Olivier Mouton

Spectateurs d’un monde carnivore: mais où est la Belgique ?

Olivier Mouton Chef news

“Toute réforme imposée par la violence ne corrigera nullement le mal : la sagesse n’a pas besoin de la violence”. Les amoureux de pouvoir fort, aux États-Unis et en Russie, s’inspireront-ils de cette citation de Tolstoï dans Guerre et paix, un livre vénéré durant l’époque stalinienne ?

L’Europe et le monde sont désormais suspendus aux pourparlers de paix entamés sur l’Ukraine, après les rencontres cruciales en Alaska et à la Maison Blanche. Le processus dépendra surtout de la disposition du Russe Vladimir Poutine à faire taire ses armes. Et à vrai dire, le scepticisme est de mise.

Tout à sa croisade pour obtenir le prix Nobel de la Paix, le président américain, Donald Trump, ne ménage pas ses efforts. Quitte à tordre la vérité à son profit pour tenter de forcer des concessions ukrainiennes. Les “prédateurs” de ce monde, pour reprendre l’appellation de Giuliano da Empoli, sont prêts à tout pour que leurs prétentions se concrétisent. “La guerre et le commerce ne sont que deux moyens d’arriver au même but : celui de posséder ce que l’on désire”, disait le philosophe Benjamin Constant.

Des attitudes dictatoriales qui font peur

Partisan autoproclamé de la paix, Donald Trump n’en a pas moins déclaré la guerre commerciale au monde entier. Les premiers accords de cet été, avec un taux “réduit” à 15% pour l’Union européenne, ont partiellement apaisé l’incertitude. Mais des inconnues majeures demeurent pour certains secteurs, dont le pharmaceutique, crucial pour la Belgique. L’impulsivité du grand homme sur les réseaux sociaux nous rappelle à chaque instant qu’il est susceptible de punir ceux qui lui déplaisent. Il suffisait de voir les ronds de jambe des dirigeants européens à la Maison Blanche pour comprendre combien ses attitudes dictatoriales font peur, désormais.

Une bonne nouvelle dans cette séquence historique, armée et commerciale : l’Europe parvient à exister, même si c’est au prix d’efforts démesurés, face à des empires assoiffés de domination. En préservant l’unité de leurs voix, les Macron, Starmer, Merz et autres Meloni font du bien au projet commun. Il leur reste désormais à concrétiser cette “vision” de façon offensive, tant sur le plan de la défense que de notre compétitivité. Car aux yeux du monde, l’Europe reste un géant économique, mais un nain politique. Si la guerre et le commerce sont les deux mamelles du pouvoir des “prédateurs”, alors l’Union ferait bien de consolider sa gouvernance.

Une Belgique totalement absente

Une moins bonne nouvelle : dans cette séquence, la Belgique est totalement absente. Il fut un temps où notre pays se frayait une place dans le concert mondial, grâce à la créativité de son laboratoire de cohabitation. Avec un Premier ministre nationaliste flamand à sa tête, cela semble bien fini.

Il fut un temps où notre pays se frayait une place dans le concert mondial… Avec un Premier ministre nationaliste flamand à sa tête, cela semble bien fini.

Nous sommes devenus des spectateurs d’un monde carnivore. Et, comme un symbole désastreux, la Région bruxelloise, capitale de l’Europe, est suspendue aux efforts désespérés du “facilitateur” Yvan Verougstraete pour tenter de mettre un terme au blocage politique qui dure depuis plus d’un an.

La Belgique doit veiller à ne pas devenir un des malades de l’Europe. La rentrée de Bart De Wever sera minée par une autre guerre, celle de Gaza, qui divise sa coalition. Mais elle sera surtout confrontée à un mur budgétaire qui demeure préoccupant malgré les réformes. Jusqu’ici, l’économie reste résiliente. “Le problème, c’est que cette résilience masque les urgences, nous dit Philippe Ledent, économiste chez ING. Les déséquilibres peuvent exploser à tout moment.” La guerre n’est jamais loin de la paix.

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