Marc Coucke sur sa collection privée de Panamarenko : ‘Osez penser en dehors des lignes’

L’entrepreneur Marc Coucke est un admirateur passionné de l’œuvre de cet artiste belge qui a réuni rêve, cinétique et gravité dans des objets volants et des véhicules absurdes. Nous l’avons rencontré à l’occasion de l’exposition à Knokke-Heist, où sa collection privée occupe une place centrale.

Qu’est-ce qui vous a tant séduit dans l’œuvre de Panamarenko ?

Marc Coucke : « C’est un artiste d’avant-garde pur jus. Il était innovant, inspirant. Tout chez lui tournait autour du mouvement, de la gravité et du rêve de voler. Ce qu’il créait — des objets qui semblaient destinés à s’écraser — était à la fois poétique et visionnaire. Cette contradiction rend son œuvre fascinante. »

L’avez-vous rencontré ? Si oui, cela a-t-il été le point de départ de votre passion quasi obsessionnelle ou plutôt l’aboutissement ?

M. C. : « Je possédais déjà une grande partie de son œuvre avant de le rencontrer en personne. Cela s’est produit lors de l’inauguration de ses crabes saluants à Knokke. Il était déjà âgé, mais la rencontre fut néanmoins mémorable. Ces crabes sont d’ailleurs ma pièce préférée de l’expo. »

L’expo met en lumière l’œuvre vaste de l’artiste, de sa carrière jusqu’aux animaux empaillés.

Y a-t-il une pièce de votre collection qui cache une histoire particulière ?

M. C. : « Je possède chaque multiple qu’il ait jamais réalisé, de sa première éprouvette à l’école jusqu’aux affiches signées de ses installations plus tardives. Cela me donne une vision très large de son univers mental. Chaque œuvre unique est enrichie par ce contexte : calculs, croquis, angles d’approche… J’ai récemment ajouté le tapis volant à ma collection, en partie pour soutenir la Fondation Panamarenko. Une œuvre très particulière et significative pour moi : le Thermo Photovoltaic Energy Convertor (2001) conçue avec des panneaux solaires, bien avant qu’ils ne soient si répandus. Il avait placé ces panneaux dans le coffre d’une voiture et les phares fournissaient la lumière solaire. Ce genre de contradictions ludiques était typique de lui. Les œuvres de lui accrochées dans mon bureau servent d’inspiration à mon équipe : oser penser en dehors des lignes. »

Panamarenko est-il, selon vous, suffisamment reconnu chez nous ?

M. C. : « Nous l’avons certes reconnu de son vivant, mais les Belges ont encore trop souvent tendance à sous-estimer leurs artistes. Il existe parfois ici une mentalité du type “Ce n’est qu’un Belge”. Heureusement, son œuvre est aujourd’hui de plus en plus célébrée, notamment à travers cette expo. Quand on m’a demandé d’y contribuer, j’ai ouvert ma collection sans la moindre hésitation. »

Ressentez-vous une forme d’affinité avec lui, en tant qu’entrepreneur ?

M. C. : « Je ne me permettrai jamais de me qualifier d’artiste, encore moins de génie, comme Panamarenko, mais il y a des parallèles. En entrepreneuriat aussi, il faut oser rêver, penser en grand. Quand un projet se déroule sans accroc, je sais qu’il ne sera pas révolutionnaire. Ce n’est que lorsque vous vous heurtez à un obstacle majeur et que vous parvenez à le surmonter que vous pouvez vraiment faire la différence. Tout comme Panamarenko construisait des choses vouées à l’échec, mais qui le rapprochaient malgré tout du vol. »

L’expo met en lumière l’œuvre vaste de l’artiste, de sa carrière jusqu’aux animaux empaillés.

Le nouveau Panamarenko est-il déjà apparu, selon vous ?

M. C. : « Koen Vanmechelen s’en approche. Son travail sur l’ADN et le Cosmopolitan Chicken Project présentent des similitudes en termes de vision et d’ambition. Je le suis avec beaucoup d’intérêt. »

Dernière question, considérez-vous l’art comme un investissement ?

M. C. : « Non. On doit acheter une œuvre parce qu’elle nous touche, parce qu’elle enrichit notre intérieur ou notre bureau. Bien sûr, c’est agréable si une œuvre prend de la valeur, mais cela ne doit jamais être le point de départ. L’art doit inspirer. Chez Panamarenko, on découvre sans cesse quelque chose de nouveau — c’est là toute la valeur de l’artiste. »

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