Portes Ouvertes: dans le fauteuil d’Emmanuelle
Au cœur du neuvième arrondissement de Paris se dresse un luxueux immeuble Art déco. Nous en avons poussé les portes.
Majestueux, élégant, intemporel. Au cœur du neuvième arrondissement de Paris se dresse un luxueux immeuble Art déco, invisible depuis les rues qui l’entourent. Quatre étages d’arches, moulures et décorations en stuc, nichés au bout d’une allée pavée.
Pendant plusieurs années, l’architecte Marie Deroudilhe (45 ans) a multiplié les allers-retours entre Londres, où elle travaillait au studio de Terence Conran, et Paris, où elle travaillait l’autre moitié du temps au studio de Patrick Jouin. En 2009, elle a décidé d’ouvrir son studio de décoration d’intérieur. C’est elle qui a réinterprété cette luxueuse structure de l’époque Art déco, sans trop de nostalgie, pour en faire un loft contemporain où les œuvres d’art et objets design historiques coexistent, comme dans une galerie, grâce aux espaces généreux et à la lumière naturelle frôlant la perfection.
Cette maison était donc toute désignée pour accueillir l’extraordinaire collection de la propriétaire, Emmanuelle de l’Ecotais, fondatrice de Photo Days et ancienne responsable de la collection photographique du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Elle vit ici avec son mari et leurs quatre enfants.
« La photographie a toujours été ma grande passion », explique Emmanuelle. Cette experte en photographie est une grande connaisseuse de l’œuvre de Man Ray. « En tant qu’étudiante en histoire de l’art, j’ai écumé les marchés aux puces et les salons de la photographie pour dénicher la pièce de collection parfaite », raconte-t-elle. Son stage de doctorat au Centre Pompidou a été déterminant pour sa carrière. « Pendant mon stage, les archives de Man Ray faisaient partie de la collection du musée. J’ai passé cinq ans à travailler sur ses négatifs, à les étudier et à les cataloguer. Depuis, je n’ai jamais cessé d’explorer son travail. » Aujourd’hui, certaines œuvres de son artiste préféré et d’autres photographes célèbres du XXe siècle ont élu résidence ici.
« Le mélange est audacieux et saisissant », déclare la propriétaire Emmanuelle, « en parfaite symbiose avec les œuvres d’art omniprésentes »
Dialogue et contraste
Le bâtiment, comptant 300 mètres carrés répartis sur un seul niveau, auxquels s’ajoute un sous-sol où se trouvent le spa, la salle de sport et un petit home cinéma, date du début du XIXe siècle, tandis que l’agencement des pièces est le fruit d’une transformation partielle réalisée par le précédent propriétaire.
Marie Deroudilhe a restauré et amélioré chaque détail architectural d’origine, en peignant les murs et les plafonds en blanc mat, en conservant le sol en béton poli écru et en préservant les murs existants. Ensuite, elle a entièrement repensé le plan d’étage pour créer un agencement plus moderne. M. Deroudilhe a doté les quartiers privés et la cuisine d’une vue sur la cour et a radicalement transformé l’espace de vie. Tout d’abord, l’entrée de la maison a été encadrée par les voûtes décorées de 6 mètres de haut de l’ancienne porte cochère, conçue par l’architecte qui a dessiné l’Arc de Triomphe. Ensuite, les vastes salle à manger et salon ont été installés dans la cour : un plafond en verre a transformé l’espace en une pièce à ciel ouvert sans fenêtres, mais avec des photos de paysages grand format sur le mur qui font entrer la nature dans la maison. « Comme l’œuvre de Pierre Gonnord au-dessus du canapé et celle d’Elger Esser à côté de la table à manger », précise De l’Ecotais.
Pour ajouter à l’effet de surprise, l’intérieur intègre une prise de risques calculés, comme le dit Marie Deroudilhe : « J’ai choisi d’alterner dialogue et contraste. » La maison est décorée d’œuvres d’art audacieuses côtoyant des pièces classiques. Pour apporter un équilibre entre le tapis monumental de Michael Boyer et les fauteuils pop de Pierre Paulin, elle a intégré, dans le même espace, un canapé neutre de Cassina, une table de cocktail en bois de Pierre Chapo et une lampe Arco des frères Castiglioni. En outre, la table de salle à manger conçue par l’artiste elle-même, en format extra large, est accompagnée d’élégantes chaises de Patrick Jouin et d’une bibliothèque en laiton et en acier chromé.
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par Francesca Sironi images Monica Spezia / Living Inside
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