Olivier Mouton

Pourquoi le MR et le patronat flamand n’ont pas tout à fait tort

Olivier Mouton Chef news

Le rejet de la responsabilité du blocage budgétaire sur ceux qui refusent les taxes est trop facile. On oublie trop souvent la stratégie de croissance dans ce pays. Même s’il faut accepter des décisions difficiles. 

C’est devenu l’analyse accommodante : le blocage budgétaire fédéral est avant tout la responsabilité du MR. Même l’allié francophone, Maxime Prévot (Engagés), a estimé ce vendredi matin que sa position posait des soucis. La presse flamande s’en donne à cœur joie : pour sauver De Wever, il faut flinguer Bouchez. Et l’opposition hurle. Cette unanimité est un peu légère.

Bien sûr, l’attitude du président du MR est insupportable, quand il place des mines en permanence et s’arc-boute sur ses positions pour prétendre ensuite qu’on le caricature. C’est le pompier pyromane, l’homme qui fait tout pour occuper le devant de la scène, à tout prix.

Mais derrière les analyses psychologisantes, il faut reconnaître que le MR a partiellement raison. Et son analyse rejoint celle du patronat flamand sur un point essentiel : nous devons songer à la croissance. 

Oui, taxer, c’est trop facile 

Le point de départ de la réflexion libérale est d’ailleurs difficilement contestable : dans notre pays, le réflexe consistant à prélever de nouvelles taxes est facile, permanent, nous portant à des niveaux records en Europe.

Or, l’efficacité des pouvoirs publics n’est pas toujours au rendez-vous, c’est un euphémisme de la dire. Un travail doit être mené sur les dépenses, sur la cohérence institutionnelle, sur l’efficacité, sur notre compétitivité… Quitte à soulever des tabous, comme ce fut le cas avec l’exclusion des chômeurs. Le travail sur les malades de longue durée doit être mené jusqu’au bout, au même titre que celui sur les dérapages dans certaines dépenses sociales ou de fraude fiscale. 

C’est un principe d’équité. À défaut, oui, la classe moyenne, au sens large, est, finalement, celle qui supporte toujours les efforts budgétaires. Les travailleurs sont devenus la vache à lait d’un État obèse. Il y a du sens à refuser une hausse de la TVA ou un saut d’index. Même s’il faudra bien trouver l’argent quelque part et oser des solutions créatives. Par exemple un effort des épaules beaucoup plus larges ?

Oui, il faut viser la croissance 

Le Voka, organisme du patronat flamand, souligne ce vendredi que “le gouvernement consacre trop de temps au budget et pas assez au renforcement de notre économie”. Or, la croissance est faiblarde à 1%. Bien vu.

Sur la table, il devrait y avoir: la simplification administrative, l’élimination de nos handicaps concurrentiels, des prix de l’énergie compétitifs et une vision à terme dans ce domaine cruciale, une stratégie claire pour l’IA… Le rapport d’un bureau de consultance européen, Eight Advisory, met en avant le fait que “bien des signaux sont à l’orange” pour notre compétitivité. Il faut adresser cela, de toute urgence, et avec une visibilité pour les années à venir. 

En voulant réaliser un budget pluriannuel, avec dix milliards d’économie, le Premier ministre, Bart De Wever, a voulu donner de la clarté. Il s’est pris les pieds dans le tapis. Le PS Pierre-Yves Dermagne a beau jeu, et pas tout à fait tort, de considérer qu’il voulait “se prendre pour Winston Churchill, mais qu’il ressemble plutôt à Boris Johnson“. Les petits jeux politiques sont irresponsables, déclare à juste titre le patronat.

Pour autant, le MR devra mettre de l’eau dans son vin pour obtenir un compromis et lâcher un totem. Mais l’accuser de tous les maux alors que les socialistes flamands bloquent tout autant et fixent leurs lignes rouges en toute tranquillité, c’est assez insupportable. Et cela rejoint un constat lancinant: dans notre pays, on songe davantage à répartir la richesse qu’à la créer. À terme, c’est tout simplement intenable. 

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