Entretien avec Christofer Govaerts, Chief Economist & Investment Strategist de la Banque Nagelmackers

« Diversifier en privilégiant la qualité me semble être la stratégie la plus judicieuse pour 2026 »

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28 novembre 2000, 09:41 Mise à jour le: 11:48

Le moteur économique tourne en Amérique alors qu’il toussote en Europe. « L’incertitude n’a pas disparu, mais je suis modérément positif pour l’économie mondiale », déclare Christofer Govaerts, Chief Economist & Investment Strategist de la Banque Nagelmackers.

Comment les marchés se sont-ils comportés cette année ?

« En euros, nous constatons que les taux de change, en particulier le dollar, ont joué un rôle majeur cette année. Les États-Unis pèsent pour plus de 70 % dans l’indice mondial, de sorte que toute fluctuation du dollar est perceptible immédiatement. Le secteur des technologies a connu un premier trimestre faible, accentuant la pression sur les investisseurs en euros. Dès avril-mai, après la liquidation week, le secteur technologique a toutefois connu un redressement vigoureux. Le Nasdaq et l’intégralité de la thématique IA ont porté les marchés. Aux États-Unis, les valeurs de croissance ont largement surpassé les actions de valeur, tandis que l’Europe est restée à la traîne en raison du poids allégé du secteur technologique. À part ASML, nous comptons peu de vrais poids lourds technologiques. »

Comment se dessine le paysage économique et politique global ?

« Le climat politique devrait profiter d’une accalmie en 2026. Les élections de mi-mandat aux États-Unis sont le seul moment clé. Le FMI a récemment publié sa mise à jour trimestrielle, qui ne laisse apercevoir que peu de changements fondamentaux. Les perspectives de croissance américaine ont été légèrement relevées, contre un léger abaissement pour celles du Canada en raison des tensions commerciales avec les États-Unis. Le FMI met toutefois en garde contre certains risques structurels : les déficits budgétaires, les pressions exercées sur l’indépendance des banques centrales et la guerre commerciale. Les droits de douane moyens sur les importations américaines atteignent désormais 21 %, un niveau encore jamais atteint depuis près d’un siècle. Historiquement, il ne s’agit pas d’un bon présage. L’incertitude juridique demeure également : la Cour suprême des États-Unis se prononcera sur la légalité de ces droits de douane en 2026. En cas d’échec, les conséquences budgétaires pourraient être considérables. Et, oui, les décisions politiques du président Trump restent imprévisibles : il annonce des mesures puis se rétracte quelques jours plus tard. Cette attitude maintient la volatilité à un niveau élevé. »

Où en sont les finances publiques et la politique monétaire ?

« Le FMI martèle que les pays doivent restaurer leurs réserves budgétaires. En Europe, et ailleurs, comme aux États-Unis et au Japon, il s’agit d’un exercice périlleux. Même de grandes nations comme la France se débattent avec leur déficit. L’Allemagne a annoncé des plans d’investissement, mais la mise en œuvre reste plus lente qu’aux États-Unis. La Fed a légèrement relevé sa perspective de croissance de 1,8 à 1,9 % (2,1 % selon le FMI). L’économie américaine est soutenue par des investissements importants dans l’IA et les semi-conducteurs, tandis que les consommateurs sont un peu plus prudents. En Europe, la situation est différente : L’Allemagne et la France stagnent, l’Espagne s’en sort mieux. La BCE ne prévoit qu’une croissance de 1 à 1,3 % pour 2027. »

Le thème de l’inflation est quelque peu tempéré. À juste titre ?

« Le processus de désinflation a largement pris fin. Aux États-Unis, l’inflation se maintient autour de 3 %, principalement en raison de la hausse des prix à l’importation. En Europe, l’inflation dépasse tout juste les 2 %. Une nouvelle baisse est incertaine. La BCE semble se satisfaire d’un taux de 2 %, qu’elle considère comme neutre, voire légèrement stimulant. Ce taux restera probablement stable au moins jusqu’à la mi-2026. Aux États-Unis, le cycle est différent, les baisses de taux ne faisant que commencer. Mais là encore, l’incertitude règne quant au calendrier, et l’ampleur des réductions de taux à l’horizon 2026 est floue.

En ce qui concerne les marchés boursiers, quelles sont les valorisations actuelles ?

« En 2025, les bourses ont connu une nouvelle année prospère. En euros, les rendements ont été quelque peu tempérés par l’affaiblissement du dollar, mais en devise locale, de nombreux marchés ont enregistré d’excellents résultats. Les valorisations sont élevées dans le monde entier. Les actions du secteur technologique se négocient à des ratios cours/bénéfice exceptionnels. Cette situation est viable tant que la croissance des bénéfices reste supérieure à 20 %, mais la marge de désillusion ne doit pas être sous-estimée. Il n’est pas encore question de bulle ; chaque correction est rachetée rapidement, par crainte de manquer le rebond. L’équilibre est toutefois fragile. Il est intéressant de noter que certains investisseurs bien connus, comme Michael Burry de The Big Short, ont pris des positions courtes sur des entreprises comme Nvidia et Palantir. Un choix qui alimente le débat sur une éventuelle surévaluation du segment de l’IA. »

Quelles tendances observez-vous au niveau des devises, de l’or et des cryptomonnaies ?

« Le dollar s’est affaibli par rapport à l’euro cette année, et cela pourrait aller un peu plus loin, vers 1,20 ou 1,21. L’or performe toujours bien, d’autant plus que les banques centrales continuent de remplir leurs paniers d’achats. En revanche, le platine et les autres métaux précieux sont à la traîne. Les cryptomonnaies conservent leur volatilité. Les stablecoins suscitent des inquiétudes : la Bank for International Settlements (BRI) souligne les risques liés à une couverture insuffisante et des problèmes de liquidité. Le bitcoin, qui réagit encore vivement aux chocs du marché, n’est donc pas une véritable valeur refuge. Nous nous attendons à une réglementation encore plus stricte en 2026. »

Quelles sont vos attentes concrètes pour 2026 ?

« Nous restons modérément positifs, mais clairement plus prudents que ces dernières années. La plupart des analystes tablent sur un rendement des actions de 9 à 10 %, mais nous prévoyons plutôt un rendement légèrement inférieur, de 6,75 %. En ce qui concerne un portefeuille obligataire international, nous tablons sur un rendement de 3,5 %. Les portefeuilles équilibrés, c’est-à-dire un mix des deux, restent donc attrayants en ce qui concerne le risque par rapport au rendement. Les marchés ont déjà escompté un grand nombre de bonnes nouvelles. La croissance des bénéfices soutient les valorisations pour l’instant, mais la marge d’erreur est faible.

La diversification reste donc essentielle : pas d’investissement excessif dans le secteur technologique, un mix équilibré d’actions et d’obligations et la qualité avant tout. Cela me semble être la stratégie la plus judicieuse pour 2026. »

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