Ask an expat: les endroits favoris de Laura Tritschler, directrice adjointe de la galerie David Zwirner Paris
Lieux d’élection de Belges à l’étranger.
A la façon dont Laura Tritschler (30 ans) arrive à vélo au coeur du Marais, on pourrait croire qu’elle est en mode vacances. Mais rien n’est plus faux. La semaine de travail bat son plein mais, depuis la pandémie, elle privilégie le vélo plutôt que les transports publics pour se rendre de chez elle au bureau. Si le trajet prend à peine 15 minutes le matin, le soir, il exige un peu plus d’efforts. Car il monte vers Montmartre, où elle habite, juste après la célèbre butte. “A l’extrémité de ma rue débutent les célèbres escaliers menant à Montmartre. J’apprécie beaucoup habiter dans cette partie du 18e arrondissement. Ma rue ressemble à un petit village, avec une poissonnerie, une bonne pâtisserie, de petits restaurants et quelques bars. De nombreuses jeunes familles y vivent, et la dynamique y est agréable.”
DE LONDRES À PARIS
Il y a deux ans et demi, Laura Tritschler a déménagé de Londres à Paris. Elle s’était retrouvée dans la capitale britannique six ans plus tôt, après avoir étudié l’histoire de l’art et obtenu un master en gestion culturelle à l’Université libre de Bruxelles. Elle a effectué son premier stage chez Sotheby’s à Londres, le second la menant chez David Zwirner, à Mayfair, où elle a pu rester par la suite, passant d’un poste à la réception à celui d’assistante des ventes. Aujourd’hui, sa carte de visite mentionne “directrice adjointe”. “Lorsque j’ai obtenu mon diplôme, j’ai d’abord pensé à un emploi à Londres ou à New York – des endroits cruciaux pour le marché de l’art, à l’époque. New York est une ville formidable mais je me sens sans doute un peu plus à l’aise avec la richesse dont témoigne l’Europe dans beau-coup de domaines. Peut-être est-ce la culture qui m’a retenue ici. Et le fait que l’on puisse se retrouver en quelques heures dans une autre capitale européenne.”
Lorsqu’a surgi la demande de déménager de Londres à Paris et d’aider à créer une nouvelle succursale pour la galerie, Laura Tritschler n’a pas hésité une seule seconde. “David Zwirner n’était pas pressé d’ouvrir une galerie à Paris. Mais il a trouvé un endroit fabuleux dans le Marais, où le célèbre marchand d’art Yvon Lambert possédait sa légendaire galerie. C’est un endroit unique, tous ceux qui entrent ici le perçoivent.”
NOUVEAU RAYONNEMENT
“Ma supérieure, Justine Durrett, vient de la galerie David Zwirner New York, où travaillent plus de 200 personnes. Une sacrée différence avec celle de Paris où nous ne sommes qu’un peu plus de dix… Mais une petite équipe qui donne à David Zwirner Paris son identité propre, dans le Marais – un endroit très différent de Mayfair. Nous nous trouvions là au coeur d’une riche communauté d’affaires. Ici, des dizaines de couples et de jeunes familles viennent se promener le week-end, en quête d’art et de culture, avant d’aller boire un café ou de faire du shopping. Une ambiance différente, donc, mais certainement pas moins passionnante. Paris n’est guère comparable à Londres. Elle est belle et romantique, et la Seine prête à rêver. Londres est sans doute un peu plus verte mais l’atmosphère y est différente. Je m’y suis toujours sentie très bien accueillie car chacun y est étranger. Alors qu’en tant que Belge à Paris, parfois… comment dire… Je pensais qu’il m’arriverait de m’y sentir comme une petite Belge mais finalement, cela se passe plutôt bien ( rires).”
