Carl Cash: « Grâce aux marques avec lesquelles je travaille, j’ai commencé à m’intéresser à l’aspect éthique de la mode »

Le multi-talentueux Carl Cash est un artiste, créateur de contenu, globe-trotteur et rat de bibliothèque.

« Je suis un collectionneur par nature », déclare Carl Cash Knight. « Mettez-moi dans une friperie, je trouverai toujours quelque chose. Le simple fait de regarder des choses me rend heureux. » Ce Bruxellois de 36 ans est né à Stockholm, d’un père suédois et d’une mère zimbabwéenne. Il a déménagé en Belgique à l’âge de quatre ans, avec son père. « Mon père voyageait souvent pour son travail, en tant que consultant auprès de chefs d’État en Afrique et dans les Caraïbes. Je pouvais toujours l’accompagner. J’ai parcouru l’Asie pendant de nombreuses années mais, aujourd’hui, j’explore principalement le continent africain. » Il se rend en Suède, où vit sa mère, quatre ou cinq fois par an. « Je connais la Suède bien mieux que le Zimbabwe. Je ne me sens ni tout à fait européen, ni tout à fait africain. Je me sens surtout bruxellois. Il y a environ huit ans, j’ai découvert le mot ‘afropéen’. C’est finalement ce qui me décrit le mieux. J’ai un pied sur chaque continent. »

Que Carl Cash voyageait déjà très jeune se révèle aussi dans son appartement
Ayant commencé par la peinture, il crée aussi des fresques, installations et sculptures en bronze

Carl a commencé à peindre durant ses études d’architecture à Saint-Luc. « Et je n’ai plus jamais arrêté. » Il a réalisé de nombreux portraits, souvent de dignitaires noirs rencontrés par l’intermédiaire de son père, comme Jonathan Goodluck et Jesse Jackson, mais s’est essayé à d’autres disciplines au fil du temps. Il dessine, réalise des fresques, des installations et des sculptures en bronze. « Je les ai exposées pour la première fois il y a quelques mois à Maasmechelen Village. » Il combine avec brio l’art, la mode et les affaires. Son expérience en tant que mannequin est un atout dans son travail de créateur de contenu. « Uniqlo a été mon premier client. J’ai été l’un de ses ambassadeurs lors de l’ouverture de la boutique à Bruxelles. » Depuis, il s’est associé à des entreprises telles que Samsung, Adidas et Gant. « L’été dernier, j’ai conçu les vitrines d’une boutique K-Way à Knokke. Quand je me vois confier de telles missions, je me sens mi-artiste, mi-créateur de contenu. »

Son triptyque en bronze sur la table fait un clin d’œil à ‘feuille, pierre, ciseaux’

Yamamoto et Vinted

« Au collège Saint-André, nous portions un uniforme. Adolescent, je ne pouvais donc choisir mes tenues que le week-end. Dès la fin de mes études, j’ai commencé à acheter des vêtements extravagants. J’ai découvert les créateurs belges, la mode anversoise. J’ai toujours été fasciné par le Japon, admirant des créateurs comme Yohji Yamamoto. Nigo est une grande référence pour moi, j’adore Human Made, le label de Nigo. Et Kapital, une marque japonaise de denim. J’aime aussi KidSuper, un peintre américain qui s’est lancé dans la confection de vêtements très colorés. J’aime la couleur, elle fait partie de ma personnalité. Je porte aussi volontiers des lunettes extravagantes. Grâce aux marques avec lesquelles je travaille, j’ai commencé à m’intéresser à l’aspect éthique de la mode, à l’empreinte carbone, etc. Avant, je n’y pensais pas tellement. Quand j’étais plus jeune, j’adorais les marques suédoises comme Weekday et H&M. Aujourd’hui, je me tournerais plutôt vers COS. Mais, la plupart du temps, j’achète d’occasion. Je suis constamment sur Vinted, pour tenter de dénicher la casquette dont je rêvais quand j’avais 20 ans. »

Même avec de simples stylos-bille, l’artiste se met à l’œuvre
« Le simple fait de regarder des choses me rend heureux »

Aussi des mangas remplissent la vaste bibliothèque

De la musique au mobilier

« Beaucoup de mes amis étant musiciens, je passe pas mal de temps dans les studios. Je crée d’ailleurs ma propre musique, un mix d’amapiano, de R&B et de pop. Je m’en sors bien, mais c’est encore nouveau pour moi, donc j’ai besoin d’un peu de temps. Pendant des années, je n’écoutais pas de musique. Il y a environ un an, je me suis dit que je devrais peut-être écouter ce qui se fait maintenant. Je possède une grande collection de disques vinyles. Ils me viennent en partie de mes parents, en partie de mes voyages. Je suis également un grand consommateur de musique belge, en particulier de hip-hop. Beaucoup de mes amis évoluent sur la scène hip-hop bruxelloise et j’achète donc des disques d’artistes que je connais, comme Damso, Hamza, Caballero, JeanJass. »

Une décoration colorée occupe les étagères de cette maison bruxelloise

Il a également une passion pour les livres. « Peut-être parce que je suis de nature très curieuse. J’en ai encore acheté quatre ou cinq ce matin : deux mangas, un Atlas géographique des colonies en Afrique et un roman de Maya Angelou. J’ai grandi avec les mangas, les bandes dessinées belges et les dessins animés du Club Dorothée à la télévision. Plus tard, lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’art, j’ai aussi acheté des livres d’art. » Il fréquente assidûment Pêle-Mêle, la chaîne de magasins d’occasion sans prétention à Bruxelles et Waterloo.

« Je conçois également des meubles. J’ai déjà vendu quelques prototypes. Le mobilier m’a toujours intéressé, peut-être parce qu’il y a une analogie avec l’architecture. Lorsque j’étais enfant en Suède, nous avions la chaise longue LC4 de Le Corbusier à la maison. Et j’ai récupéré les chaises Rietveld de mon père. Elles sont chez moi. J’ai également 40, voire 50 petites sculptures. J’aime le lien entre la sculpture et le mobilier. D’Alvar Aalto et de Ron Arad. »

« Ma dernière acquisition ? » Il réfléchit. « Une sérigraphie de Keith Haring. Et une toile d’un de mes amis, Bers Grandsinge. Bers m’a aidé à mes débuts, et je lui en suis encore reconnaissant. Il a toujours été là pour moi. Il a peint avec Jean-Michel Basquiat dans les années 80, avant de s’installer à Bruxelles. Je possédais déjà l’une de ses œuvres et, depuis la semaine dernière, j’en ai donc deux. »

CARL CASH KNIGHT

Carl Cash Knight est né à Stockholm, le 24 mars 1988.
Le « Cash » de son nom d’artiste fait référence à son vrai nom, Carl Anders Sven Hultin.
Il a exposé ses œuvres pour la première fois en 2011 et a depuis parcouru le monde, avec 57 pays au compteur.
Il travaille également comme créateur de contenu pour des clients tels que Maasmechelen Village, Adidas et Uniqlo.
Il expose ses réalisation sur son compte Instagram @carlcashknight
« Le simple fait de regarder des choses me rend heureux »

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