Une “bonne nouvelle”… Il est paradoxal de saluer de la sorte un accord budgétaire fédéral qui en contient de très mauvaises. Pourtant, la Belgique avait bel et bien besoin de ce tour de vis supplémentaire, proche des 10 milliards d’euros, pour rester dans les clous de sa trajectoire européenne. L’Arizona fédérale fixe, de la sorte, une perspective pluriannuelle lui permettant de poursuivre son travail. Notre pays a besoin de réformes, pas d’une crise politique insoluble ou de nouvelles élections qui paralyseraient tout.
Pas de cris de joie, pour autant. “Je vais être très honnête, tout le monde va être touché dans son portefeuille”, a déclaré le Premier ministre, Bart De Wever, affirmant que c’est la seule façon de “garantir la pérennité de notre État providence”. La classe moyenne supérieure est, une nouvelle fois, celle qui subira de plein fouet les errements d’un système qui craque de toutes part. Quand on dit “supérieure”, cela commence bas : le plafonnement de l’indexation des salaires se situe à… 4.000 euros bruts.
“Taxes, taxes, taxes”, dénoncent les libéraux flamands. À juste titre. Là où le MR ne cessait de proclamer qu’il n’y aurait pas de taxes supplémentaires, force est de constater qu’il y en a une flopée : taxe sur les petits colis, doublement de la taxe sur les comptes-titres, augmentation de la taxe bancaire et de celle sur les vols aériens, TVA réajustée et augmentée sur les pesticides ou… les nuitées dans les hôtels, hausse des accises sur le gaz… Une liste à la Prévert. Quand les libéraux affirment que le “caddie ne sera pas affecté”, il y a de quoi affirmer en retour que la vie sera bien plus chère.
Les entreprises ne sont pas épargnées par l’effort. La mesure prise pour décourager les sociétés de management touchera, en réalité, toutes les PME. Les représentants du patronat dénoncent aussi le “ralentissement du soutien à la recherche et au développement, au travail de nuit, et l’augmentation des taxes bancaires et la contribution supplémentaire des employeurs pour la réactivation des personnes en arrêt maladie de longue durée”. Les épaules les plus larges ? Les plus grandes, les massives, restent encore épargnées, au contraire de celles qui prennent des risques.
Ce budget reste un ensemble de mesures hétéroclites qui manque de vision claire.
Les tricheurs, eux aussi, doivent payer. Cette cure d’amaigrissement budgétaire doit impérativement s’accompagner d’une remise au travail effective, avec une limitation des allocations de chômage dans le temps et un plan d’accompagnement des malades de longue durée qui doivent porter leurs fruits. De même, la création d’un parquet national financier doit ouvrir la voie à une lutte renforcée contre la fraude fiscale. L’Arizona sera aussi jugée sur sa capacité à arrêter les entourloupes en tous genres.
C’est un sacré coup de com’… inachevé. Le gouvernement fédéral s’est remis en mouvement au début d’une semaine où les syndicats ont tenté de bloquer le pays, trois jours durant. Le message est clair : l’heure est grave, il n’est plus question de tergiverser ou de paralyser. “Je le dis sincèrement : en tant que citoyen, entrepreneur et père de famille, je veux comprendre, et je veux soutenir les réformes nécessaires, commentait David Blondeel, avocat pour entreprises, une fois le budget dévoilé. Mais pour adhérer, encore faut-il que le gouvernement fasse sa part en communiquant clairement, notamment sur les sujets qui fâchent.”
Ce budget reste un ensemble de mesures hétéroclites qui manque de vision claire. “Nous sommes à la corde, on gratte les fonds de tiroirs”, nous confiait un président de parti, au moment de conclure. Cela se sent, et il faut reconnaître que cela ne fait pas rêver…
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