Laura Tritschler apprécie les nombreux contacts sociaux qu’implique son travail. En tant que directrice adjointe, elle est, bien sûr, en contact avec les différents artistes que David Zwirner représente, dont nombre de Belges. Mais elle aime également traiter avec les nombreux collectionneurs, parmi lesquels plusieurs Belges qui se rendent régulièrement à Paris pour découvrir les nouvelles oeuvres de Luc Tuymans, Francis Alÿs, Michaël Borremans, Raoul De Keyser, Joan Mitchell et Alice Neel ou d’autres grands noms représentés par la galerie. “Je me rends régulièrement à des salons d’art – à Bâle, Londres et Paris – afin d’y établir de nouveaux contacts et de représenter la galerie. Cette diversité dans le travail me passionne.”
Laura Tritschler observe que, ces derniers mois, de nombreuses nouvelles galeries se sont ouvertes à Paris. Un phénomène relativement nouveau, après la domination, durant plusieurs années, d’autres villes en matière d’art. “Tout le monde évoque le fait qu’actuellement, Paris connaît à nouveau un énorme rayonnement artistique. Peut-être cela a-t-il à voir avec le Brexit. Lequel a été un choc pour moi également, du reste – j’ai habité Londres durant six années. Qui aurait pu s’attendre à ce qu’ils soient si nombreux à opter pour le “non”?”
BALADE DOMINICALE
Laura Tritschler travaille le samedi mais a, en principe, congé le dimanche et le lundi. Elle rejoint alors Chantilly, à 20 minutes de train de Paris, où réside son compagnon, ou reste dans la capitale où, le dimanche, elle se rend volontiers aux Puces de Saint-Ouen. Son parrain, qui n’est autre que Gerald Watelet, y partage un espace, l’Impossible Gallery, avec Diane Chatelet et Jean-François Régis. “J’aime m’y promener pour trouver de l’inspiration et aller embrasser Tonton GéGé. Après quoi, je passe à La Recyclerie, située à deux pas, où les légumes proposés sont cultivés maison, et qui sert une délicieuse limonade. Tout le monde y parle le langage de la nature. Et mon compagnon y apprécie les burgers.” Toujours le dimanche, Laura Tritschler se rend volontiers au Café Dose pour y prendre un café accompagné d’une douceur. Ce café branché du 18e arrondissement compte à sa carte des cakes vegan et nombre de variétés de jus. “Je ne bois jamais de café le matin mais, le dimanche, je me l’autorise. Durant la semaine, j’opte pour des petits matins très sains – d’abord un jogging via le parc Martin Luther King, le parc Monceau et les Batignolles, suivi d’un jus de concombre, menthe, épinard, pomme, gingembre et citron, et me voilà prête à entamer la journée et à me rendre à vélo à la galerie.”
SPORT ET ART
Laura Tritschler n’est pas très fan de shopping. Mais elle sait apprécier une petite visite chez COS et aime réserver du temps à un passage chez son coiffeur, Bobby Pins. Elle a beaucoup apprécié aussi la bague de Charlotte Chesnais que son compagnon lui a offerte par surprise il y a peu. Elle consacre beaucoup de son temps libre à courir. Il y a peu, elle a couru son premier semi-marathon et désire désormais s’essayer au marathon. Elle se rend donc souvent au Distance Running Store, où elle s’achète, à intervalle de quelques mois, une nouvelle paire de chaussures de course et d’autres équipements sportifs. Elle apprécie aussi The Conran Shop même si c’est davantage pour y regarder les objets design que pour les acheter, car elle épargne pour acquérir son propre appartement à Paris, et chaque euro est donc compté.”
Ses journées libres constituent également une opportunité pour elle de s’imprégner de culture en dehors de la galerie. Elle compte deux lieux favoris à Paris: le Musée de la vie romantique et la Bourse de Commerce, lesquels ont en fait très peu en commun. “Prendre un thé dans le jardin de ce musée, dans cette oasis de calme, est fantastique. Tandis que la Bourse de Commerce représente une expérience incroyable. C’est du plaisir pur de voir tant de grandes oeuvres d’art réunies.” Elle y ajoute volontiers aussi la Sainte-Chapelle: une église gothique qu’elle a visitée avec une amie londonienne, après qu’elle eut déménagé à Paris. “Aujourd’hui encore, je trouve qu’il s’agit d’un endroit parfait pour à la fois se détendre et se plonger dans l’Histoire. Paris compte tant de lieux cachés. Il est possible d’en découvrir chaque jour de nouveaux.”
