Olivier Mouton

Une nouvelle devise pour la Belgique? “Bière, chocolat, Odoo et… taxes”

Olivier Mouton Chef news

Voilà le nord du pays fasciné, une fois n’est pas coutume, par l’ambition d’une entreprise francophone : Odoo. Le 20 novembre, la licorne belge annonçait une transaction de 500 millions d’euros, portant sa valorisation à cinq milliards d’euros. Une opération menée, ce qui ne gâche rien, par deux grands noms du monde de l’investissement, CapitalG (le fonds de croissance indépendant de la maison mère de Google, Alphabet) et Sequoia Capital. La nouvelle a forcément marqué les esprits et suscité de nombreux commentaires dithyrambiques.

“Bière, chocolat et Odoo.” Telle est la nouvelle devise commerciale pour la Belgique, apparue soudain dans la presse économique flamande avec ces mots du Tijd : “Nous avons besoin de davantage d’Odoo pour redresser la Wallonie, et donc la Belgique”. “Odoo est une des entreprises belges les plus fascinantes”, se félicite Stijn Fockedey, rédacteur en chef de Trends, le pendant néerlandophone de Trends-Tendances. Une telle unanimité de part et d’autre de la frontière linguistique, voilà qui est trop rare pour ne pas être soulignée.

Fascinantes sont aussi l’ambition décomplexée et la désinvolture apparente du CEO de la quintuple licorne, Fabien Pinckaers. “Le mieux que je puisse faire pour le pays, c’est continuer à faire ce que je fais, garder mon siège ici et faire en sorte que ces 5 milliards deviennent 50 milliards”, lance-t-il. Tout en se disant réservé sur sa richesse personnelle, n’ayant pas de besoins disproportionnés. Derrière cette humilité, il y a un travail d’arrache-pied : ce CEO hors normes ne nous avait-il pas raconté cette année qu’il a passée en Inde pour y améliorer le modèle de son entreprise, tant il était insatisfait que les activités n’y décollent pas? Odoo, c’est une idée simple, des outils informatiques en open source pour aider les entreprises, mais aussi un management inspiré.

Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, la gantoise Lighthouse est devenue la cinquième licorne belge… Cet autre géant technologique belge a levé 370 millions d’euros auprès d’un investisseur américain de renom. Il est né, lui aussi, d’une idée simple : analyser les données du marché hôtelier pour aider les établissements à ajuster leurs prix en temps réel. “Gand, et plus largement la Belgique, connaît un véritable boom technologique”, se félicite son CFO, Matthias Gerooms, non sans préciser que cette belle histoire fut possible… “malgré la montagne de paperasserie” (sic). Le rêve d’une “Belgian tech” cher à un autre CEO inspiré, Fabrice Brion (I-care), commence à se concrétiser.

À l’heure où les perspectives économiques sont moroses, de tels joyaux doivent être choyés.

Pour les pouvoirs publics, ces success stories sont de bonnes nouvelles. En raison de la dynamique qu’elles induisent, mais aussi des bonnes affaires qu’elles engendrent. Dans le cas d’Odoo, Wallonie Entreprendre touchera 175 millions d’euros en revendant ses parts. “Cela fait d’Odoo aujourd’hui le meilleur investissement de WE de tous les temps”, se félicite son patron, Olivier Vanderijst. Et certains de se demander si le levier financier de la Région n’aurait dû pas attendre encore avant de vendre, tant les perspectives semblent encore prometteuses.

Ces belles histoires constituent une piqûre de rappel pour le gouvernement fédéral de Bart De Wever, qui pourrait enfin voir le jour. À l’heure où les perspectives économiques sont moroses, de tels joyaux doivent être choyés. En d’autres termes, ne les bombardons pas de taxes et de réglementations inutiles. Et revoyons les réformes inconsidérées, comme celles des droits d’auteur, que la Vivaldi sortante s’est entêtée à maintenir, alors qu’elle rapporte finalement peu et qu’elle frappe de plein fouet les chevilles ouvrières de ces pépites technologiques. 

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