3 questions à Didier Vervaeren, fashion gourou bruxellois

Didier Vervaeren © Getty Images

Didier Vervaeren se dit passionné de mode mais refuse de vivre celle-ci comme une contrainte. Trois questions.

Les créateurs sont de plus en plus médiatisés et dans le même temps, on dirait que les “personnages” comme Karl Lagerfeld, Paco Rabanne, Jean Paul Gaultier sont en voie de disparition…

Tout à fait, l’histoire de la mode est peuplée de figures comme celles-là et la mode a besoin d’eux ! Mais l’époque a changé, ces créateurs appartiennent à une autre génération. Ils ont laissé à leur personnage le temps de s’installer, Karl Lagerfeld, d’ailleurs, en est déjà au moins à la troisième version de lui-même. Et il a toujours su garder un petit quelque chose – sa coiffure, son catogan, son port princier – de chacune de ses transformations.

N’avez-vous pas l’impression aujourd’hui que les personnalités très visibles, au style affirmé comme Tom Ford, Rick Owens ou Marc Jacobs, sont avant tout les portemanteaux de leur propre marque ?

Plus que jamais, face au bombardement d’images que nous subissons en permanence, les maisons ont besoin d’avoir une identité forte, et à ce titre qui mieux que le créateur lui-même peut revendiquer le statut d’ambassadeur de son travail ? Il est le mieux placé pour incarner l’ADN de sa marque. Mais il devient alors un outil marketing. La démarche de ces personnages d’un autre temps était beaucoup plus gratuite, finalement. Leur costume était un code, un uniforme, une manière de rester au-dessus de la mode tout en affirmant son style. Un peu comme ceux qui choisissent aujourd’hui d’enfiler un jeans A.P.C. et un pull à col roulé.

Vous avez, vous aussi, un style très personnel. Vous reconnaissez-vous dans ces figures médiatiques de la mode ?

En effet, on dit de moi que je suis un personnage ! Mais je n’ai rien construit sciemment. Il n’y a pas chez moi de stratégie derrière tout cela, si ce n’est que cette image qui s’est installée doucement m’a permis de devenir quelqu’un de communicant que l’on remarque. La mode me passionne mais je refuse de la vivre comme une contrainte, elle ne s’impose jamais à moi. Afficher un personnage, cela permet de garder de la distance.

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