Attention, budgets compliqués ! La Région wallonne, mais aussi et surtout la Région bruxelloise et la Fédération Wallonie-Bruxelles, font face à des épures budgétaires épineuses. Dans ces deux derniers cas, on risque des dégradations de la note par les agences, voire des cessations de paiement si l’on n’y prend pas garde. Or, c’est là que se joue l’avenir de l’économie francophone : les compétences en matière d’emploi, mais aussi d’éducation et de formation, sont logées à ces niveaux de pouvoir. Le socle sur lequel on peut reconstruire notre prospérité est en grand danger.
C’est l’heure de vérité, un moment churchillien, qui concerne l’avenir de nos enfants. “Le courage est une vertu rare, mais qui élève le monde politique, souligne Frédéric Panier, CEO d’AKT for Wallonia, l’organe qui représente le patronat. Or, le courage, c’est de reconnaître qu’avec un déficit d’1,5 milliard sur un budget total d’environ 15 milliards, la situation budgétaire de la FWB n’est plus tenable. Aucune option n’est séduisante ; personne ne les défendra avec gaieté de cœur. Mais nous n’avons plus le choix : le courage, c’est de regarder la réalité en face et d’agir.”
Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles opte pour une hypothèse conservatrice pour son budget. Un premier rapport d’experts avait déjà incité à accélérer le pas. Membre de ce comité, Jean Hindriks, professeur d’économie à l’UCLouvain et chercheur à l’Institut Itinera, va un cran plus loin encore dans un contre-rapport explosif. “La Fédération Wallonie-Bruxelles est confrontée à un double défi silencieux, mais structurel : le vieillissement accéléré du personnel enseignant et la baisse progressive de la population scolaire, écrit-il. Ces tendances appellent des décisions responsables et courageuses.” Il faut optimaliser l’encadrement, maîtriser la croissance des coûts du personnel et mobiliser le personnel inactif.”
En clair : prendre le taureau par les cornes. L’école est la source des compétences de base, mais aussi le terreau où se construisent, tant les carrières que les parcours citoyens. Aujourd’hui, elle manque trop souvent à ses devoirs, laissant des jeunes désorientés arriver à l’université sans conscience de leur futur. Une meilleure orientation, c’est l’objectif de la ministre libérale Valérie Glatigny, mais on avance à trop petits pas. Dans une Fédération désargentée, une révolution copernicienne doit être mise en œuvre.
Dans une Fédération désargentée, une révolution copernicienne doit être mise en œuvre.
La formation est l’autre pilier de notre relance économique. L’éparpillement des compétences entre Fédération et Région, ainsi que la multiplication des acteurs sont indignes de l’enjeu. “Nous avons plus de 250 Agences locales pour l’emploi, 153 Centres d’insertion socioprofessionnelle, plus de 70 Maisons pour l’emploi, 35 Régies de quartiers…, nous disait Pierre-Yves Jeholet, ministre wallon en charge du dossier. Ces structures ne sont pas une fin en soi : ce qui compte, c’est l’objectif de réinsertion socioprofessionnelle que l’on se fixe.” L’urgence de ce chantier est vive car la réforme du chômage doit être accompagnée. Or, on vient de lancer… une étude pour mieux saisir les pénuries d’emplois au sud du pays. Par moments, on croit rêver.
Le besoin d’une révolution culturelle profonde reste nécessaire, malgré le pacte d’excellence et les chantiers divers. Sans une capacité à mener de front ces deux grands chantiers, la Wallonie et Bruxelles risquent de sombrer. La conséquence serait dramatique : comment réveiller l’économie sans forces vives pour travailler et innover ?
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