Olivier Mouton

Nous avons besoin des États-Unis d’Europe

Olivier Mouton Chef news

Pour Guy Verhofstadt, c’est une obsession. Premier ministre de Belgique, puis animateur fiévreux du Parlement européen, le libéral a toujours plaidé en faveur des États-Unis d’Europe. C’était d’ailleurs le titre d’un de ses livres, publié en 2006. “Tout démontre aujourd’hui qu’une Europe plus unie est la seule solution aux maux de notre époque”, nous dit-il, comme s’il avait vu juste avant tout le monde.


Cette vision était celle des pères fondateurs de l’Europe, les Monnet, Schuman, Spaak et autre Churchill. Avec son camarade Philippe Close, bourgmestre socialiste de la Ville de Bruxelles, il se confie dans un long entretien à Trends-Tendances. Les deux hommes invitent à un rassemblement populaire sur la Grand-Place de la capitale, ce 9 mai. Le soutien populaire doit servir le courage des dirigeants. À Rome, ils furent 40.000, mi-mars, à plaider de la sorte pour “plus d’Europe”. Une réponse aux menaces de notre temps, y compris à ce populisme qui gangrène nos démocraties.

C’est une lutte brutale entre empires

“Cette fête est l’occasion de dire que nous ne voulons pas de Trump, pas de Poutine, nous voulons une Europe unie, insistent-ils. Le monde actuel n’est plus celui d’il y a 10 ou 15 ans : c’est une lutte brutale entre empires, voilà la réalité.” Ces propos rejoignent ceux du président français, Emmanuel Macron, insistant sur la nécessité de se battre dans un monde cruel : “Si on décide de rester des herbivores, les carnivores gagneront. Je pense qu’au moins, ce serait pas mal de choisir d’être des omnivores”. Et Philippe Close d’insister : “C’est toujours à travers les crises que l’Europe a évolué. Même les nationalistes ne remettent plus en question la monnaie unique. L’Europe a montré qu’elle pouvait concrétiser des utopies.” Elle doit continuer à le faire.

Nous en avons besoin pour la compétitivité de notre économie, garantir notre sécurité, défendre les valeurs des lumières ou encore répondre à l’enjeu climatique.

La feuille de route de ces deux “utopistes” existe, contenue dans plusieurs documents : les rapports Letta et Draghi (deux anciens Premiers ministres italiens), plaidant pour un marché intérieur renforcé et une union des capitaux, ou la vieille feuille de route de 1954 posant les fondements d’une Europe de la défense. Plus besoin d’un énième “livre blanc”, il suffit de transcrire cela en textes de lois. Ce ne sont pas des délires bureaucratiques, mais des options très concrètes visant à créer des champions européens dans le domaine des télécoms, de l’IA, du rail ou de l’énergie. Ou à faire naître une armée européenne intégrée. Autant de nécessités si l’on veut survivre.

L’heure est aux prédateurs

L’heure est aux prédateurs, met en garde le brillant écrivain Giuliano da Empoli dans son dernier livre, déjà un best-seller. Trump, Poutine, Xi Jinping… mais aussi les patrons de la tech, aux desseins désormais très politiques, sont dangereux. Le chaos devient une façon de faire voler en éclats l’ordre mondial. “Je ne suis pas pessimiste, assure da Empoli. Il y a en Europe une volonté de faire obstacle à cette surpuissance. L’acharnement avec lequel les prédateurs, les prédateurs politiques à la Trump et les prédateurs de la tech à la Musk et à la Zuckerberg, se ruent sur l’Europe, sa régulation et ses institutions nous dit qu’ils perçoivent tout cela comme un obstacle.”

Ces États-Unis d’Europe, nous en avons besoin pour la compétitivité de notre économie, garantir notre sécurité, défendre les valeurs des lumières ou encore répondre à l’enjeu climatique. “Pour nos enfants, il n’y a plus de marche en arrière possible”, insiste Philippe Close. À nous d’écouter ces sages et de leur faire écho, afin de forcer le pas de ceux qui gouvernent. À nous de fêter l’Europe, ce 9 mai.

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