La FIFA s’est inspirée du monde du spectacle pour la tarification des matchs de la Coupe du Monde 2026, faisant exploser les prix des différentes rencontres. Si bien que cette édition sera la plus onéreuse de l’histoire des compétitions footbalistiques.
À sept mois du coup d’envoi de la plus grande compétition footballistique au monde, les supporters sont invités à passer à la caisse. La troisième phase de vente des billets est désormais lancée, et le constat est sans appel : la fourchette de prix annoncée par la FIFA – de 51 à 5.727 euros – relève davantage de la communication que de la réalité du marché.
La tarification dynamique fait exploser la note
En cause, l’adoption de la tarification dynamique, un système déjà utilisé depuis plusieurs années dans le monde du spectacle et largement décrié par les fans. Le principe est simple : plus la demande est forte, plus les prix grimpent. Résultat, les affiches les plus attractives deviennent rapidement inaccessibles pour une large partie du public.
Malgré cela, l’engouement reste intact. Près de deux millions de billets ont déjà été écoulés lors des deux premières phases de vente dites « à l’aveugle », avant même la publication du calendrier officiel. Mais depuis l’ouverture de la phase basée sur un tirage de sélection aléatoire, les critiques se multiplient à l’encontre de la FIFA et de sa nouvelle politique tarifaire.
Exemple frappant : le match d’ouverture Mexique – Afrique du Sud, prévu le 11 juin, affichait déjà un prix de départ de 1.020 dollars en catégorie 3. Les billets de catégorie 4, censés être les plus abordables, semblent quant à eux déjà introuvables.
Les supporters belges pas épargnés
Pour tenter de décrocher un sésame, les supporters peuvent passer par la plateforme officielle de la FIFA. Les plus assidus privilégient toutefois le canal des fédérations nationales. En Belgique, c’est le club officiel de supporters, le 1895, qui est chargé de la distribution. Problème : à peine 8 % de la capacité totale des stades est réservée à ces canaux. Autant dire que les déçus seront nombreux.
Et ce n’est pas le seul point noir au tableau. Les prix s’avèrent également bien plus élevés que prévu. Pour la seule phase de groupes, il faut déjà compter 180 dollars (environ 155 euros) pour une place en catégorie 3, et jusqu’à 500 dollars (430 euros) pour une catégorie 1. La facture grimpe encore lors des phases à élimination directe. Quant aux billets de catégorie 4, les plus abordables, la FIFA a choisi de les réserver exclusivement à la vente générale, les excluant ainsi des quotas alloués aux associations nationales de supporters. Et le prix devrait croitre lors des matchs éliminatoires.
Outre le prix, obtenir un billet relève d’un vrai parcours du combattant et d’une bonne dose de chance. Via le 1895, l’accès aux billets reste par ailleurs très incertain. Il faut être membre, introduire une demande via un code personnel, puis attendre l’attribution des places. En cas de forte demande, un système de classement interne privilégie les supporters les plus engagés.
Du côté de la FIFA, aucune garantie non plus : « Cette phase de vente fonctionne selon un processus d’attribution des billets basé sur un tirage au sort ». Les candidats malheureux ne seront fixés qu’à partir du 5 février.
Une promesse à 21 dollars envolée
Une situation qui n’a pas manqué de faire réagir plusieurs associations de protection des consommateurs, dont Testachats, mais surtout la Fédération européenne des supporters (FSE). Dans un communiqué, elle demande à la FIFA l’arrêt immédiat des ventes de billets, arguant qu’un parcours complet jusqu’à la finale coûterait au minimum 6.900 dollars en billets, soit près de cinq fois plus que lors de la Coupe du Monde 2022 au Qatar. En catégorie 1, l’addition pourrait même atteindre 14.281 euros, d’après les calculs de L’Équipe.
Une inflation de près de 370 %, que la FSE juge injustifiable. « Le dossier d’appel d’offres publié en 2018 promettait des billets à partir de 21 dollars », rappelle la FSE. «Où sont-ils passés ? Selon ce même dossier, l’accès complet à la finale devait coûter 2 242 dollars dans la catégorie la moins chère. Cette promesse est depuis longtemps caduque. »
Pour la Fédération européenne des supporters, la tarification dynamique va à l’encontre de la « tradition, de l’universalité et de la signification culturelle » de la Coupe du Monde.
Des frais annexes tout aussi vertigineux
Et ce n’est que le début. Aux prix déjà exorbitants des billets s’ajoutent les frais annexes : vols vers l’Amérique du Nord, hébergement, déplacements internes, restauration, sans oublier les dépenses liées aux souvenirs et produits dérivés. Le tout dans un contexte de demande massive, qui risque de faire exploser les prix des hôtels et des transports. Pour de nombreux supporters belges, la Coupe du Monde 2026 pourrait bien se vivre… devant un écran.