskov à Copenhague et a travaillé pour Bureau Betak à Paris et à New York


. En 2018, il a fondé le Studio Dennis Vanderbroeck à Rotterdam. Avec son équipe, il façonne des spectacles pour de grands noms comme Mugler, Diesel et Dries Van Noten


. Cette année, son studio est chargé de la direction créative de WECANDANCE


. Il vit à Anvers avec son mari, l’artiste visuel Frederik Heyman

par Catherine Kosters Images Charlotte Van Noten

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