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Face à un monde en constante mutation et dominé par les données, les équipes fiscales n’ont pas le choix : elles doivent, elles aussi, recourir aux technologies. Qu’il s’agisse de l’IA générative ou d’une autre solution, toute démarche d’automatisation nécessite en même temps un cadre stratégique solide. « Il ne suffit pas d’implémenter un système pour voir ensuite s’il résout le problème. »
L’impact de la technologie sur la fiscalité et la comptabilité est grand et surtout multiforme. Si l’évolution rapide des technologies accroît encore la complexité de cette discipline, certaines innovations aident toutefois les équipes fiscales à répondre adéquatement au contexte volatile dans lequel elles doivent évoluer. C’est ce que nous explique Laurens De Both, directeur chez PwC Belgique et spécialiste en Tax Technology Strategy : « Aujourd’hui, les spécialistes de la fiscalité ont bien du mal à suivre la vitesse des changements. Je pense à l’évolution constante du cadre réglementaire et aux tensions géopolitiques, mais aussi aux tendances technologiques. » Et de mentionner en particulier la montée en puissance de la GenAI : « Dans un premier temps, cette technologie va nécessiter l’acquisition de nouvelles compétences, mais une fois bien rodée, elle se révélera être un instrument très précieux. »
À vrai dire, l’intelligence artificielle générative, comme d’autres technologies innovantes, est en passe de devenir un élément quasi incontournable de la boîte à outils de tout fiscaliste. « Il est pratiquement impossible de faire face à ces changements rapides et de maîtriser cette quantité immense de données sans support technologique. Les acteurs qui ne prennent aucune mesure dans ce sens souffriront inévitablement d’un désavantage concurrentiel. »
Exercice stratégique
Cela dit, il serait téméraire de se mettre à utiliser toutes sortes d’outils sans les sélectionner judicieusement. L’implémentation de la technologie dans la fonction fiscale nécessite un cadre stratégique solide, comme le souligne Laurens De Both : « Il ne suffit pas de mettre en œuvre un système pour voir ensuite s’il résout le problème. » Il préconise au contraire une approche en trois étapes. « Détectez dans un premier temps les processus fiscaux inefficaces et le moyen d’y recourir à l’aide de la technologie. Déterminez ensuite les processus qu’il convient de traiter en priorité. Pour chaque problématique, voyez si vous devez développer vous-même une solution sur mesure ou plutôt chercher une solution sur le marché. Bien sûr, le département fiscal peut aussi demander conseil auprès du département technique ou informatique, ou auprès d’un partenaire externe. Il n’est pas évident de rester au fait des nouveaux développements dans ce paysage en mutation rapide, et ceux qui ne connaissent pas le potentiel des (dernières) technologies disponibles n’auront sans doute pas une vision suffisamment large et manqueront des opportunités. Enfin, préparez minutieusement le déploiement de la nouvelle technologie, tant sur le plan technique qu’organisationnel. De cette façon, vous pourrez maximiser le retour sur investissement. »
Il est pratiquement impossible de faire face à ces changements rapides et de maîtriser cette quantité immense de données sans support technologique
Qui doit lancer cet exercice stratégique approfondi dans l’organisation ? « Cette tâche incombe généralement à la personne qui a la responsabilité finale du service fiscal », explique De Both. « Mais il est essentiel que les hautes sphères de l’entreprise y accordent également une attention suffisante. » Toute équipe fiscale performante a besoin d’une solide stratégie technologique, qui bénéficie du soutien de la hiérarchie. »
Pour obtenir l’appui du conseil d’administration, le spécialiste de PwC conseille aux fiscalistes de raisonner comme des entrepreneurs. « Il va falloir établir un business case convaincant, avec un retour sur investissement qui n’est pas toujours facile à quantifier. Mais un argument encore plus décisif tient au fait que de nombreuses organisations demandent aujourd’hui à la fonction fiscale d’assumer le rôle de partenaire stratégique de l’entreprise. En effet, si les directeurs exigent que ce département soit en mesure de répondre rapidement aux questions stratégiques, il est évident qu’il doit disposer des outils nécessaires à cette fin. »
Automatisation tactique
Rien de surprenant dès lors que l’intelligence artificielle générative soit de plus en plus prise en compte lors de l’élaboration de ces plans de technologie fiscale. « La GenAI a le vent en poupe, et c’est donc le moment ou jamais pour l’équipe fiscale d’automatiser les processus inefficaces. » L’automatisation est le mot d’ordre, car la GenAI permet d’extraire rapidement des informations et de libérer du temps que le fiscaliste peut consacrer aux tâches stratégiques. « Évitez cependant de tirer sur un moustique avec un bazooka. De l’importance même de mettre en place une stratégie réfléchie découle la nécessité de partir du problème à résoudre pour analyser en profondeur si le recours à un outil d’IA est la bonne solution. »
La GenAI est loin d’être la seule technologie susceptible d’enrichir la fonction fiscale. C’est pourquoi PwC, qui tient en outre à ce que les outils soient les plus accessibles possibles, a inventé le concept d’automatisation tactique. « Ce terme recouvre toutes les solutions de type low-code ou no-code », précise De Both. « Ainsi, même les fiscalistes qui n’ont pas de formation en informatique peuvent en faire usage. De nombreux outils d’IA répondent à cette exigence, mais d’autres nécessitent une plus grande expertise technique, ce qui ralentit leur implémentation. »
La GenAI a le vent en poupe, c’est donc le moment ou jamais pour l’équipe fiscale d’automatiser les processus inefficaces
Gestion du changement
Une étude menée par PwC Belgique montre que, dans l’ensemble, le taux d’adoption des applications GenAI dans un contexte professionnel est encore assez faible, en particulier pour les outils axés sur une fonction particulière. Les outils « généralistes » comme ChatGPT et CoPilot sont utilisés moins d’une fois par mois par une majorité (57 %), et cette rareté d’usage est encore plus marquée pour les outils spécifiques (71 %). Néanmoins, avec le temps, leur adoption devrait se généraliser. « La première vague d’outils –également utiles dans un contexte fiscal, par exemple pour collecter des données et établir des rapports – se déploie peu à peu à l’échelle de toute l’organisation. L’essentiel est maintenant de travailler sur la sensibilisation et de faire comprendre aux équipes en quoi consiste exactement leur valeur ajoutée. »
Pour Laurens De Both, il est logique que l’intégration des applications axées sur des fonctions concrètes prenne un peu plus de temps. « Des modèles comme l’assistant fiscal Harvey sont encore assez récents. Qui plus est, les fiscalistes doivent se familiariser avec les fonctionnalités et un changement de mentalité doit s’opérer en matière de tâches à réaliser. Je ne doute pas que cela se produira dans un avenir proche – les outils polyvalents ouvrant la voie aux outils plus spécifiques, et à condition qu’une attention suffisante soit accordée à la gestion du changement et à l’amélioration des compétences – et que la GenAI fera passer la fonction fiscale à un niveau supérieur. »
Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec PwC concernant les opportunités offertes par l’IA. D’autres analyses sont disponibles sur notre plateforme AI innovators.