Olivier Mouton

Éviter la fracture nationale

Olivier Mouton Chef news

Nous ne sommes pas au bout de nos efforts. Les réformes initiées par le gouvernement De Wever en matière de chômage ou de pensions ne suffiront pas à réduire suffisamment le déficit budgétaire. Notre économie est certes résiliente, mais la conjoncture est éprouvante et l’instabilité géopolitique impose des efforts substantiels en matière de dépenses. Les effets retour sont surévalués. Bref, “il faudra faire des efforts supplémentaires”. C’est la Banque nationale qui le dit, après la Cour des comptes. Le contrôle indépendant fonctionne à plein régime et met la pression.

Un an après les élections, la perspective d’une situation budgétairement intenable et socialement explosive est réelle. Singulièrement du côté francophone. L’impact de la limitation des allocations de chômage dans le temps impactera la Wallonie et Bruxelles de plein fouet. Les syndicats annoncent déjà 140.000 personnes transférées aux CPAS, comme si aucun candidat ne retrouverait un emploi, et les entreprises… ne sont guère enthousiastes à l’idée de devoir faire œuvre sociale. 2026 sera épique.

En Wallonie, la dynamique menant au redressement n’est pas perceptible, malgré la rationalisation des outils économiques et en dépit de belles réussites entrepreneuriales. Alors que l’heure est grave, la mobilisation des forces vives régionales n’est pas encore au rendez-vous. Si la question communautaire ne paralyse plus le pays comme par le passé, une petite musique monte. Minée par les mouvements sociaux, polarisée par un affrontement MR/PS de plus en plus stérile, enfoncée par le manque d’action passé quand la conjoncture était meilleure, la Belgique francophone risque de devenir une proie facile pour le nationalisme flamand.

En Wallonie, la dynamique menant au redressement n’est pas perceptible, malgré la rationalisation des outils économiques et en dépit de belles réussites entrepreneuriales.

Et que dire de la Région bruxelloise, au bord du gouffre, à l’arrêt, sans gouvernement plus d’un an après les élections. La voilà à deux doigts d’une mise sous tutelle fédérale en raison d’un budget hors de contrôle. Les positionnements partisans et les exclusives des uns et des autres sont coupables. Mais le PS joue un jeu très dangereux en voulant en faire un lieu de résistance avec les communistes du PTB et les communautaristes de la Team Fouad Ahidar. Quelle triste vitrine du pays cela ferait…

Le baromètre des intentions de vote, en ce mois de juin 2025, montre une N-VA sereine en Flandre et toujours numéro un, mais un PS qui reprend du poil de la bête en Wallonie. Comme une métaphore de ce fossé communautaire susceptible de se creuser. À Bruxelles, le PS refuse de parler avec une N-VA jugée “antibelge et raciste”, ce qui promet bien du plaisir pour l’avenir… Le Premier ministre, Bart De Wever, ne fait pas de la cohésion nationale son leitmotiv. Pour éviter la fracture nationale, le MR mise sur son extension en Flandre, en commençant par son service d’études Jean Gol, mais il serait également bien inspiré de veiller à la cohérence du camp francophone. Même les Engagés, son fidèle allié, montrent des signes d’agacement.

Dans ce tableau préoccupant, les forces de résistance au changement jouent le rôle le plus néfaste. Au cœur d’un monde en pleine mutation, les Belges doivent faire preuve d’agilité et d’ambition. Plus que jamais. “En Belgique, et en Wallonie particulièrement, on a un peu trop tendance à se limiter à nos frontières et à viser petit, nous disait Sébastien Bruyr, directeur commercial de la météorite Odoo, lors de la remise du prix de Gazelle nationale 2025. Je crois au contraire qu’il faut y aller fort et espérer avoir un impact sur le monde entier.” Voilà qui est loin, très loin, de nos petites mesquineries.

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