Olivier Mouton
Bart, Adrien & Co, réformez, sans casser!
Bart De Wever entame la partie décisive de sa formation royale. Après quelques jours de congé, à lui de prouver à ses partenaires de la future Arizona (outre la N-VA, le MR, les Engagés, Vooruit et le CD&V) qu’il peut troquer son costume de président du parti nationaliste flamand en une tenue plus neutre, celle de Premier ministre. Cela reste à prouver. L’objectif reste de former un gouvernement pour le 20 septembre. Mais il reste bien des sujets à déminer et un équilibre à trouver entre rigueur budgétaire et réformes structurelles. A l’aile gauche de sa majorité potentielle, des dents grincent…
Le contexte est dantesque. Pour retrouver l’équilibre budgétaire, il faut économiser 28 milliards en sept ans, pour moitié en coupant, pour l’autre moitié en misant sur un effet retour des indispensables réformes de la fiscalité, de l’emploi et des penions. Le formateur royal devra trouver une formule magique permettant de rester dans les clous imposés par l’Europe, tout en ne cassant pas la demande intérieure et en dopant la compétitivité. Un exercice d’équilibriste s’impose sur des sujets aussi délicats que le financement de la sécurité sociale, la réforme du mécanisme d’indexation des salaires ou les plans de remise au travail des chômeurs et malades de longue durée.
Réformer, sans casser la machine Belgique: tel doit être le leitmotiv. Certains de nos interlocuteurs francophones craignent la volonté larvée du toujours nationaliste De Wever d’affaiblir l’Etat fédéral pour mieux le dépecer. C’est à cette lumière aussi qu’il conviendra d’évaluer la vente possible de certaines participations publiques. Pas question de vendre nos “bijoux de famille” ou de délocaliser des activités stratégiques, à l’heure où la réindustrialisation du pays est sur toutes les lèvres.
Le formateur royal devra trouver une formule magique permettant de rester dans les clous imposés par l’Europe, tout en ne cassant pas la demande intérieure et en dopant la compétitivité.
En Région wallonne , le gouvernement du ministre-président libéral Adrien Dolimont entame ses grands travaux. Les premières consultations débutent pour réorganiser le paysage économique : recentrage des priorités, rationalisation des structures, ventes éventuelles (là aussi) de participations publiques… Le tout dans un contexte budgétaire difficile (refrain connu) et avec la volonté de baisser la fiscalité. Dans les entreprises, on insiste : la priorité doit être d’encourager l’activité avec une simplification administrative drastique, des permis rapidement octroyés, une lisibilité sur le cap suivi et les chantiers du plan de relance… Rationaliser, mais en rassurant.
Les nouveaux gouvernements ont une responsabilité historique pour réformer une économie belge qui doit aborder les grands virages suivants : vieillissement de la population, transition énergétique, géopolitique malmenée… Sans le PS, le cap peut être plus clair et des “tabous” peuvent tomber. Dégraisser les structures publiques, responsabiliser les acteurs, encourager les initiatives privées : ce sont autant de caps bienvenus. Mais le contexte nécessite aussi une mobilisation générale des forces vives du pays.
Le maintien d’un Etat fédéral viable et le redressement socio-économique de la Wallonie et de Bruxelles sont liés. La fin de l’été sera une épreuve de vérité, pour tous. L’inquiétude la plus vive concerne d’ailleurs la Région bruxelloise, budgétairement exsangue, où des négociations épineuses vont à peine débuter entre MR, Engagés et PS, tandis que les partis flamands se regardent en chiens de faïence. Dans notre capitale, qui reste notre vitrine et la capitale de l’Europe, la Belgique et son économie jouent leur avenir. En aucun cas, il ne faudra bloquer le jeu.
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