Olivier Mouton
Non à la discrimination entre journaux et magazines!
La saga du soutien public à la distribution des journaux est à un moment clé. Les propositions sur la table sont inacceptables car elles mettent en place un désavantage concurrentiel sur base d’un raisonnement dépassé.
La saga de la distribution des journaux se trouve sur la table du Conseil des ministres restreint, ce mercredi. C’est une nouvelle étape cruciale dans une longue séquence découlant, faut-il le rappeler, de la suppression de la concession de 125 millions d’euros par an octroyée jusqu’ici par l’Etat à Bpost, en raison d’une entente illicite entre un éditeur de presse quotidienne et l’entreprise publique.
Après une phase intermédiaire, avec une aide réduite à Bpost et un crédit d’impôt, le gouvernement fédéral d’Alexander De Croo se prépare à poursuivre le soutien fiscal aux éditeurs de la presse quotidienne et à… le supprimer pour les magazines.
“Je ne comprends absolument pas pourquoi les magazines seraient désormais exclus de l’aide fiscale, souligne Xavier Bouckaert, CEO de Roularta et président de We Media, l’association des magazines Pour faire une telle chose, il faut avoir une raison objective. Or, je n’en vois pas. En fait, le gouvernement place les magazines dans une situation de désavantage concurrentiel.”
Un tel désavantage est inacceptable. Surtout, il repose sur un raisonnement complètement dépassé. En substance, les quotidiens devraient être soutenus pour la tournée matinale, tandis que les magazines devraient se contenter d’une tournée classique. C’est faire peu de cas de l’évolution du marché et des habitudes de consommation et de lecture. L’analyse réfléchie et posée proposée par les magazines serait-elle moins cruciale, moins urgente?
En tout état de cause, les éditeurs de magazine verraient leur prix de distribution augmenter, ou leur soutien diminuer, alors que les éditeurs d’une presse quotidienne de plus en plus orientée vers une large offre du week-end seraient secourus? Où est la logique?
Qui plus est, la transition numérique de la presse écrite est un défi commun à tous les groupes, qu’ils vendent des quotidiens ou des hebdomadaires. Le défi de cette transition est même plus important encore pour des magazines qui doivent adapter leur rythme et leur temps long à la consommation frénétique en ligne.
Pourquoi, au fond, ne pas supprimer l’aide à la distribution et le remplacer par un Fonds de soutien à cette transition digitale?
On n’oserait penser que derrière la proposition portée par la Vivaldi fédérale, il y ait des considérations politiques, fruit d’accointances idéologiques, de lobbies, voire d’une plus haute considération pour un certain type de presse plus “utile” pour la politique. On ose imaginer que le pragmatisme est la seule ligne de conduite.
Dans ce cas, il ne faut éviter à tout prix une discrimination entre journaux et magazines!
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici