Ni coupé classique, ni cabriolet pur, mais une icône de style avec une identité bien à elle. La Porsche 911 Targa, reconnaissable à son arceau emblématique et à son panneau de toit amovible, fête cette année ses 60 ans avec une nouvelle édition exclusive.
La Targa ne s’est pas imposée par hasard. Elle fut la réponse mûrement réfléchie de Porsche au durcissement des exigences de sécurité pour les voitures ouvertes sur le marché américain, ainsi qu’aux voix qui plaidaient pour une interdiction totale des cabriolets aux États-Unis. Au lieu d’une voiture ouverte classique, Porsche a développé une architecture innovante : un arceau fixe caractéristique, un toit pliant amovible et une lunette arrière en plastique rabattable. Cet ensemble offrait les sensations d’un cabriolet tout en préservant la rigidité structurelle et la sécurité d’un coupé. Un compromis qui proposait en même temps une expérience de conduite unique : entièrement fermé, complètement ouvert, seulement avec la partie centrale du toit retirée, ou simplement la vitre arrière abaissée. Le concept Targa inaugurait ainsi une expérience Porsche totalement nouvelle, appelée à se décliner dans toutes les générations ultérieures de 911, mais aussi, plus tard, sur des modèles comme la 914 et la Carrera GT. Un concept qui, par son nom et son design, est devenu d’emblée iconique et a défini un nouveau type de carrosserie.


What’s in a name?
Comme tant d’innovations Porsche, le large arceau élégant de la Targa était inspiré du sport automobile. Le nom « Targa » fut, lui aussi, choisi à dessein : il renvoie à la légendaire Targa Florio, légendaire course automobile en Sicile, où Porsche a remporté d’innombrables succès et victoires depuis les années 50. En optant pour ce nom, Porsche associait d’emblée le nouveau modèle à un halo de vitesse, d’endurance et de gloire sportive. De plus, l’appellation sonnait bien à l’international et collait parfaitement au caractère dynamique de la voiture. Plutôt qu’un code chiffré, celle-ci recevait ainsi une identité chargée d’émotion, renvoyant à l’âme sportive de la marque. En août 1965, Porsche a déposé un brevet pour le concept de toit Targa. Parallèlement, la marque a fait protéger juridiquement l’appellation « Targa » en tant que marque, empêchant ainsi d’autres constructeurs qui mettraient sur le marché un concept similaire (songeons à la Fiat X1/9 de 1972 dessinée par Bertone avec panneau de toit amovible, ou encore à la Chevrolet Corvette C3 livrée dès 1968 avec un toit de type Targa) d’utiliser cette dénomination. Dès l’automne 1966, la Targa est venue compléter avec succès la carrosserie coupé des 911, 911 S et 912. À la fin de l’été 1967, une lunette arrière fixe et chauffante en verre de sécurité fut proposée en option en remplacement de la vitre arrière rabattable en plastique. Cette solution devint standard un an plus tard et fut conservée, à quelques menues évolutions près, jusqu’en 1993.
Résultat du nouveau groupe motopropulseur ? Un 0 à 100 km/h avalé en seulement 3,1 secondes
Rituel théâtral
Sur les anciennes Porsche 911 Targa, l’ouverture du toit relève d’un véritable rituel : immobiliser la voiture, de préférence sur un sol plat, déverrouiller les fermetures au-dessus du pare-brise via les deux leviers ou verrous, puis soulever délicatement le panneau de toit par l’avant. Sur les Targa classiques, le panneau de toit se plie manuellement ou se place à plat dans une housse de protection, dans le coffre avant. Souvent léger, ce panneau a évolué au fil des ans : vinyle (aspect toile) sur armature pliante pour les Targa historiques, puis métal, composites ou entièrement vitré plus tard. Sur les Targa modernes, telles les Porsche 911 Targa 991 et 992, le rituel est largement automatisé. On appuie sur un bouton : la partie arrière vitrée et le capot de toit basculent hydrauliquement et le panneau rigide vient se loger automatiquement dessous. Plus besoin de ranger quoi que ce soit à la main ; en dix-neuf secondes à peine, le toit trouve sa place derrière les sièges arrière. D’une manipulation personnelle — qui demandait du temps, de l’attention et relevait presque du cérémonial —, on est passé à un moment de spectacle que la voiture exécute elle-même, comme une petite représentation théâtrale. Ce dernier procédé est apparu pour la première fois en janvier 2014, lorsque, après les versions coupé et cabriolet de la septième génération de 911, une 911 Targa fut présentée pour la première fois avec une facilité d’usage contemporaine. À l’instar de la légendaire Targa originelle, le nouveau modèle retrouvait le large arceau caractéristique à la place des montants B, un panneau de toit coulissant au-dessus des sièges avant et une vaste lunette arrière sans montant C. Mais, contrairement aux modèles classiques, le toit pouvait s’ouvrir et se fermer d’une simple pression. Le mécanisme entièrement automatique faisait disparaître de manière spectaculaire l’élément de toit rigide derrière les sièges arrière. La nouvelle 911 Targa s’imposait ainsi comme une réinterprétation haut de gamme et innovante de l’icône de 1965.
La 911 Targa aujourd’hui
Soixante ans plus tard, la Targa demeure un modèle à part dans la gamme Porsche. Depuis 2006, toutes les 911 Targa sont proposées exclusivement en transmission intégrale et, pour ce soixantième anniversaire, une nouvelle venue s’ajoute : la 911 Targa 4S. Sa chaîne cinématique profondément revue apporte à la sportive une dose substantielle de sensations supplémentaires par rapport à ses devancières. « Les versions à transmission intégrale sont particulièrement prisées des clients de la 911, indique Porsche. Environ la moitié des acheteurs des variantes S de la 911 optent pour les quatre roues motrices, gage d’une traction maximale par conditions difficiles. » Comme toutes les 911 à quatre roues motrices, les variantes S sont conçues avec une dynamique de conduite orientée vers l’essieu arrière. Les nouvelles variantes à transmission intégrale de la 911 reprennent le groupe motopropulseur amélioré de la Carrera S. Son six-cylindres à plat biturbo de 3,0 litres développe 353 kW (480 ch), soit 22 kW (30 ch) de plus que son prédécesseur. La boîte Porsche Doppelkupplungsgetriebe (PDK) à huit rapports transmet la puissance aux quatre roues. De quoi permettre à la 911 Targa 4S (avec pack Sport Chrono) de passer de 0 à 100 km/h en 3,5 secondes et d’atteindre 308 km/h en vitesse de pointe. Par ailleurs, l’interprétation moderne du DNA Targa prend également vie dans la nouvelle 911 Targa 4 GTS, première 911 homologuée pour la route dotée d’un groupe hybride haute performance ultraléger. La technologie T-Hybrid, innovante, associe un nouveau six-cylindres boxer de 3,6 litres à un turbocompresseur électrique et à un moteur électrique intégré à la PDK. « Nous avons développé et testé un grand nombre d’idées et de concepts afin d’aboutir au système hybride parfaitement adapté à la 911, explique Frank Moser, vice-président en charge des gammes 911 et 718. Le résultat est un groupe motopropulseur unique qui améliore sensiblement les performances. » Résultat ? Un 0 à 100 km/h avalé en seulement 3,1 secondes et une vitesse maximale de 312 km/h.
911 Targa 4S : à partir de 182 514,72 €.911 Targa 4 GTS : à partir de 206 720 €.
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