Olivier Mouton

L’économie d’abord, chers Bart, Alexander… et Paul

Olivier Mouton Chef news

Bart De Wever envisage de présenter des listes pour les élections en Wallonie. Le président de la N-VA souhaite, ce faisant, susciter un débat au sud du pays sur sa vision du confédéralisme, une évolution de l’Etat décentralisant encore les compétences et responsabilisant les Régions et les Communautés. “Ce ne sont pas les politiciens de gauche qui vont en parler, et Bouchez est le plus grand belgicain qui soit”, assure-t-il. A vrai dire, il n’a pas tort sur ce point, même si un accord confédéral avec le PS de Paul Magnette serait de l’ordre du possible. Mais est-ce la priorité?

Bienvenue donc en Wallonie, cher Bart ! Mais ton projet de listes wallonnes semble fort improvisé et deux précisions s’imposent. Tout d’abord, si ce ballon d’essai se précise, il ne serait pas désagréable que tu sois davantage respectueux de tes voisins sudistes en cessant de les présenter à coups d’interview comme des ­paresseux refusant de travailler. Ensuite, ta vision institutionnelle du pays devrait intégrer des éléments de base comme l’existence de la Région bruxelloise ou l’acceptation d’une solidarité entre Belges. Alors, tu seras crédible avec ce souhait de devenir Premier ministre.

Mais l’essentiel n’est pas là. Le leader ­nationaliste oriente sa campagne électorale sur la nécessité de “préserver la prospérité ­flamande”. Par-delà son obsession nationaliste, oui, mille fois oui, il convient de mettre l’économie en tête des priorités. “Je lis des interviews hallucinantes où des pointures de la Vivaldi ­s’extasient sur leur magnifique bilan, déclarait-il la semaine dernière à nos collègues flamands de Trends, en pointant du doigt les augmentations des allocations sociales. Mais avez-vous vu les précisions de croissance pour la Belgique? Elles sont les plus faibles de toute l’OCDE.” Le FMI parle d’une croissance annuelle moyenne de 1,2% au cours des prochaines années. Tandis que le déficit budgétaire explose, parmi les pires de la zone euro. C’est intenable!

Sauver notre prospérité, est-ce aussi à l’agenda du premier parti de Wallonie? C’est le moins que l’on puisse attendre de lui.

Pieter Timmermans, CEO de la FEB, se fait lui aussi l’écho de l’exaspération du monde économique face à l’incapacité de ce pays à réformer son marché du travail, sa fiscalité et ses pensions. Comme pour témoigner de son courroux, le patron des patrons évoquait même, en présentant son Mémorandum électoral, la possibilité de… régionaliser le chômage de longue durée. C’est dire. Lors de débats exceptionnels avec les présidents de partis, qui seront diffusés ces prochaines semaines sur Canal Z, il tapera sur le clou: ce n’est pas une option de laisser notre pays stagner.

Dans un long entretien publié dans ce numéro, Alexander De Croo met, là encore, l’accent sur l’économie en vue de la présidence belge de l’Union européenne, qui débute le 1er janvier 2024. Ses deux priorités: le marché intérieur et la réindustrialisation. Ce sont deux dossiers d’une importance cruciale, que nos responsables politiques ont largement délaissés pour protéger les populations. Pendant ce temps, les Etats-Unis sortent vainqueurs sur toute la ligne de la séquence Covid-Ukraine-inflation. “Si la désindustrialisation de l’Europe se poursuit, cela nous coûtera cher en bien-être, en emplois, mais aussi en poids géopolitique”, prévient le Premier ministre.

Le vrai destinataire belge de ces messages se fait discret, soucieux de ne pas commettre ­d’erreur, lui qui vise ouvertement le Seize. Paul Magnette, président du PS, loue la voie “écosocialiste” et la défense des acquis sociaux. Face aux défis économiques de l’heure, on attend toutefois de lui une autre attitude qu’un match défensif contre le PTB. Sauver notre prospérité, est-ce aussi à l’agenda du premier parti de ­Wallonie? C’est le moins que l’on puisse attendre de lui. z

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