Cinquante nuances de Grey: La maison d’architecte Louisa Grey

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Luxury Style
dans l’intimité de l’architecte d’intérieur Louisa Grey

Avec un nom comme Louisa Grey, difficile de peindre sa maison en rose. Mais ce choix de couleur subtil cache bien d’autres choses. «Il s’agit d’une maison qui réduit le stress, tant le stress personnel et que le stress environnemental.»

Texte / Anna Bisazza et An Bogaerts
Photos / Michael Sinclair/Living Inside
Styling / Louisa Grey

En 2018, bien avant que la pandémie ne secoue le monde et que n’apparaisse le besoin d’une nouvelle formule pour équilibrer vie professionnelle et vie privée, Louisa Grey, fondatrice et directrice du studio de décoration d’intérieur londonien House of Grey, et son équipe ont développé le concept de la maison en tant que « sanctuaire personnel ». Une idée née du constat que les gens fantasmaient souvent sur les vacances, cherchant irrémédiablement à s’éloigner toujours un peu de leur quotidien. En bref, les symptômes formels d’une culture du burn-out.

À l’époque, Louisa Grey était à la recherche d’une nouvelle maison et a trouvé l’endroit idéal dans le nord de Londres, dans un quartier qu’elle et sa jeune famille connaissaient déjà bien : une maison de maître victorienne de quatre étages ayant appartenu à un tailleur. Après avoir abrité la même famille pendant un demi-siècle et attendu ses nouveaux occupants pendant plus de deux ans à la suite du décès de son propriétaire, la propriété avait désespérément besoin d’amour et d’attention.

«Je me sens réellement privilégiée d’avoir créé un quotidien dont je ne veux pas m’échapper»

Louisa voulait avant tout s’attacher à perpétuer dans les espaces le sens de la beauté, de la précision, du design et de la créativité de l’ancien propriétaire. Avec son équipe, elle a commencé à planifier la restauration des ­détails historiques tout en mettant en pratique la vision actualisée de l’entreprise : créer un « nid douillet ». Le principal défi a été la ­rénovation d’un espace vieillissant en utilisant des matériaux et des techniques de construction durables. « La relation symbiotique entre la santé humaine et la santé de la planète fait partie intégrante de l’approche de House of Grey », explique Louisa.

Choix des matériaux

Tout a commencé par une recherche minutieuse des matériaux disponibles et de la meilleure façon de les utiliser, sans générer trop de déchets. Cela n’est possible qu’en travaillant en étroite collaboration avec les fournisseurs. Le choix des matériaux devait refléter les avantages pour l’occupant et pour la planète. L’argile, par exemple, est un matériau circulaire et bénéfique. En effet, il régule l’humidité en empêchant la propagation de moisissure noire et d’autres facteurs qui contribuent au syndrome des bâtiments malsains. Il s’agit ­également d’une matière première naturelle et non toxique, provenant directement de la terre. Louisa et son équipe ont donc décidé de recouvrir d’argile les murs de la cuisine et du rez-de-chaussée. De l’argile britannique, bien sûr, fournie par l’entreprise locale Clayworks.

«Nous voulons créer un monde où l’esthétique, l’éthique et l’expérience vont de pair»

« Le style de vie holistique consiste à se pencher non seulement sur l’apparence et le toucher des objets et des matériaux, mais aussi sur leur habilité à assurer le fonctionnement d’une maison ou d’un bureau. C’est loin d’être facile. Parfois, les aspects essentiels d’un espace fonctionnel ne sont même pas visibles », explique Louisa.

Le toit est recouvert d’ardoise naturelle. C’était l’option la plus pratique et la plus ­durable par rapport à l’impact environnemental. Alors que la solution alternative, les bardeaux d’asphalte, représente près de 5 % du total des déchets, l’ardoise est jolie et 100 % naturelle, avec des propriétés circulaires. Chaque tuile est unique et possède une teinte et un motif spécifiques. C’est aussi un matériau pratique en raison de ses propriétés imperméables et ignifuges. Installée correctement, l’ardoise peut avoir une longue durée de vie avec un minimum ­d’entretien. Et c’est finalement ce que tout le monde recherche, n’est-ce pas ?

Isolation en laine de mouton

Une autre caractéristique visuellement ­imperceptible est l’isolation en laine. La laine se cache dans toute la maison, du toit aux murs et sous les planchers, pour assurer l’isolation thermique et acoustique. Louisa Grey a choisi Thermafleece, le seul fournisseur britannique d’isolants en laine de mouton, pour doter la maison d’une ­isolation d’origine locale avec une combi­naison de fibres recyclées et de laine de mouton.

Le magnifique plancher en bois est une combinaison d’éléments conservés de la maison d’origine et d’éléments recyclés d’une maison voisine. Ils sont traités avec une chaux Woca sans COV, qui garde le bois sain et frais. Pour la cuisine, Louisa a utilisé du bois provenant d’arbres abattus pour un projet réalisé à quelques kilomètres de là. Les ­armoires sont fabriquées en contreplaqué de bouleau, avec des façades en frêne du Royaume-Uni pour une finition plus ­naturelle et une empreinte carbone réduite.

«Bannir le stress peut sembler inaccessible, le limiter est réalisable»

« Nous voulions réaliser la cuisine la plus saine et la plus durable possible. Pour cela, nous avons dû nous tourner vers d’autres entreprises qui partagent cette vision », explique Louisa, qui cite les appareils électroménagers Fisher & Paykel et les cuisines FincH comme deux des entreprises qui partagent des valeurs éthiques sans compromettre l’esthétique. « Une planification réfléchie, le souci du détail et une approche similaire nous ont permis de concrétiser notre vision commune. »

Détente

Aucune pièce ne dégage peut-être autant de sérénité que la chambre principale, dont les teintes apaisantes reflètent la lumière du jour. La routine du coucher de Louisa commence par des rituels du soir et de battements binauraux (produits lors de l’envoi dans chaque oreille d’une tonalité dont la fréquence est très légèrement différente, ndlr) via des haut-parleurs dissimulés, tandis que ses matinées commencent en douceur avec un réveil à éclairage circadien, qui se calque sur ses rythmes naturels et la réveille avec le chant des oiseaux. « Lorsque je me plonge dans la baignoire au début de la journée et que je regarde les arbres, je me sens réellement privilégiée d’avoir créé un quotidien dont je ne veux pas m’échapper. »

Et l’environnement de travail était aussi empreint de ce sentiment ? « Notre idéologie est axée sur la création d’un monde personnel, où esthétique, éthique et expérience vont de pair. Éliminer le stress de son quotidien peut sembler utopique. Mais il est toutefois possible de le réduire. Cela commence par notre ­environnement de travail. Si la maison est un sanctuaire, il n’y a pas de raison qu’il n’en soit pas de même pour le lieu de travail. »

www.houseofgrey.co.uk

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