Les bonnes adresses de Laura Tritschler à Paris
PLAISIRS DE BOUCHE LE COLLIER DE LA REINE
Rue Charlot, 57
www.collierdelareine.paris
“J’aime m’y rendre avec mes clients. Pour la nourriture mais aussi pour le vin, conservé dans la superbe cave située sous le restaurant.”
GEMÜSE
Rue Ramey, 61
www.gemuseparis.fr
“Je n’aime guère le kebab mais je fais volontiers une exception ici. J’y ai été invitée à la Saint-Valentin après une représentation à l’Opéra Garnier. Kebab et champagne! Une grande idée.”
CAFÉ DOSE
Rue Ordener, 96
www.dose.paris
“Idéal pour déguster un café et une douceur, le dimanche.” Ouvert il y a peu, ce café branché – fréquenté par un public qui l’est tout autant – propose, des cakes vegan à emporter et de délicieux jus de fruits et de légumes. Il vend en gros le meilleur café.
LA RECYCLERIE
Boulevard Ornano, 83
www.larecyclerie.com
Un lieu hors du commun dans un quartier particulier de Paris, où l’on afflue pour parcourir le marché aux puces tout proche. La Recyclerie est ce que son nom indique: un lieu d’écologie et de surcyclage.
SHOPPING DISTANCE RUNNING STORE
Rue des Filles du Calvaire, 14
www.distance-store.com
Un paradis pour Laura Tritschler, qui aime courir sur de longues distances et a donc régulièrement besoin de nouveautés.
THE CONRAN SHOP
Rue du Bac, 117
www.conranstore.co.uk
Laura Tritschler s’y rend régulièrement pour acheter des cadeaux pour les anniversaires et pour Noël. “Il est toujours agréable de s’y promener pour y trouver de l’inspiration pour son intérieur.”
CHARLOTTE CHESNAIS
Rue d’Alger, 10
www.charlottechesnais.com
Une créatrice joaillière qui joue avec des formes organiques et l’idée de sculptures. Dont la boutique/atelier fait rêver et dont les prix ont l’air plutôt raisonnable. Elle a travaillé en tant que styliste dans l’équipe de Nicolas Ghesquière chez Balenciaga avant de lancer sa ligne de bijoux en 2015. Elle continue de travailler comme consultante pour diverses entreprises – APC, Paco Rabanne, Uniqlo. “J’aurais pu concevoir d’autres formes de design.”
DÉTENTE BOBBY PINS
Rue du Temple, 64
www.bobbypinsparis.com
Laura Tritschler s’est retrouvée un jour dans un fauteuil de coiffure de William. Il a réalisé une belle coupe courte, ce qui l’a incitée à revenir régulièrement chez Bobby Pins, un salon où l’on travaille avec des couleurs naturelles et l’on se soucie de l’environnement.
CULTURE MUSÉE DE LA VIE ROMANTIQUE
Rue Chaptal, 16
www.paris.fr
Il s’agit à l’origine de la maison du peintre Ary Scheffer, qui y avait aussi son atelier. Il s’y installa en 1830. Divers artistes (Delacroix, Chopin,…) sont passés dans cette maison. Rénovée en 1987, elle a reçu une nouvelle affectation: le musée expose des oeuvres issues de l’héritage de George Sand et donne à voir une habitation parisienne typique de la période romantique.
DAVID ZWIRNER
Rue Vieille du Temple, 108
www.davidzwirner.com
Une adresse de choix pour l’art contemporain à New York, Londres, Hong Kong, Paris et bientôt Los Angeles. Jusqu’au 23 juillet s’y tient une exposition dédiée à Luc Tuymans, l’un des nombreux artistes internationaux que compte son portefeuille. Laura Tritschler: “Participer à cet essor est passionnant”.
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