Olivier Mouton

Et si Fitch notait aussi… la Terre

Olivier Mouton Chef news

L’agence dégrade la notation américaine le jour où les ressources de la Terre sont épuisées. Message aux générations à venir.

Très chères générations à venir, il y a des jours, innombrables ces temps-ci, où l’on aimerait vous présentez nos excuses. Ce 2 août marque le jour symbolique où les ressources de la Terre sont épuisées par notre surconsommation. En d’autres termes, nous vivons à crédit près de la moitié de l’année. En Belgique, c’est bien plus que cela encore: cette journée tombe le… 26 mars. C’est dire combien nous ne prenons pas soin de nos biens les plus précieux: notre planète et la vie qu’elle abrite.

Cette année, le symbole est double. Cela ne concerne certes “que” les Etats-Unis, mais l’agence de notation Fitch a dégradé la notation de la dette américaine, une première depuis 2011 et pour la seconde fois dans l’histoire. Il est question de “défaut de gouvernance, d’affrontements politiques et de dépenses trop importantes”. Très chères jeunes générations, cela concerne aussi la Belgique et bien des pays européens. Ces prochaines années, la question de la dette budgétaire risque d’affecter nos moyens alors que les besoins sont conséquents. Oui, là aussi, nous avons vécu au-dessus de nos moyens.

“En attendant la Terre se dégrade aussi, Fitch note la Terre ?”. Ce commentaire acerbe d’un internaute est une interpellation correcte. qui nous amène à trois considérations, a priori incompatibles politiquement, mais qui devraient pourtant l’être.

Un. Oui, nous devons décélérer avant qu’il ne soit trop tard. Consommer moins et mieux. Mais attention: pas question de basculer vers la décroissance, car nous aurons besoin de création de richesses comme de pain pour générer les innovations et les investissements nécessaires pour lutter contre le déréglement climatique.

Deux. Pour vous, générations à venir, nous devons veiller à diminuer la charge de la dette. Mais de façon qualitative. En clair: on ne peut plus dépenser sans compter, en considérant que l’argent est gratuit, mais on doit immuniser du calcul les investissements indispensables pour l’avenir, que ce soit pour s’adapter au changement climatique ou pour générer de l’innovation. Traduction, pour Fitch: il conviendrait de noter différemment la dette.

Trois. Nous devons surmonter les affrontements politiques qui opposent parfois de façon stérile les idéologies et les pays pour mener ensemble ce combat commun: ne pas vous laisser une dette insoutenable. Les négociations avortées pour les réformes dans notre pays ont donné un mauvais signal. Il est temps de se ressaisir, et pas qu’un peu.

D’accord, cela semble une utopie à l’heure des blocages politiques, des guerres et des coups d’Etat. Mais notre responsabilité consistera toujours à plaider en ce sens. Et si on oublie de le faire, les températures solaires de cet été – pas en Belgique, c’est vrai… – et les catastrophes naturelles seront toujours là pour nous le rappeler.

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