Donald Trump, loin d’être un simple accident de l’histoire américaine, incarne une dérive autoritaire inédite dans la démocratie la plus puissante du monde.
Sa réélection a marqué le passage d’un populisme agressif à un autoritarisme assumé, où la démocratie n’est plus un cadre à respecter, mais un outil à instrumentaliser pour légitimer une quête de pouvoir sans faille.
Trump a personnalisé le pouvoir à l’extrême, marginalisant le parti républicain pour imposer sa propre vision. Il s’entoure de fidèles choisis pour leur loyauté, écarte les opposants et s’attaque frontalement à l’équilibre des pouvoirs. Le Congrès, déjà affaibli, laisse place à un exécutif qui défie ouvertement la justice, comme lorsqu’il a ignoré une décision de la Cour suprême concernant l’expulsion d’un migrant.
Il n’a pas hésité à encourager, voire à légitimer, la violence de groupes nationalistes. L’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, suivi de la grâce accordée à certains émeutiers, marque une rupture : Trump franchit la ligne rouge en s’appuyant sur des milices et en offrant l’immunité à ceux qui défient l’ordre démocratique.
La volonté de purger l’administration et de se venger des adversaires politiques est un autre signe fort de l’autoritarisme trumpien. Licenciements d’agents du FBI, menaces d’incarcération contre les opposants, instrumentalisation de l’armée contre “l’ennemi intérieur” : ces pratiques rappellent les méthodes des régimes autoritaires classiques.
L’autoritarisme n’est plus un tabou
L’administration Trump a mené une guerre contre les institutions fondées sur la recherche de la vérité : universités, médias, justice. La désinformation devient une arme politique, la loyauté envers le chef prime sur la fidélité aux faits. L’objectif : forcer la société à choisir entre la vérité et l’allégeance au leader, quitte à affaiblir durablement l’infrastructure démocratique et épistémique du pays.
Ce courant autoritaire, désormais ancré dans la vie politique, ne disparaîtra pas avec Trump.
Le trumpisme s’appuie sur une demande sociale d’autorité, révélant une société américaine en crise, avide d’un “homme fort”. Ce courant autoritaire, désormais ancré dans la vie politique, ne disparaîtra pas avec Trump. Il illustre une transformation profonde du paysage politique américain, où l’autoritarisme n’est plus un tabou, mais une tentation partagée par une part croissante de l’électorat.
En défiant l’État de droit, en polarisant la société et en sapant les contre-pouvoirs, Donald Trump expose la démocratie américaine à un risque majeur : celui de voir l’exception autoritaire devenir la règle.