Amid Faljaoui
Les épargnants belges ont perdu une bataille, mais pas la guerre
Les épargnants belges ont perdu une bataille, mais pas la guerre. Depuis ce mercredi, tous les Belges en quête de rendement pour leur épargne, le savent : il n’y aura pas d’avantage fiscal pour ceux qui souscriront au bon d’Etat à un an du mois de mars et pour lequel les souscriptions démarrent déjà ce jeudi 22 février.
il y aura donc trois différences entre le bon d’Etat du mois de septembre dernier qui a récolté la somme record de 22 milliards d’euros et le nouveau bon d’Etat. La première différence, c’est que le précompte mobilier restera à 30% et non pas à 15% comme c’était le cas en septembre dernier. Le bon d’Etat n’aura donc pas un avantage fiscal par rapport à d’autres produits bancaires.
La deuxième différence, c’est que le rendement net en septembre dernier était de 2.81% alors qu’il ne sera que de 2.1% net pour ce nouveau bon d’Etat à un an.
La troisième différence, c’est qu’à l’inverse de la situation de septembre dernier, les banques ont compris le message du ministre des Finances. Il existe d’autres placements comme des comptes à terme qui donnent le même rendement net voire un peu plus.
Même chose pour les simples comptes d’épargne, mais à une différence près, le rendement offert par ces comptes d’épargne provient de la prime de fidélité qui nécessite de ne pas toucher à son argent pendant 12 mois.
Bien sûr, d’autres alternatives sont encore plus intéressantes au niveau obligataire notamment et, mais aussi, bien sûr, du côté des actions. Il s’agit là de capital à risque alors que l’épargnant belge moyen cherche du rendement sûr, stable et défiscalisé de préférence.
Le bon d’Etat répond presque à tous les critères, il est sûr, stable, mais pas défiscalisé. Pourquoi le ministre des Finances n’a-t-il pas obtenu un avantage fiscal pour ce bon d’Etat du mois de mars alors qu’il l’avait obtenu rapidement en septembre dernier ? La réponse est simple. En septembre, nous étions loin des élections. Les élections qui auront lieu en juin approchent à grands pas. Au final, tous les autres partis ont trouvé un prétexte pour ne pas permettre au ministre des Finances d’apparaître comme le Robin des Bois des épargnants belges.
Le Premier Ministre était opposé à cet avantage fiscal parce qu’il est le concurrent direct de son ministre des Finances dans la même région de la Flandre orientale. Il ne voulait pas que son concurrent direct puisse parader sur les marchés, en serrant des pinces tout en se présentant comme le défenseur des épargnants.
Les autres partis de droite avaient, eux, à cœur de ne pas déstabiliser le secteur bancaire. Quant aux partis de gauche en ce compris Ecolo, ils estimaient que ce bon d’Etat défiscalisé allait surtout profiter aux épargnants belges les plus aisés, comme c’était le cas en septembre dernier.
Le conseil des ministres restreint qui s’est réuni ce mercredi sur ce sujet a été bref. Comme il n’y avait aucun consensus, il n’y a pas eu d’avantage fiscal pour ce bon d’Etat. Reste maintenant à savoir s’il va récolter les 6 milliards d’euros prévus par le ministre des Finances. Réponse d’ici quelques jours…
La morale de cette histoire est très simple à retenir : le bon d’Etat de septembre dernier a eu un avantage fiscal, car il n’y avait pas de concurrence entre les banques pour mieux rémunérer les épargnants. Maintenant qu’il y a enfin un peu de concurrence entre les banques, il n’y a pas d’avantage fiscal pour le nouveau bon d’Etat.
Il y a, au contraire, trop de concurrence entre nos politiciens pour laisser le ministre des Finances tirer la couverture à lui tout seul. C’est ça le surréalisme à la Belge : mieux vaut avoir tort ensemble que raison tout seul.
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