Eddy Caekelberghs
Vae victis ! Quand l’Amérique s’inspire de la Rome impérialiste
Le monde (faussement ?) stupéfait semble découvrir l’hubris et l’isolationnisme américains. Et pourtant il n’y a pas que le Donald de la Maison Grise pour en mesurer la portée et en être “l’étalon”. Ainsi, en septembre dernier, le CEO de Meta, Mark Zuckerberg, arborait un t-shirt évocateur lors de l’événement annuel Connect de l’entreprise, à Menlo Park (Californie). On pouvait y lire “Aut Zuck aut nihil” (“Ou Zuck ou rien”). Rien que ça ! Un pastiche de la devise de César Borgia, peut-être inventée par Jules César lui-même, selon certains chercheurs. Ne mégotons pas !
Nous voilà donc dans cette Rome antique, impériale et impérialiste. Avide et prédatrice. Qui accapare ce qui lui “revient” dans le territoire soumis et/ou vaincu. Selon le principe Vae victis ! (Malheur aux vaincus !), je veux, je prends ! Ce qui est à toi est à moi d’abord, puisque je suis le plus fort (ou le plus corrompu).
Selon le principe Vae victis ! (Malheur aux vaincus !), je veux, je prends ! Ce qui est à toi est à moi d’abord, puisque je suis le plus fort (ou le plus corrompu).
Le Groenland est stratégique en minerais et en voies de passage civiles et militaires ? J’exige qu’on me le cède. Le Canada et le Mexique existent ? Plus pour longtemps, je les annexe. Et je taxe leurs exportations à un taux exorbitant pour les faire plier. In nomine Caligulae Caesar, un autre Donald à sa manière. Prédateur, pourfendeur, fou, délirant et obsédé sexuel. Et paranoïaque aussi, comme l’actuel occupant de Washington DC, pour qui l’Union européenne a été créée pour “entuber” les Américains. Quelle élégance !
Et, pour couronner le tout, Trump décide une “pause” forcée pendant un mois de toute cyberoffensive américaine vers la Russie, sans contrepartie russe, alors qu’il exige de Zelensky une cession d’avance de toute souveraineté. Le jeu est clair…
Trump est, depuis des décennies, l’obligé des oligarques mafieux russes qui l’ont sauvé de la faillite de ses premiers casinos et autres towers. Trump est très proche des financiers et investisseurs russes. Et l’un de ceux-là, Kirill Dmitriev, est très proche de Poutine (leurs filles sont très amies). À ce point proche que Kirill Dmitriev participait aux négociation récentes à Riyad entre Russes et Américains. Dmitriev – d’origine ukrainienne, mesurez l’humour – a étudié à Stanford et Harvard. Il a fait carrière aux États-Unis, passant par McKinsey et Goldman Sachs, avant de se spécialiser dans l’investissement privé en Russie et en Ukraine. Il a notamment dirigé Delta Private Equity, un fonds américano-russe mis en place sous Bill Clinton pour dynamiser l’économie russe.
La prédation, encore et toujours. Parce qu’en Russie (comme souvent aux States), les collusions entre pouvoir politique et finance sont toxiques. Dans un débat télévisé lors de la présidentielle française, Emmanuel Macron a lâché à Marine Le Pen : “Lorsque vous appelez Moscou, vous ne cherchez pas à atteindre le Kremlin mais votre banquier”, référence au prêt russe au RN. Pareil pour Trump. Tous ces obligés mangent dans la main qui les finance. Alors, on déblaie et on humilie.
Comme le dit Lech Walesa (et 39 autres signataires sous le vocable d’”anciens prisonniers politiques”) dans une lettre ouverte au président Trump, comparant son attitude à celle des polices et juges soviétiques : “Il n’est pas possible de prendre quelque chose à quelqu’un et de mettre une frontière autour”. Et de conclure : “En fin de compte, en Europe, on n’a presque pas de frontières. On égalise les niveaux de développement, ce qui rend les choses sûres et décentes. Le monde évolue dans cette direction”.
Rearm Europe, c’est le nom du plan à 800 milliards pour relancer la défense européenne. Enfin !
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