Olivier Mouton
Pas de pause environnementale, mais une écologie positive
Changer de modèle n’impose pas nécessairement de freiner pour retourner en arrière.
Non, il ne faut pas de “pause” dans les réglementations environnementales comme l’a exprimé maladroitement le Premier ministre, Alexander De Croo (Open Vld). Il faut, au contraire, accélérer la lutte contre le dérèglement climatique et la biodiversité en péril – les deux sont nécessaires! Nous assistons en direct à un double drame qui ne peut laisser personne indifférent. On se doit de réagir. Mais ce n’est pas pour autant d’une bureaucratie insoutenable dont nous avons besoin.
Il s’agit avant tout de privilégier l’action concrète, l’innovation, l’esprit d’entreprise et l’audace au quotidien pour préparer l’avenir. Accompagner les citoyens et les entreprises dans leur transformation: voilà la voie à suivre, davantage que celle d’une litanie de législations susceptibles de paralyser les acteurs. Si une “pause” n’est pas la bienvenue – le Premier ministre n’a d’ailleurs plus utilisé le terme au Parlement, se disant un “optimiste du climat” – , il convient de ne pas trop charger la barque pour permettre à l’économie de respirer. Et de préparer l’avenir.
Oui à une croissance qualitative, non à la décroissance. La “pause” évoquée par Alexander De Croo avait le défaut de se faire le relais de lobbys, agricoles notamment, inquiets des conséquences d’une protection de la nature, notamment en Flandre où l’espace est exigu. La sortie du libéral flamand a toutefois eu l’avantage de remettre le débat climatique au cœur des préoccupations et de… faire tomber les masques. Combien d’odes à une décroissance idéalisée n’a-t-on pas lues! Pourtant, ce n’est pas sur un désert social que l’on combattra le désert environnemental.
Oui, de nombreuses entreprises accélèrent le pas…
“Nous devons accélérer la transition. Pas la mettre en pause. S’engager dans la transition économique, c’est une garantie d’avenir et de prospérité des entreprises. Nombre d’entre elles l’ont compris.” Secrétaire d’Etat bruxelloise, Barbara Trachte (Ecolo) incarne la version lumineuse de l’écologie politique, celle qui croit en notre capacité d’adaptation, à la nécessité de changer les modèles pour continuer à avancer. Oui, de nombreuses entreprises accélèrent le pas pour raccourcir les chaînes d’approvisionnement, sortir de la dépendance aux énergies fossiles, trouver des substituts à leurs matières premières, réduire leur espace vital… Une dynamique à soutenir.
A Bruxelles comme à Amsterdam, la “Shifting Economy” s’appuie sur la théorie de Kate Raworth, économiste d’Oxford, qui plaide pour le modèle du donut: la prospérité repose sur un socle social et des limites environnementales. “L’objectif d’une entreprise doit être plus grand que l’entreprise elle-même, déterminer en quoi elle contribue à un monde meilleur”, plaide-t-elle dans l’entretien qu’elle nous a accordé. La base d’un modèle vertueux repose sur les Objectifs des Nations unies pour le développement durable: protéger la planète, éradiquer la pauvreté, améliorer le bien-être…
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L’innovation est l’autre levier vital de cette vertu. Aujourd’hui, pas dans un futur abstrait. L’aventurier Bertrand Piccard et sa Solar Impulse Foundation ont recensé plus de 1.500 entreprises ayant inventé des recettes éprouvées et susceptibles d’être reproduites partout. “On crie trop souvent ‘problèmes, problèmes! ’, alors que l’on devrait crier ‘solutions, solutions! ’, nous disait-il, il y a un an. Je veux changer le narratif de l’écologie. Je veux y mettre de l’enthousiasme.” Changer de modèle n’impose pas nécessairement de freiner pour retourner en arrière.
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