Comme on pouvait s’y attendre, l’agence de notation Fitch a dégradé la note de la Belgique de AA- à A+. Cette dégradation est logique, puisqu’elle était déjà en “perspective négative” et qu’objectivement, l’amélioration attendue ne sera pas suffisante.
Tout en reconnaissant les efforts déployés à l’horizon 2029 pour limiter le déficit, l’agence Fitch souligne un risque accru sur la soutenabilité des finances publiques sur base de quatre arguments : (i) la détérioration présente des finances publiques, (ii) la pression à la hausse sur les dépenses publiques causée par le vieillissement et la hausse des dépenses en matière de défense, (iii) l’insuffisance de mesures correctrices et un trop grand optimisme en matière d’effet retour et (iv) une dette publique déjà élevée.
Il serait malhonnête d’être surpris par ces arguments. Il s’agit au contraire d’un constat objectif, répété à en perdre haleine par tous les observateurs des finances publiques belges, et encore confirmé récemment par la Commission européenne, le Bureau du Plan (11 juin 2025) ou encore la BNB (6 juin 2025). Cette dernière note, pour résumer la situation : “Les présentes projections intègrent pour la première fois les nouvelles politiques du gouvernement (fédéral).
En comparaison des projections d’automne de la Banque, les nouvelles mesures amélioreraient légèrement le solde budgétaire d’ici 2027. Le déficit devrait cependant se creuser davantage par rapport à son niveau de 2024, pour atteindre 5,6% du PIB en 2027″. Bien sûr, lorsque la dégradation du rating est annoncée, tout le monde s’interroge sur les conséquences de celle-ci. Mais le problème, ce n’est pas le rating et ses conséquences, mais la dégradation passée et future des finances publiques.
Un enjeu de croissance économique
Je ne me fais pas trop d’illusions sur la manière dont le problème des finances publiques sera traité dans les prochaines années. Mais dans un monde idéal, où l’efficience économique et l’équité priment sur les querelles politiques, quelques éléments me paraissent importants pour enfin aborder le problème correctement :
• Arrêter de centrer le débat sur des symboles comme savoir qui fait partie des épaules les plus larges et dans quelle mesure elles devraient payer l’effort à réaliser. Compte tenu de leur état actuel et des défis qui nous attendent, assainir les finances publiques, c’est bien plus qu’avoir les épaules larges !
L’enjeu des finances publiques est donc aussi (voire avant tout) un enjeu de croissance économique, qu’il nous faut retrouver.
• Les finances publiques méritent des exposés clairs, sur base de chiffres et de comparatifs à d’autres pays, tant au niveau des prélèvements qu’au niveau des prestations délivrées. À ce titre, on a l’impression que la France prend plus conscience de son problème de finances publiques que la Belgique. Il n’y a chez nos voisins plus un seul jour sans que le sujet ne soit abordé dans les médias.
• Cette pédagogie est indispensable, car d’une manière ou d’une autre, l’exercice d’assainissement des finances publiques est tel que chaque citoyen sera touché, et tout le monde devra faire des efforts. Dans une telle situation, chacun doit comprendre pourquoi on lui demande de tels efforts et se sentir respecté dans l’effort.
• Enfin, il faudrait qu’il n’y ait plus de doute sur le fait que l’économie belge a besoin d’une croissance économique plus élevée afin de soutenir le rythme élevé de croissance des dépenses publiques notamment liées au vieillissement. Aussi longtemps que la croissance reste inférieure à 2% par an, des efforts budgétaires supplémentaires seront nécessaires. L’enjeu des finances publiques est donc aussi (voire avant tout) un enjeu de croissance économique, qu’il nous faut retrouver.