Sociétés de management: “Il est urgent de bâtir une réforme qui distingue l’optimisation légitime de la fraude”

La réforme annoncée sur les sociétés de management ne passe pas inaperçue. Derrière les ajustements techniques, c’est une partie de l’écosystème entrepreneurial belge qui se retrouve sous pression.

En six ans, le nombre de sociétés de management a presque triplé, passant de 26.000 à plus de 80.000. Ce modèle, prisé par les dirigeants de PME, consultants et professions libérales, permet de structurer une activité avec plus de souplesse, de responsabilité… et, il faut le dire, une fiscalité plus avantageuse.

L’impôt des sociétés reste plafonné à 25%, voire 20% pour les premiers 100.000 euros de bénéfices, contre 50% pour les revenus professionnels en personne physique.

De plus, les dividendes peuvent être distribués à des taux réduits grâce aux régimes spécifiques. Autant d’éléments qui ont favorisé l’essor de ces structures.

Mais ce succès a aussi attiré l’attention du gouvernement. L’objectif affiché : lutter contre les abus et réduire les pertes fiscales, estimées à plusieurs milliards d’euros sur les prochaines années.

Parmi les mesures envisagées :

• Indexation du salaire minimum requis pour bénéficier du taux réduit (actuellement 45.000 euros, bientôt 50.000 euros) ;
• Suppression des régimes de distribution avantageux ;
• Contrôles renforcés sur les professions libérales utilisant ces structures.

La méthode interroge

Sur le fond, la volonté de rétablir l’équité fiscale est légitime. Mais la méthode interroge.

Car derrière ces sociétés, il y a surtout des entrepreneurs de terrain. Des femmes et des hommes qui créent de la valeur, souvent seuls, souvent sans filet. Ce sont eux qui assurent la réactivité, la proximité, l’emploi local. Ce sont eux qui absorbent les risques, investissent leur énergie, et innovent dans un cadre souple.

Le danger, c’est qu’en voulant corriger quelques excès, on pénalise l’ensemble d’un modèle. Un modèle qui, bien encadré, reste un levier puissant pour dynamiser notre économie.

Réformer, oui. Mais sans décourager l’initiative.

Ce qu’il faut, c’est un cadre clair, lisible, stable. Ce qu’il faut, c’est accompagner les indépendants, pas les suspecter par défaut. Ce qu’il faut, c’est reconnaître que l’esprit d’entreprise, sous toutes ses formes, mérite d’être soutenu.

La Belgique a besoin de ses entrepreneurs. À l’heure où chaque euro investi compte, il est urgent de bâtir une réforme qui distingue l’optimisation légitime de la fraude, et qui renforce la confiance plutôt que le contrôle.

Une opinion de Vincenzo Carrabs, Director Michael Page MP Interim Management

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